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Guidons de cavalerie espagnole

Guidons de cavalerie espagnole

Guidons de cavalerie espagnole d’après les aquarelles de K.A. Wilke :

Ci-dessous, guidon de cavalerie des compagnies des Gardes du Cardinal-Infante représenté d’après la description de “El Viaje del Infante Cardenal Don Fernando de Austria” (1635) :  “Yva delante la compania de la Guarda de arcabuzeros a cavallo con su capitan el marques de Orani, muy montada y armada ; luego siguio la luzida tropa de la Corte con zu Alteza, y tras su persona imediatamente enarbolado el guion, que era de seda carmosi bordado todo de oro, tenia de la una parte un Christo crucificado, y de la otra, nuestra senora de la concepcion. Tras el yva la compania de la guarda de lanças”.

Traduction : “La compagnie de la garde des arquebusiers à cheval marchait devant, avec son capitaine le marquis d’Oran, bien monté et armé. Puis suivait la cour avec son Altesse, et après sa personne était arboré le guidon, tout de soie cramoisie toute bordée d’or, avec d’un côté un Christ crucifié, et de l’autre notre dame de la conception. Puis suivait la compagnie de lanciers de la garde”.

Le Cardinal-Infante Ferdinand emmena avec lui 2 compagnies de gardes du corps (une de lanciers et une d’arquebusiers à cheval) dans son “voyage” de 1633-34 qui le mena à Nördlingen. Ces deux compagnies étaient alors commandées par le marquis d’Oran (el Marques de Orani) et comptaient 230 chevaux à elles deux. En mai 1634, alors que le Cardinal-Infant est à Milan, le chroniqueur dit que ces deux compagnies comptaient 150 hommes chacune et qu’elles étaient constituées en majorité de bourguignons.

Guidons de cavalerie espagnole d’après les tableaux de Snayers :

Guidons de cavalerie espagnole à Rocroi d’après les “trophées de Rocroy” de N. Cochin (interprétation) :

 

Guidon de cavalerie espagnole pris par les Suédois (Taille : 45 x 40 cm ; Armémuseum de Stockholm) :

Guidon de dragons espagnols pris par les Suédois (Taille : 53 x 60 cm ; Armémuseum de Stockholm) :

Stéphane Thion

La bataille d’Avins (20 mai 1635)

La bataille d’Avins (20 mai 1635)

Au début de l’année 1633, Richelieu poussait Louis XIII à financer la guerre en Allemagne et en Hollande, craignant que si la paix se faisait en Allemagne et la trêve en Hollande, ou l’une des deux seulement, la France aurait à supporter seule une guerre défensive, qu’on lui apporterait jusque dans ses entrailles, sans qu’elle la pu éviter. La défaite des armées suédoises à Nördlingen, le 6 septembre 1634, allait précipiter les choses : Louis XIII s’engageait alors dans la guerre aux côtés des Protestants et contre l’empire Habsbourg. Le 8 février 1635, la France et la Hollande signent un Traité d’alliance. En mars 1635, le Cardinal Infant attaque la ville de Trèves dont l’Électeur s’était mis sous la protection de la France. Il prend la ville et fait prisonnier l’Électeur et la garnison française. Louis XIII et Richelieu prennent alors ce prétexte pour déclarer la guerre à l’Espagne.

L’armée de Picardie a pour ordre de traverser la Meuse et de faire la jonction avec celle du prince d’Orange à Rochefort, en Wallonie. Les corps des maréchaux Châtillon et Brézé se réunirent le 7 mai à Mézières.

Début 1635, le cardinal de Richelieu, demeurant sur la défensive du côté de l’Espagne, met sur pied cinq armées : la première en Picardie et destinée aux Pays-Bas, sous les maréchaux Brézé et Châtillon (12 500 à 16 000 hommes de pied et 3 500 chevaux selon Richelieu) ; la seconde en Lorraine, chargée de surveiller Brisach, sous le maréchal de La Force (12 à 15 000 hommes de pied, 1 000 dragons et 4 000 chevaux) ; la troisième sur la Sarre, pour s’opposer aux Impériaux de Galas, sous le cardinal de La Valette (11 à 16000 hommes de pied, 1 700 dragons et 3 500 chevaux) qui peut aussi compter avecl’aide des Weimariens de Bernard de Saxe-Weimar (12 000 hommes de pied et 6 000 chevaux) ; la quatrième en Valteline sous le duc de Rohan (12 000 hommes de pied et 500 chevaux) ; enfin, en Italie, l’armée franco-savoyarde du duc de Savoie et du maréchal de Créqui (14 000 hommes de pied et 1 500 chevaux). Une seconde armée était en cours de constitution, en Picardie, pour attaquer la Flandre (7 000 hommes de pied, 500 dragons et 1 480 chevaux), et le Roi gardait auprès de lui une armée de 15 à 25 000 hommes de pied, 1 000 dragons et 2 000 cavaliers. À toutes ces armées, s’ajoutaient l’ensemble des garnisons faisant 30 000 hommes.

Le 20 mai, le prince Thomas poste avantageusement son armée près du village d’Avins. Les espagnols sont en effet bien retranchés devant le village. La brigade Brézé, qui occupe le flanc gauche de l’armée française, se met alors en bataille. Peu de temps après, la brigade de Châtillon arrive et se déploie à gauche de la brigade Brézé.

L’armée française des maréchaux Châtillon et Brézé compte plus de 20 000 fantassins et 6 à 7 000 chevaux selon Pontis, 22 000 fantassins & 6 000 chevaux hors officiers et valets, en deux brigades de 11 000 fantassins et 3 000 cavaliers, et 24 canons selon Puysegur. Chaque brigade compte 11 000 fantassins et 3000 chevaux selon Puysegur (mais lorsqu’il déploie son armée, il ne compte plus que 14 escadrons de 100 chevaux). La carte de Melchior Tavernier recense, pour l’infanterie, 22 régiments faisant chacun un bataillon, et 30 escadrons de cavalerie composés chacun – le plus souvent – de deux compagnies de cavalerie.

