La bataille de Wimpfen (6 mai 1622)

La bataille de Wimpfen (6 mai 1622)

Nous sommes le 6 mai 2020. Il y a 398 ans exactement, Ligue catholique et Union protestante s’opposèrent sur le champs de bataille de Wimpfen.

Le 6 mai 1622, l’armée de la ligue catholique du comte jean Tzerclaes de Tilly et de don Gonsalvo de Cordoba (18 000 hommes) rencontre l’armée badoise de Georg Friedrich, margrave de Bade-Durlach (12 700 hommes).

Le comte Palatin ayant été fait roi de Bohême, l’archiduc Ferdinand, empereur du Saint-Empire germanique avait fait appel à l’armée de la ligue catholique commandée par le comte de Tilly. En 1620, la bataille de la Montagne blanche avait vu la défaite des protestants du « roi d’un hiver ».

Le 3 mai 1622, les corps réunis de Georg Friedrich, margrave de Bade-Durlach et Mansfeld, ayant fait leur jonction, totalisent plus de 25 000 hommes. Les deux hommes tentent alors d’empêcher Tilly et Cordoba de réunir leurs forces, sans succès. Face aux 18 000 hommes de la ligue catholique, le précautionneux Mansfeld ne se sent pas assez fort pour attaquer. Il pense alors rediviser les forces de l’union protestante en divisant les siennes. Le 4 mai, Il essaie donc d’attirer Cordoba vers Ladenburg et laisse le corps de Bade-Durlach, solidement retranché, à Wimpfen. Le lendemain, une fois Mansfeld assez loin, et après s’être assuré que cette manœuvre n’est pas un piège, Tilly, flairant l’opportunité, décide d’attaquer les Badois.

La position de Bade-Durlach est solide : des chariots de combats et ses chariots de bagage ont été disposés devant ses lignes en un demi-cercle de deux kilomètres de long. Son aile gauche s’appuie sur un petit bois et le village de Biberach alors qu’un plaine s’étend entre la droite des wagons et le village d’Ober Eisesheim (250 mètres plus loin), sur la rivière Neckar. Son dos est couvert par un ruisseau et des marais. Mais en se positionnant ainsi, Bade-Durlach a laissé les hauteurs à Tilly et Cordoba. Le margrave a placé autour de 2 000 mousquetaires détachés derrière les chariots plus six demi-canons et deux faucons. Le reste des mousquetaires sont placés dans les bois et dans Biberach. Cinq des six bataillons sont alignés à 50 mètres derrière les chariots. Le sixième bataillon (du régiment Helmstadt) est placé dans le village d’Ober Eisenheim. Un escadron de cavalerie est placé à l’aile gauche, deux escadrons entre les chariots et Ober Eisesheim, les six escadrons restant étant placés en réserve, derrière l’infanterie.

Tilly et Cordoba se déploient alors sur la colline boisée de Dornet Wadd, à deux portées de mousquet des chariots. Tilly occupe l’aile gauche de l’armée, avec quatre bataillons en première ligne, deux en seconde ligne, quatre escadrons de cavalerie sur sa gauche et deux escadrons en réserve. Cordoba tient l’aile droite, ses trois bataillons disposés en une ligne (son tercio wallon n’est pas présent) et sa cavalerie protégeant sa droite.

La journée du 5 mai se termine par quelques tirs d’artillerie et escarmouches de cavalerie. Le lendemain, une fois que ses hommes se sont bien rassasiés, la cavalerie commence la journée par des escarmouches et un duel d’artillerie s’engage. Des deux côtés, les boulets tracent des sillons sanglant dans les rangs profonds de l’infanterie. Vers 11 heures, Tilly lance sa première ligne pour tester les défenses ennemies. La seconde ligne et Cordoba avancent en soutien. A 100 mètres, les catholiques sont accueillis par un feu terrible de mousqueterie et d’artillerie qui les font reculer. Alors que Tilly reforme sa première ligne, Cordoba est informé que Mansfeld a soudainement fait demi-tour et approche. Fausse alerte.