Le corps du prince Thomas de Savoie qui affronte l’armée française ne compte qu’une partie de ces forces : 10 000 fantassins en 120 enseignes, 3 000 chevaux en 45 cornettes et 16 canons selon Richelieu, 8 000 fantassins et 2 000 chevaux selon Gualdo Priorato, 7000 fantassins et 2 500 chevaux selon une source espagnole. Le comte de Feira en était maître de camp général, le comte de Buquoy y commandait la cavalerie et le comte d’Hoochstrate, l’infanterie. La relation du Mercure Français cite le tercio espagnol d’Alfonso de Ladron de Guevara, le tercio italien de Sfondrato, le régiment anglais de Brons, le régiment allemand d’Hoochstrate et le régiment du prince Thomas.

La bataille commence par un combat entre enfants perdus qui tourne à l’avantage des espagnols. Puis la cavalerie espagnole de l’aile gauche se retire derrière son infanterie. La cavalerie de l’aile droite française s’avance alors sur la gauche espagnole mais essuie un fort feu de mousqueterie et d’artillerie qui met la moitié des escadrons français en fuite. Les bataillons d’infanterie de Brézé sont en aussi mis en désordre. Une fois ses bataillons ralliés, Brézé lance sa brigade sur l’aile droite espagnole et l’enfonce. La cavalerie de Tavannes en soutien de la brigade enfonce de son côté les escadrons espagnols.

L’aile gauche française s’ébranla peu après le succès de l’aile droite. Champagne, soutenu par le reste de la brigade, enfonce le reste de l’armée espagnole. La réserve n’aura pas à donner, la victoire est consommée. Plus de 4 000 morts seraient restés sur le terrain du côté espagnol pour moins de 500 côté français. Feira est fait prisonnier mais le prince de Savoie et Bucquoy parviennent à s’échapper.

 

L’armée française (Brézé et Châtillon) : 20 000 fantassins en 22 bataillons, 6 000 chevaux en 29 escadrons et 24 canons.

Ligne d’artillerie : 24 pièces alignées sur le front de l’armée, à priori principalement sur le front de la brigade Brézé. Sur les différents plans de la bataille, il semble que seulement 7 pièces d’artillerie aient été déployées sur le front de la brigade Brézé.

Aile gauche (Châtillon) :

Première ligne de cavalerie (de gauche à droite) : 5 escadrons des compagnies de carabins d’Arnaud (2 escadrons), Moulinet et Hocquincourt (1 escadron), Brouilly (1 escadron) et Aubaye (1 escadron).

Seconde ligne de cavalerie : 5 escadrons des compagniesCleay (1 escadron), Creuzy et Tavannes (1 escadron), Ouzonville et Bourry (1 escadron), Fourille et Agin (1 escadron) et Belin (1 escadron).

Première ligne d’infanterie : 5 bataillons d’infanterie des régiments (de gauche à droite) Champagne, Plessis-Praslin, Longueval, Senlis, et Lusignan
Seconde ligne d’infanterie : 4 bataillons d’infanterie des régiments Sy, Chuin, Coursan, et Calonge.

Aile droite (Brézé) :

Première ligne d’infanterie : 5 bataillons d’infanterie des régiments (de gauche à droite) : Maréchal Brézé, La Mothe-Houdencourt, Saucourt et Piémont.

Seconde ligne d’infanterie : 1 escadron de gendarmes et chevaux légers de Monsieur (entre les deux brigades)  puis 4 bataillons d’infanterie des régiments Bellebrune, Castelnau, Polignac et Migneux.

Première ligne de cavalerie (de gauche à droite) : 6 escadrons de cavalerie formés des compagnies Roche-Baritanet et Lansac (1 escadron), Lenoncourt et Aumont (1 escadron), La Ferte-Seneterre (1 escadron), Roche-Saint-Quentin et Beaupré (1 escadron), Beauregard et Tivolières (1 escadron), Viantez et Terail (1 escadron).

Seconde ligne de cavalerie : 5 escadrons formés des compagnies La Colonelle et Clavière (1 escadron), Praslin et Francierre (1 escadron), La Courbe et Requin (1 escadron), La Valette et Isaut (1 escadron), Luzerne et de la Tour (1 escadron).

Réserve (Chastelier-Barlot) :

Troisième ligne, de gauche à droite :

2 escadrons de cavalerie (compagnies Batterie et Saint-Martin), 1 bataillon d’infanterie du régiment de Grancey, 1 escadron de cavalerie (La Chapelle-Balou), 1 bataillon d’infanterie du régiment Mesnilserran, 2 escadrons de cavalerie (formé avec les compagnies Esche et Saint-Simon pour le premier, Mestre-de-camp et Baritaut pour le second), 1 bataillon d’infanterie du régiment Monmege, 1 escadron de cavalerie (compagnie Pont de Gourlay), 1 bataillon d’infanterie du régiment marquis de Brézé, 2 escadrons de cavalerie (compagnies Guiche et La Trousse).

Les bataillons d’infanterie sont à 900 hommes et les escadrons de cavalerie à 200 chevaux.

Pour LM Tercios, les 22 bataillons d’infanterie sont reformed battalion. Deux de ces bataillons sont reformed battalion veteran (Champagne et Piémont). Les 29 escadrons de cavalerie sont cuirassiers modern cavalry. L’artillerie est représentée par 1 canon moyen et 1 canon léger.

Quelques drapeaux de régiments français présents à Avins :

Piémont

Champagne

Grancey

Plessis-Praslin

Castelnau

La Mothe-Houdencourt

 

L’armée espagnole du prince Thomas de Savoie : 10 000 fantassins en 7 bataillons, 3 000 chevaux en 17 escadrons, 16 canons

Le corps du prince Thomas de Savoie qui affronte l’armée française ne compte que 10 000 fantassins en 120 enseignes, 3 000 chevaux en 45 cornettes et 16 canons selon Richelieu, 7 000 fantassins et 2 500 chevaux selon une source espagnole. Le comte de Feira en était maître de camp général, le comte de Buquoy y commandait la cavalerie et le comte d’Hoochstrate, l’infanterie. Régiments d’infanterie présents : tercio espagnol d’Alfonso de Ladron de Guevara, tercio italien de Sfondrato (tercio viejo), tercio wallon de Frezin, le régiment anglais de Brons, le régiment allemand d’Hoochstrate et le régiment du prince Thomas.

Front de l’armée : artillerie (16 pièces)

Première ligne :

Aile gauche (comte de Vilerval ?) : 3 escadrons de cavalerie disposés en échiquier (2 en première ligne, 1 en derrière)

Centre (Bucquoy) : 4 escadrons de cavalerie en ligne et 4 escadrons probablement du régiment de Bucquoy, disposés en échiquier (2 devant et 2 derrière). Cette ligne de cavalerie va dès le début de la bataille retraiter derrière l’infanterie.

Aile droite : 3 escadrons de cavalerie disposés en échiquier (2 en première ligne, 1 en derrière)

Seconde ligne :

Centre (Hoochstrate) : 7 bataillons d’infanterie disposés en échiquier. En première ligne : 4 bataillons/escadrons des tercios de Sfondatro (à droite, puisque le plus ancien des tercios présents), Ladron de Guevara et Frezin (si réellement présent) en première ligne, 3 bataillons des régiments de Brons, d’Hoochstrate et  prince Thomas probablement en seconde ligne.

Aile droite : 3 escadrons de cavalerie disposés en échiquier (2 en première ligne, 1 en derrière)

Selon ces effectifs donnés par Richelieu (probablement surestimés), les bataillons/escadrons d’infanterie sont à 1430 hommes et les escadrons de cavalerie probablement à 177 chevaux.

Pour LM Tercios : les tercios espagnols et wallons sont tercios modernised  (les 4 bataillons de première ligne) dont 2 (Sfondatro) sont tercios viejos modernised. Les 3 bataillons de seconde ligne sont classic squadron modernised, large squadron. Les 17 escadrons de cavalerie sont cuirassiers. L’artillerie est représentée par 2 canons moyens. Toute l’infanterie est protected et l’artillerie espagnole est fortified. N’hésitez pas à donner de meilleurs généraux aux espagnols pour équilibrer la partie (le prince Thomas de Savoie est effectivement un bon général).

Pour les éléments du champ de bataille, voir les plans ci-dessous.

 

Stéphane Thion

Les soldats de Barcelone pendant la guerre des faucheurs (1640-1652)

Les soldats de Barcelone pendant la guerre des faucheurs (1640-1652)

Les soldats de Barcelone pendant la guerre des faucheurs

(1640-1652)


CHAPITRE PREMIER – La révolte jusqu’à la bataille de Montjouic (26 janvier 1641)

I. Une ville avec une longue tradition armée

Depuis le moyen âge, Barcelone avait une tradition d’autodéfense. Les habitants de la ville et en général ceux de la Catalogne avaient l’obligation de s’armer à ses frais et servir leur comte en cas de menace d’invasion extérieure ou de menace pour la sécurité du comte. Ce comte était le souverain qui gouvernait le pays ensemble avec le peuple moyennant des lois pactionnées.

À partir de 1544, la ville de Barcelone se voit attribuer une nouvelle organisation de ses milices. Le Conseiller en chef (“Conseller en cap”) se voit attribuer le titre de “Coronell” ou colonel et les milices sont organisées en compagnies formées d’hommes des diverses confréries des corps de métier.

Le nombre de compagnies augmentera en fonction de l’évolution démographique de la ville, mais surtout de celle des diverses confréries. En effet, pour former une compagnie on a besoin d’un minimum de 60 hommes et les confréries que n’atteignaient pas ce nombre étaient regroupées en une compagnie formée par les membres de plusieurs compagnies. Comme on peut le supposer, le nombre d’hommes de chaque compagnie variait beaucoup. Certaines compagnies avaient les effectifs minimaux, mais d’autres en avaient plus de 300. C’était le cas pour les professions plus répandues ,comme celle des tailleurs ou des chausseurs. Aucune profession était exempte de servir, ainsi la ville levait des compagnies de notaires royaux ou de commerçants. En cas de menace, même les religieux avaient l’obligation de servir. Le soir, si un quelconque risque existait, les compagnies ou une partie de celles ci faisaient la garde de la ville chacune leur tour.

En 1638, la milice était organisée en 39 compagnies différentes. Ces compagnies s’exerçaient d’une façon plus ou moins régulière et elles arrivaient à se former aux batailles grâce à la pratique des manœuvres des troupes. Cette année là, deux formations regroupant au total 10 compagnies s’exercèrent aux environs de la ville en simulant un combat. Une des compagnies, celle des marchands a pu servir à cheval et à servi aux réceptions des autorités. Cependant ce n’est pas une unité de parade. Ses maîtres sont chevronnés dans l’art équestre et se montreront bien compétents au combat.

Les compagnies servaient à la défense de Barcelone face à des menaces directes. Cependant, en cas d’une mobilisation qui oblige à mobiliser des hommes pour une expédition à l’extérieur de la ville, l’organisation était toute autre. Une levée de soldats était organisée et ceux-ci, volontaires ou désignés par les confréries au sein de ses membres formaient un tercio avec diverses compagnies armées. Le nom de ce tercio était le Tercio de la Bannière de Sainte Eulalie (“Terç de la bandera de Santa Eulàlia”), parce qu’il arborait la bannière de la sainte patronne de la ville. Un des cinq conseillers de Barcelone était désigné comme colonel, mais normalement le Conseiller en Chef restait dans la ville et donc c’était  le Conseiller militaire (choisi entre les nobles), qui était désigné.

 

Catalogne vers 1640

II. La révolte des faucheurs éclate

Le 7 juin 1640 la colère des faucheurs venant à Barcelone éclate. Les quartiers populaires et plus pauvres de la ville rejoignent la colère contre les officiers royaux. Le juges de l’Audience sont particulièrement visés et s’ils n’arrivent pas à se cacher, ils sont massacrés. Le vice-roi Dalmau de Queralt fuit au bastion de la mer (Bastió del mar) mais les révoltés forcent les portes. Obligé à fuir vers Montjouic, il est rattrapé et tué à coups de poignard. La compagnie de Bernardino de Marimón, en garnison à l’arsenal royal des Drassanes, incapable de résister à la foule se disperse. Ses membres qui sont identifiés sont passés par les armes.

Si ce jour là, les Conseillers de Barcelone ont essayé de calmer la révolte usant de la modération, le jour suivant les désordres dérivent vers le pillage. Le soir, les autorités mobilisent 5 compagnies: celles des veloutiers, marchands, argentiers, commerçants et étudiants, soit 470 hommes des classes plus aisées. Celles ci expulsèrent  les révoltés plus bruyants de Barcelone. Le reste ira vers Granollers ou soit disant on regroupait 500 hommes pour lutter contre les tercios espagnols à Perpignan. Ces premiers jours, la ville ferme toutes ses portes moins trois (Marina, portails Nou et Sant Antoni). Dans chacune l’on met une garnison permanente de 25 hommes.