Il est 12h30. Rassuré du côté de Mansfeld, Tilly ordonne une pause repas. Bade-Durlach en profite pour faire de même et rappelle ses mousquetaires placés dans le bois à droite. Grosse erreur : Cordoba en profite pour faire occuper le bois par ses propres mousquetaires. Bade-Durlach monte donc une attaque combinée de mousquetaires et de cavalerie (six escadrons) pour reprendre le bois, position qu’il sait stratégique. Les fiers vétérans espagnols repoussent plusieurs les attaques jusqu’à ce que, renforcés par les bataillons de Saxe-Weimar, les protestant parviennent à reprendre le bois.il est 14 heures. Tilly et Cordoba ont redéployé leur infanterie afin de mener un deuxième assaut sur les chariots. A peine ce déploiement terminé, le sol vibre sous l’impact de milliers de sabots qui trottent. Vers 14h15, Bade-Durlach a lancé, sur sa droite, une charge de cavalerie. Un mur de 2 700 cavaliers (sur les 3 300), alignés 250 de front sur six rangs, s’avance vers eux. Bade-Durlach mène le premier échelon, Streiff le second. Le régiment de cavalerie de Maestro qui tient l’aile gauche catholique est surpris : il est repoussé sur les escadrons d’Eynatten et de Schonberg. En un clin d’œil, l’aile gauche de la ligue se dissout. Streiff en profite pour faire pivoter ses escadrons à gauche. L’infanterie de Tilly se voit attaquée sur son front et son flanc gauche. La batterie d’artillerie la plus à gauche est prise. Le régiment le plus à gauche, Schmidt, réagit vite : il se forme en « couronne » et résiste ainsi, tel un fortin.

Alors que les bataillons de Tilly stoppent leur progression afin de faire face à la menace, Cordoba poursuit sa progression et arrive à portée de mousquet de la ligne de chariots. Le feu terrible de mousqueterie qui s’ensuit provoque la retraite des deux régiments allemands (Emden et Bauer). Mais le tercio de Naples, fidèle à sa réputation, tient le choc.

La charge de la cavalerie protestante s’étant épuisée, Cordoba prend la tête de ses cuirassiers wallons et leur ordonne de charger les escadrons de Streiff les plus proches… ce qu’ils refusent de faire ! Heureusement, sans soutien d’infanterie, les escadrons de Bade-Durlach et Streiff se dispersent peu à peu. Ainsi, face à une infanterie catholique affaiblie, Bade-Durlach ne saura profiter de l’occasion.

La résistance héroïque du tercio de Naples et du régiment de Schmidt vont laisser le temps aux catholiques de reprendre l’initiative. Tilly et Schonberg à l’aile gauche, Cordoba et Bauer à l’aile droite parviennent à rallier leurs unités. Il est 15h30 et Tilly lance sa contre-attaque. Alors que les arquebusiers montés de Neu-Herbersdorf et les cuirassiers wallons repoussent les escadrons éparpillés de  Bade-Durlach, le bataillon de Schmidt reprend les pièces d’artillerie perdue et le reste de l’infanterie repart à l’attaque du mur de chariots. Le duc Magnus de Wurtemberg, un des commandants de cavalerie protestante tombe, percé de deux coups de pistolets et les escadrons de Bade-Durlach rompent. L’infanterie catholique prend alors les chariots d’assaut. Un chariot chargé de poudre, malencontreusement placé trop en avant, explose sous les tirs, laissant un trou béant au milieu des retranchements. C’en est de trop pour les mousquetaires protestants qui refluent vers leur soutien d’infanterie. Alors que les deux bataillons protestants de droite et de gauche (Helmstadt et Goldstein) se forment en hérisson pour se protéger de la cavalerie, les trois bataillons du centre, pris sous le feu de l’artillerie que Tilly a retourné contre eux., se dissolvent. Goldstein et Helmstadt résistent encore mais ils seront bientôt débordés. La défaite est consommée : on compte 2 000 morts et 1 100 prisonniers du côté des protestants contre 600 morts et 1 200 blessés côté catholique. Dix drapueaux seront pris, plus 10 canons, 3 mortiers, 70 chariots de combat le bagage et 100 000 thalers en cash.