Les premières levées pour servir à l’extérieur de la ville vont se faire à partir du mois de juillet. La ville a occupé l’arsenal royal du chantier naval (“Drassana”) où étaient stockés des milliers d’armes et fournitures, mousquets, arquebuses, épées, 130 canons, 80.000 balles de fer, 500 quintaux de poudres… et même deux galères qui attendent des travaux de réparation. À partir de ce moment les armes ne manquent pas et 4 compagnies de 100 mousquetaires à pied (capitaines Aiguaviva,  Galceran Cors, Josep Molins et Mitjans) et 2 compagnies de cavalerie (Josep de Pinós et Josep d’Ardena – lieut. Francesc Borrell) avec 120 chevaux sont formées. On arme les maîtres avec 2 pistolets, une espingarde et une épée. Elles sont envoyées vers la partie sud ou orientale de la province. Sa mission est purement défensive et une des compagnies de mousquetaires est envoyée à Flix. Barcelone protège ainsi la ville dont elle possède le domaine seigneurial (perception de censives et justice).

À l’intérieur de Barcelone se multiplient les exercices des milices et les premières compagnies de religieux commencent leurs exercices. Les compagnies de religieux sont armés avec un tiers de mousquets, un tiers d’arquebuses et un tiers de piques. Cette proportion va devenir le standard pour les troupes. Elle correspond aux prescriptions des traités militaires de l’époque.

Cependant, la première mobilisation sérieuse se fait en décembre. Pour s’opposer à l’invasion de l’armée du marquis de Los Vélez, le tercio de Sainte Eulalie est levé. Il est formé initialement par 6 compagnies qui regroupent 800 volontaires plus les effectifs de la compagnie de Josep Molins, déjà levée, qui se réunit à Tarragone au tercio. Sa structure est la suivante:

Tercio de la bannière de Sainte Eulalie
Colonel: Le Conseiller tiers Pere Joan Rossell

Lieutenant de colonel: Lluís de Paguera (il était à Lerida et ne sert pas)

Sergent Majeur: Anton Meca (jusqu’au 2 janvier quand il est nommé lieutenant de Colonel)

Enseigne de la bannière de Sainte Eulalie: Geroni Agulló

Consulteurs: Rafael Cervera et Baltasar Càrcer

Un chirurgien, Pau Moles et 4 jeunes chirurgiens.

Compagnie du Lieutenant de colonel (Lluís de Paguera): Enseigne Pere Modolell

Compagnie du sergent majeur Anton Meca

Compagnie du capitaine Anton de Paguera

Compagnie du capitaine Jordi de Paguera

Compagnie du capitaine Martell

Compagnie du capitaine Josep Molins (jusqu’au 2 janvier 1641 quand il est nommé Sergent majeur, substitué par Pere Modolell)

Compagnie de la ville et sous-viguerie d’Igualada

Le tercio sort de Barcelone le 16 décembre et se dirige vers Tarragone. Derrière lui reste le train d’artillerie qui n’est pas encore prêt. Il doit se réunir avec les milices catalanes de la ville et l’armée du Maréchal Espenan. En effet, la Députation du Général (“Diputació del General”) dirigé par le député Pau Clarís a accordé un pacte d’aide avec la France. Pour l’instant 3.092 soldats à pied et 1.040 maîtres rentrent en Catalogne. Ils forment 80 compagnies à pied et 17 à cheval. Passant par Ille (où vont tenir garnison les 20 compagnies du régiment de Tonneins) et Figueres, une partie, soit 24 compagnies à pied et 5 à cheval, est laissé à Castelló d’Empúries pour assurer les communications menacées par les garnisons de Roses. Le reste des troupes passe par Barcelone puis se dirige à Tarragone.

III. Espenan renonce à défendre Tarragone

Espenan s’avance en premier avec 800 chevaux. Un peu plus loin, entre Barcelone et Tarragone arrivent les régiments d’Enguien et 16 compagnies d’Espenan. À Tarragone vont se retrouver la cavalerie d’Espenan, les milices de la ville (7 compagnies), le Tercio de Sainte Eulalie et 3 compagnies de cavalerie catalanes, les deux de la ville et une troisième levée par la Députation , Soit un total de près de 2.200 soldats à pied et 1.000 chevaux. Espenan se plaint qu’on lui avait promis de trouver une armée de 8.000 catalans mais que rien n’est prêt.

S’opposer à l’armée de Los Vélez qui arrive sur lui est suicidaire. Cette dernière est formée par 22.000 soldats à pied, 3.000 chevaux et 24 pièces d’artillerie. En plus, le port de Tarragone n’est pas fortifié et la ville n’est pas prête à résister. Sans doute les massacres qui se sont produits aux villages qui ont résisté: El Perelló, ou 12 miliciens ont été pendus, Cambrils avec 700 prisonniers désarmés exécutés et Vila-seca avec 300 habitants passés par les armes, l’en dissuadent . Un climat de suspicions s’installe entre Français et Catalans mais finalement Espenan négocie la capitulation. Celle-ci est accordée au Marquis de Torrecuso le 23 décembre et inclut les troupes françaises entre Barcelone et Tarragone. Mais, les troupes catalanes sont averties et à l’exception des milices, elles fuient vers Vilafranca puis Martorell. Quand aux troupes françaises elles doivent rentrer en France avant de pouvoir combattre à nouveau.

Ce sera sur cette dernière ville que vont s’affronter pour la première fois les troupes de Barcelone et l’armée de Sa Majesté Catholique.

IV. Le conflit converge sur Martorell

Les miquelets de Joseph de Margarit vont éviter la persécution de l’armée de Los Vélez. Nommé maître de champ du Tercio de la Viguerie de Villefranche en substitution de Felicià Sayol. Ils vont prendre position au Col de Balaguer au sud de Tarragone. Ils interrompent ainsi le flux de fourniture de l’armée par terre, chars et charrettes sont capturés. Los Vélez ne veut pas l’ignorer. Ayant vaincu les Catalans dans toutes les rencontres jusqu’à ce jour, l’affaire semble simple. Ainsi, le Tercio du Comte Duc rebrousse chemin pour nettoyer le passage de ces miliciens qui l’incommodent.