 

L’armée du margrave de Bade-Durlach : 9 400 fantassins en 6 bataillons, 3 300 cavaliers en 8 escadrons, 80 canons

Première ligne : chariots, 2 000 mousquetaires et 80 canons (70 sur les chariots de combats, 2 canons, 6 demi-canons et 2 faucons).

Deuxième ligne : 6 bataillons des régiments de (de gauche à droite) Goldstein, Saxe-Weimar, Bade, Wurtemberg et Helmstadt (2 bataillons dont un dans Ober Eisesheim) ; 3 escadrons de cavalerie (un à gauche de l’infanterie et deux à droite dans la plaine).

Troisième ligne : 5 escadrons de cavalerie.

Les escadrons sont formés à partie de 6 régiments de cavalerie sont – régiments de Gardes (Stein, 2 compagnies), du Rhingrave (7 compagnies), de Wurtemberg (duc Magnus, 5 compagnies), de Saxe-Weimar (4 compagnies), de Goldstein (3 compagnies) et de Streiff (10 compagnies) – plus 4 compagnies de lorrains et une compagnie de gardes du corps.

Pour LM Tercios : en enlevant les 2 000 mousquetaires, les 6 bataillons d’infanterie comptent 1233 hommes chacun et les 8 escadrons de cavalerie sont en moyenne à 412 chevaux chacun.

Les bataillons d’infanterie sont classic squadron (et non reformed bataillons) et les escadrons de cavalerie sont cuirassiers. Les 2 000 mousquetaires peuvent être organisés en 4 shot company, musketeers. Prendre 2 canons moyens pour l’artillerie et 10 canons légers pour les chariots, le tout retranché (covered et protected). Trois des 4 compagnies de mousquetaires sont à intercaler entre l’artillerie et sont donc aussi retranchées (fortified), la quatrième est à placer dans le bois de gauche.

 

L’armée de la Ligue catholique et d’Espagne (Tilly et Cordoba) : 13 000 fantassins en 9 bataillons, 5 000 cavaliers en 16 escadrons, 10 canons

Aile droite (Cordoba) : 4 000 fantassins en 3 bataillons, 2 100 cavaliers en 10 escadrons et 4 canons.

Extrême droite : 22 compagnies de cavalerie wallonne (Berenguer) en 10 escadrons sur deux ou trois lignes.

Droite : 3 bataillons d’infanterie du tercio de Naples et des régiments allemands d’Emden et de Bauer (4 000 hommes au total) et 4 canons (deux lourds et deux légers).

Aile gauche (Tilly) : 9 000 fantassins en 6 bataillons, 2 900 cavaliers en 6 gros escadrons et 6 canons (4 lourds et 2 légers).

Première ligne (de gauche à droite) : 2 escadrons de cavalerie du régiment de cavalerie Maestro, 4 bataillons d’infanterie des régiments Schmidt, Mortaigne, Haimhausen et Furstenberg. Un escadron de 200 croates.

Seconde ligne (de gauche à droite) : 2 escadrons de cavalerie des régiments Schonberg et Eynatten), 2 bataillons d’infanterie des régiments Buningen et Hohenzollern.

Troisième ligne : 2 escadrons de cavalerie, en échelon derrière les 2 bataillons de seconde ligne, des régiments d’arquebusiers Neu-Herbersdorf (à gauche) de cuirassiers Alt-Herbersdorf (à droite).

Pour LM Tercios : les 9 bataillons sont à 1445 hommes chacun, les escadrons de cavalerie de la ligue à 483 chevaux chacun et les 10 petits escadrons wallons à 210 hommes chacun. Pour simplifier, regrouper les escadrons wallons par deux et ne garder au total que 11 escadrons (au lieu de 16).

Le tercio de Naples est tercio viejo field square, les autres régiments (allemands et bavarois) sont tercio. Les escadrons de cavalerie sont cuirassiers sauf l’escadron Neu-Herbersdorf qui est mounted arquebusiers. Pour l’artillerie, prendre 2 canons moyens (un dans le corps de Cordoba et un dans le corps de Tilly).

Vue du champ de bataille (les protestants sont à gauche) :

Vision moins claire, le champ de bataille vu des lignes catholiques :

 

Stéphane Thion (d’après W. P. Guthrie)

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