Mais Margarit est un adversaire inespéré. Ayant combattu très jeune dans les bandosités des Nnyers et des Cadells qui divisent la petite noblesse catalane. Il n’a aucune leçon à prendre en l’art de Mars. En plus des 200 soldats mobilisés par la viguerie de Villefranche, il compte avec les miquelets des capitaines Cabanyes et Caselles, soit au total 400 hommes. Ces miquelets sont une espèce de dragons qui combattent à pied mais se déplacent à cheval, en une tradition qui se remonte aux Almogavres du moyen âge. La petite guerre est leur affaire. Le tercio du Comte Duc sera repoussé subissant une cuisante défaite. Les sources hispaniques indiquent qu’il y aurait eu plus de 500 morts et blessés, en réalité ils seront assez moins.

Au retour du tercio, Los Vélez ne peu plus attendre. Les jours passent et on est déjà au mois de janvier. Il lui faut avancer vers Barcelone au plus tôt avant que l’hiver n’empêche de poursuivre les opérations. Il laisse donc un Tercio  de Fernando de Tejada à Tarragone, avec quelques compagnies de cavalerie. Une garnison de 50 soldats est mise au château de Constantin pour garder 370 Catalans survivants du massacre de Cambrils qui n’ont pas été mis aux galères. Après ces dispositions, son armée se dirige sur Vilafranca. Même si une muraille protège la ville, elle date du moyen âge. Il n’est pas surprenant qu’elle soit occupée sans résistance le 4.

Uniquement trois compagnies de cavalerie, une de catalane et deux française font quelque opposition aux alentours de la ville. Pour les Espagnols le scandale est énorme. Les Français auraient cassé l’accord de capitulation. Les missives de Torrecuso et de son fils, le Duc de Saint Georges envers Espenan du 6 arrivent l’une après l’autre et menacent de pendre les Français qui seront capturés. Mais les troupes d’Espenan sont payées par la Députation et celle-ci ne veut rien savoir d’une capitulation qu’elle n’a pas approuvé. Pour la Députation comme il n’y a pas de pitié pour les Catalans, les lois de la guerre ne s’appliquent plus. Les Espagnols vont laisser une garnison de 300 hommes à Vilafranca et vont traiter les malades à l’hôpital, en ville.

Tout l’effort de guerre converge sur Martorell. Le Tercio de Barcelone se voit renforcé de nouvelles compagnies, une de 70 hommes de Sabadell et une autre de 200 de Tarrassa s’incorporent le 25 décembre. Le même jour une centaine de miquelets de Pau Goday, criminel condamné à mort qui se voit libéré en échange de lutter contre les Espagnols, s’incorporent aussi au Tercio. Truffée de criminels, cette compagnie va perpétrer les pires crimes. Ses actions sont si scandaleuses que les Conseillers vont dissoudre la compagnie le 7 janvier et demander l’exécution de Goday à la première occasion.

Le 28 décembre est arrivée une compagnie de Mataró avec 215 hommes et le 29, 100 de plus de la Baronie de Montbui dont Barcelone en a le domaine éminent. Ces derniers vont s’intégrer dans la compagnie d’Anton Paguera. Le 3 janvier un renfort de 100 Barcelonais s’intègre au Tercio. En plus, le 14 c’est le tour de la compagnie à cheval des marchands, aux ordres du capitaine Josep de Clariana, qui arrive à Martorell. Enfin, les 6 pièces d’artillerie de 3 et 4 livres prévues pour l’expédition de Tarragone, rejoignent la place d’armes.

Mais le Tercio de Sainte Eulalie n’est pas seul à Martorell. Il est rejoint par des Tercios formés par des levées des vigueries qui ont convergé sur Martorell. La Députation et diverses villes ont mobilisé le Tercio de Vic (800 h.), celui de la Ville et viguerie de Manresa, celui de la viguerie de Barcelone, le Tercio d’Hostalric et des vicomtés de Cabrera et Bas et celui de Piera. Au total, en comptant près de 1.500 soldats du Tercio de Sainte Eulalie l’infanterie catalane comptera avec 6.000 hommes. La cavalerie quelques 400 maîtres, 220 mobilisés par Barcelone en 3 compagnies et le reste par la Députation.

À ces troupes vont s’ajouter les françaises. Cependant, à Martorell Espenan est dans l’embrouille. D’un côté les pactes de Céret font de lui un mercenaire au service de la Députation à qui il se doit d’obéir. Par contre, il se doit de respecter les pactes de capitulation de Tarragone. Il expose ses régiments à une guerre à mort s’il les brise. Finalement il se décide à respecter les pactes dans sa forme. En premier lieu il encaisse un paiement de 39.000 livres de la Députation puis le 7 janvier il retourne en France.

Il a eu le temps d’écrire une lettre à la Députation lui annonçant qu’il rappelle les troupes laissées à l’Empordà pour venir défendre Martorell. En plus et de forme subreptice, il verse la plus grande partie des maîtres des régiments de Saint Simon et de Boissac dans les compagnies qui ont resté à l’Empordà. Rentreront en France des compagnies encadrées, avec les officiers et quelques soldats. Le résultat est que les 3 compagnies de Boissac auront des effectifs de plus de 320 maîtres et les 2 de Saint Simon 140, soit presque le double du nombre auquel on pourrait s’attendre. Cependant si les troupes à cheval vont arriver le 17 janvier à Barcelone, les choses se compliquent pour l’infanterie. Le régiment de Serignan et les 4 compagnies d’Espenan ont besoin de plus de temps pour faire la route. Ils ne seront à Barcelone que le 21.

V. Barcelone se mobilise

Bien évidemment la mobilisation à l’intérieur de Barcelone sera aussi frénétique. De nombreuses compagnies de religieux seront levées ainsi que celles du Châpitre de la Cathédrale et celle des étudiants de théologie. Sans doute la guerre contre les Tercios hérétiques de Philippe IV était une guerre juste. Les  profanations d’églises par les tercios italiens avaient provoqué la colère des autorités ecclésiastiques. L’évêque de Gérone avait excommunié les tercios de Juan de Arce à cause de la mise à sac des églises de Montiró et Riudarenes. Le 24 décembre la Députation décrète le “somatent” général dans toute la Catalogne, équivalent à l’arrière ban en France.

L’Illustre Châpitre de la Cathédrale, forme le même jour une compagnie de 107 hommes, aux ordres du capitaine, le Docteur Francesc Paga, l’enseigne Fructuós Tos et deux sergents. Le lendemain commence à servir la compagnie des religieux des couvents de Saint Pierre et de Sainte Catherine aux ordres du capitaine Marià Miret avec l’enseigne, le frère Antoni Colomer, et un sergent. Les frères des couvents de Jesús (Jésuites) et de Sant Francesc (Franciscains) et les Capucins forment aussi leurs compagnies.

Au total, l’organisation des compagnies de religieux était la suivante:

Désignation de la compagnie Endroit désigné pour le service le 26 janvier 1641
Pares de Santa Madrona Porta de la Boqueria (Ancienne muraille des Ramblas)
Pares de Sant Pere i Santa Caterina Entre le bastion de Junqueres et la tour devant de l’hort du Favar
Religiosos de Sant Francesc Bastion de Santa Eulalia
Pares de la Mercè Bastion del vi
Pares de la Trinitat Bastion de Sant Francesc
Religiosos de Sant Agustí Pla de’n Llull
Ilustre Châpitre de la catedrale et bénéficiés Pla de’n Llull
Chanoines de Santa Anna Porta de l’Àngel
Pares de Jesús Porta de l’Àngel
Pares servites Porta de Tallers
Pares del Carme Porta de Sant Antoni
Clergues del Pi Porta de Sant Pau
Frares de Santa Mònica Porta de Sant Pau
Trinitaris descalços (séculiers) Porta de Sant Bertran
Total 15 compagnies de religieux, de bénéficiés ou de séculiers  

Déjà a Cambrils, Los Vélez s’est retrouvé avec 120 prisonniers religieux sous les bras. Et les religieux de Barcelone, comme les membres des milices ne vont pas se ménager. En effet, connaissant que les troupes espagnoles se rapprochent de Martorell, un nouveau Tercio va être levé, formé à partir d’un noyau d’une compagnie d’étudiants (probablement celle des étudiants de théologie) et des religieux qui font 400 hommes. A eux s’ajoutent des volontaires des diverses confréries. Ils forment le Tercio de la bannière de Saint Raymond de Peñafort, avec des effectifs d’entre 800 et 1.000 hommes selon les sources.

 

Francesc Via – Milicien de la compagnie des argentiers en 1652

À côté de cette organisation, Barcelone organise aussi ses confréries. En se moment elles sont formées par 40 compagnies numérotées sur le feuillet ici reproduit et partiellement traduit:

Aux murailles Endroit
Bastion de Santa Eulària Notaris Causídics (1) A la maison de Ville Le colonel et autres conseillers et conseil de guerre

Notaris de Barcelona (38)

Personnes militaires

Bastion de Sant Francesc Manyans (2)
Bastion del vi (ou de Ponent) Matalassers (3)
Portail de Mar Mercaders (4) Au Pedró Personnes célibataires du Quartó del Raval
Bastion de Migjorn Capitaine de l’artillerie

Argenters (5)

En la montagne de Montjuic L’aide de camp

Sabaters (39)

Sastres (40)

Sur le Rec (Comtal) Julians i sombrerers (5)
Casamate du Bastion de Llevant Pescadors (7)  Rue del Hospital devant de l’ange protecteur Cavalerie del Raval
Bastion de Llevant Mariners i descarregadors (8)
Tour de Sant Joan Carnissers i pastissers (9) Aux Ramblas devant des Agustins descalços Cavalerie du Quartó de Sant Miquel
Portail de Sant Daniel Hortolans del Portal Nou – capitaine Josep Jover (10)
Devant de tiradors Blanquers i cotoners (11) Rambla, devant Sant Josep et Carmelites descalços. Cavalerie du Quartó del Pi
Portal Nou Paraires (12) – capitaine Jacint Vilanova
Portail de Junqueres Velluters i torcedors de seda (13)
Portail de l’Àngel Teixidors i retorcedors de llana (14) La cavalerie du Raval, du Quartó del Pi et du Quartó de Sant Miquel doit sortir de la ville et se mettre sur une éminence entre la Creu Coberta et la montagne de Montjuic protégée par cent mousquetaires.
Tour de Sant Sever Mestres de cases (15)
Portail de Tallers Ollers i gerrers (16)
Devant de Natzaret Fusters (17) – capitaine Lluís Sans Al Pla d’en Llull Cavalerie du Quartó de Santa Maria del Mar
Portail de Sant Antoni Hortolans del Portal de Sant Antoni (18)
Portail de Sant Pau Escudellers i daguers (19) – capitaine Ramón Romeu Place de Santa Anna Cavalerie du Quartó de Sant Pere
Devant la rue des Comèdies Pintors i flassaders (20)
Portail de Sant Bertran Cirurgians i droguers (21) La cavalerie du Quartó de Santa Maria et du Quartó de Sant Pere doivent sortir à la campagne et se mettre sous l’éminence de  Sant Francesc de Paula.
Aux places publiques
Salles des armes Pellers (22)

Assaonadors i carders (23)

Place de la Arboleda Le sergent majeur

Forners i flequers (24)

Taverners i hostalers (25)

Ferrers (26)

Corders (27)

Gent soltera del Quartó de Santa Maria

   
Place de Sant Agustí Personnes célibataires du Quartó de Sant Pere    
Placeta de Sant Pere Passamaners (28)

Calceters, llibreters i vidriers (29)

   
Place de Junqueres Julians, mercers i botiguers (30)

Notaris reials (31)

   
Porta Ferrissa Velers i perxers (32)

Teixidors de lli (33)

Gent soltera del Quartó del Pi.

   
Au portail devant les Drassanes Le sergent majeur

Boters, capsers, torners i esparters (34)

Revenedors (35)

Apotecaris (36)

Estevans i tapiners (37)

Personnes célibataires du Quartó de Sant Miquel.

   
Le gouverneur des armes n’a pas de place fixe, car il doit aller et aider où le péril est plus grand.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les armes à feu des milices barcelonaises sont l’arquebuse et le mousquet. Le mousquet est hors normes en cette Europe du XVII siècle. En effet, si les mousquets français lancent des balles avec un poids de 3/4 d’once et les espagnols de 0,8 onces, le mousquet de Barcelone a un calibre supérieur et des balles d’une once de poids. Ce calibre permet d’atteindre l’adversaire à une portée supérieure, soit atteindre sans être atteint. Il fait bien plus de dégâts, notamment sur la cavalerie, que les autres mousquets. Cela aura des conséquences sur divers épisodes de la guerre des faucheurs.

Ces armes ont une marque pour les identifier comme appartenant à Barcelone. Si le soldat manque d’armes, en cas de nécessité, la ville lui en prète, mais ce soldat se doit de garantir le prix du matériel livré. On rend ainsi plus difficile que le soldat abandonne des armes qu’il devra payer en cas de perte. Toutefois la norme a ses exceptions. Si l’arme est perdue à cause d’une capitulation ou si le porteur est blessé mais s’est bien battu, on ne lui réclame pas les frais.

VI. L’encontre de Martorell

L’inexpliquée lenteur de Los Vélez entre Vilafranca et Martorell va permetre arriver à cette dernière ville à la cavalerie française. En effet, la première ville est occupée le 4 et la première attaque sur Martorell se fait le 20 janvier. Le changement du rythme de progression se fait évident:

Trajet de l’armée espagnole Jours Distance (km) Vitesse (km/jour) Troupes
Tortose – Cambrils

(7-14 décembre 1640)

7 70 10 Armée
Tarragone-Vilafranca

(31 décembre-4 janvier)

5 52 10,4 avant-garde de cavalerie
Tarragone – Martorell

(4 – 20 janvier)

16 80 5 Gros de l’armée
Martorell – Barcelone

(22-25 janvier)

4 28 7 Gros de l’armée

Certes, Los Vélez doit transporter un train d’artillerie formé par 24 pièces et le terrain devient de plus en plus montagneux entre Vilafranca et Martorell. Mais cela ne justifie pas la vitesse d’escargot de son armée. Quoique les sources consultées ne parlent pas d’incidences météreologiques, uniquement celle cis peuvent expliquer le changement du rythme de progression. Après la prise de Tarragone on est en plein hiver et probablement des pluies abondantes ralentissent la progression.

Une autre cause du ralentissement de la progression peu avoir relation avec les opérations que mène Joseph de Margarit dans l’arrière-garde française. La nuit du 13 janvier il converge sur Constantí avec 1.500 hommes de son Tercio, les deux compagnies de miquelets des capitaines Caselles et Cabanyes et plus de 1.000 miliciens non encadrés des villages des alentours de Tarragone qui sont venus libérer ou venger leurs parents capturés à Cambrils.

Les catalans vont escalader les murs de Constantí et s’aposteront à l’entrée du château. Le matin du 14 quand les espagnols ouvrent les portes, le sergent Pere de Torres et quelques soldats se font passer par des commerçants d’eau de vie. Ils éliminent rapidement les gardes et entrent en masse dans le château. La garnison résiste désespérée, atendant le secours de Tarragone. Et en effet, 400 hommes de la garnison de Tarragone vienent au secours. Mais Margarit a disposé les miquelets de Cabanyes et Caselles et la compagnie du capitaine Potau. Margarit va envoyer à leur secours ses miliciens. Supérieurs en nombre ils menacent le flanc des espagnols qui doivent se replier au plus vite à Tarragone. Les espagnols doivent déplorer 14 morts et 4 blessés qui sont capturés avec le reste de la garrison.

L’assassinat des prétendus malades et blessés d’un hôpital hispanique situé au château est un mythe répété maintes fois depuis la description qu’en a faite Francisco Manuel de Melo et destiné à tacher la figure de Joseph de Margarit qui bien vite va devenir la bête noire de la monarchie hispanique. Pour preuve, les propositions de la même monarchie pour que Margarit change de parti l’année suivante.

Peu de jours plus tard, la Députation va demander à Margarit qu’il raproche ses soldats de Martorell et continue à attaquer l’arrière-garde de l’armée de Los Vélez. Margarit va le faire et les compagnies montées vont s’avancer vers Martorell.

Sur cette ville converge l’armée hispanique. Les catalans ont eu le temps de préparer des défenses. Des tranchées ont été creusées à l’entrée du village. Mais Martorell est une ville ouverte dont le domaine appartient au Marquis de Los Vélez. Bien sûr la Députation a sequestré les biens de Los Vélez, lors de l’invasion de la Catalogne, mais les habitants ne fuient pas. Si los Vélez ocupe l’endroit ils s’attendent à être bien traités. Un pont romain, le Pont du diable, permet de traverser le Llobregat, le fleuve qui est derrière le village. Aucun autre pont permet de traverser la Llobregat jusqu’à son embouchure. C’est donc un lieu de passage obligatoire pour Los Vélez qui ne pourrait faire traverser son artillerie à un autre endroit qu’avec beaucoup de travaux.

La cavalerie espagnole se présente par deux fois devant de Martorell et est renfoulée. Mais ce ne sont que des éclaireurs. Quand l’armée Los Vélez se met en marche 9 tercios aux ordres de Gerí de la Rena et la cavalerie de las Ordenes comandée par Álvaro de Quiñones (20 compagnies et 1.480 maîtres au début de la campagne) avancent directement sur Martorell par le chemin de Gelida.

Le 18, la cavalerie hispanique arrive devant Martorell avant que son infanterie. Leur nombre n’impressiones pas les francocatalans qui sortent devant la ville faire des escaramouches avec sans arriver à la lutte corps a corps. La partie n’est paas facile pour les espagnols, le cheval de Dom Juan de Garay recevant deux blessures et il y a aussi quelques blessés. La lutte va cesser jusqu’au lendemain après-midi quand arrive l’infanterie.

Le 19, à 4 heures de l’après-midi, les espagnols attaquent à nouveau avec 500 soldats comandés per le Sergent Pedro de Cañaveral et délogent les catalans d’une coline situé à côté du village. La nuit tombe mais les escarmouches se poursuivent entre les deux armées.

Entretemps, le marquis de Torrecuso avec 7 tercios qui font 6.000 hommes et le Duc de San Jorge comandant la cavalerie d’Aragon, prennent un chemin situé à leur gauche et qui passe par  le Col del Portell, Corbera et débouche sur Sant Andreu de la Barca puis Martorell. Ils ’emportent quelques mansfelts. Leur objectif, de concert avec le corps principal, prendre les catalans dans une nasse. Le 21 est le jour du rendez-vous à Martorell.

Le 20 après-midi, il arrive à Corbera dont il capture le château après un petit combat. En effet, parmi les 700 catalans commadés per Dídac de Vergós, c’est le chaos. Ils ne s’attendaient pas a l’attaque et pris par surprise une partie des miliciens fuit au plus vite, en commençant par son chef. Cependant, le clocher de Sant Andreu donne le signal d’alarme. La nuit, il y aura aussi des escaramuches avec les troupes catalanes.

Le lendemain Torrecuso se remet en marche. Les escaramouches comencent tout de suite et s’intensifient au fur et mésure de leur progression vers Martorell. Un milier de catalans se replient sur la ville au fur et à mesure de leur avance.

De son côté, le 21 au matin les catalans sortent avec leur cavalerie de Martorell et attaquent l’éminence capturée le jour avant par les espagnols. Ceux ci après avoir résisté pendant quelque temps doivent se replier après avoir épuisé leurs munitions. Cependant los Vélez contrataque. Il envoie une compagnie de chevaux et un bataillon d’infanterie pour récupérer l’éminence et les catalans doivent se réplier sur ses tranchées. La ils résistent avec obstination les avances des espagnols.

Cependant, à 9 heures du matin Torrecuso est arrivé à proximité de Martorell. Se voyant en risque d’être encerclés les catalans abandonnent les tranchées et fuient à travers le Llobregat sur le Pont du Diable. Avant de partir ils incendient leurs poudres, ce qui provoquera plusieurs victimes sur l’armée hispanique. Certaines armes et  munitions sont même entérrées, mais l’artillerie est abandonnée. Cependant, dirigée par des artilleurs français, elle a le temps de faire une décharge sur les troupes qui arrivent, avant que les artilleurs décampent. La ville est prise à l’assaut des deux côtés et commence le sac ce qui facilite la retraite francocatalane.

La cavalerie française protège aussi la retraite et se positionne de l’autre côté du Llobregat pour recevoir les fuyards. entretemps,  le juré en chef de Martorell , pau Roca, se présente devant Los Vélez avec ses insignes pour demander la protection du marquis. Cela ne sert a rien, il est égorgé et le sacage continue. Aux yeux de Los Vélez la ville est doublement traite à son Roi et à son seigneur. Elle est brûlée, les femmes sont violées puis assassinés et même les enfants sont mis à mort, beaucoup d’eux lancés du haut du Pont du Diable dans le Llobregat. Au total on compte plus de 800 morts, pire que Cambrils…

Le pont du Diable vers 1860 (Martorell)

D’autre part, le 21 au matin, sortent de Barcelone le régiment de Serignan et le Tercio de Saint Raimond pour se porter au secours de Martorell. Malgré leur hâte ils n’arrivent pas plus loin que Sant Feliu de Llobregat. De l’autre côté de la rivière Torrecuso a répéré leur progression et fait traverser la rivière à sa cavalerie. L’infanterie francocatalane forme à la défensive et doit supporter le feu des maîtres ennemis. En un premier moment la compagnie de Francesc Borrell arrive à leur secours, mais ils sont trops peu pour faire face aux espagnols. Heuresement peu après arrive le gros de la cavalerie francocatalane.

En effet la plus grande partie de l’infanterie catalane s’est repliée vers la comarque du Vallès à travers d’un terrain montagneux qui empêche aux espagnols de les menacer avec leurs chevaux. Cependant ils sont pressés et ils abandonnent plus de 90 armes à feu dans le terme d’Esparraguera. Plus de la moitié du Tercio de Santa Eulalia se dirige vers Barcelone, cependant les compagnies colonelle et celle du lieutenant-colonel avec le Conseiller Rossell partent vers Tarrassa.

La cavalerie par contre se dirige à Barcelone et rencontre l’infanterie qui est en difficuté. Grâce à eux l’infanterie francocatalane peut se rapprocher des montagnes qui longent le Llobregat et se replier sur Barcelone. En fin de compte, les catalans perdent plus de 1.000 soldats en la déroute et toute leur artillerie, 6 pièces. Les espagnols de leur part uniquement quelques centaines. C’est donc une nouvelle et cuisante défaite.

 

Murailles de Barcelone près du portail de Santa Madrona

VII. Le miracle de Monjouic

Le 22 janvier la situation de Barcelone semble désespérée. L’armée de Los Vélez est à moins de 30 km, distance qu’elle peut parcourir en 2 jours. Les défenses de la ville sont considérables, car sur le papier les murailles sont bastionnées, cependant la muraille médiévale est faible sur certains endroits. el date du XIVe siècle. En plus, sur une grande partie du tracé les bastions sont trop séparés  et ne se protègent pas mutuellement. Sur Montjouic, à l’endroit où il y a la tour de signaux, on a improvisé un fort en pierre sèche dont les murs sont peu élevés. Le fort ne compte même pas avec des pièces d’artillerie.

Dans la ville Du Plessis-Besançon négocie avec Pau Clarís les conditions sous lesquelles la Catalogne peu recevoir la protection de la France. Le 16 janvier, Catalogne a déposé Philippe IV et est devenu une république. Le 23, devant l’évidence de la déroute de Martorell, est votée l’élection de Louis XIII comme Comte de Barcelone. C’et ainsi qu’il devient Louis Ier. À partir de ce moment les militaires français prennent les choses en main.

Les travaux sur Montjuïc s’accélèrent. Sur la montagne on creuse des tranchées pour protéger les accés et le fort de Montjuïc est rehaussé. En plus il est artillé avec 8 pièces, et on y met en garnison près de 300 soldats de 4 compagnies du régiment d’Espenan (Aubigny, La Val, La Conté et Du Bagnan) et probablement de 2 autres du régiment de Serignan. La moitié de ces soldats étant armés de piques, la Députation va les armer avec 152 arquebusses, plus maniables pour des soldats habitués à utiliser des piques. Apparament les mousquetaires de ces compagnies ont été séparées et servent en d’autres endroits.

Devant la porte de Sant Antoni, se situe la compagnie colonelle de Palliers. Ils sont protégés par des une pallissade en forme de bastion formée de tonneaux remplis de pierres et de terre. Dans ces tonneaux on fixe des piques pour éviter que des chevaux puissent supérer l’obstacle. Fortification improvisée, c’est un obstacle formidable contre les armes à feu. Cependant, elle ne peu pas résister le feu de l’artillerie. Ce ne sera pas le dernier cas qu’on utilisera ce système pendant la guerre des faucheurs.

Les compagnies du régiment de Serignan servent dans la majorité des portes et bastions de Barcelone pour les assurer.

Troupes françaises qui combatron à Montjouic le 26 de janvier 1641
Régiment Compagnies d’infanterie Compagnies de cavalerie Effectifs d’infanterie Effectifs de cavalerie
Sérignan 20   c. 800  
Espenan 4   c. 250  
Boissac   3   321
Saint Simon   2   140
Total 24 5 c. 1.050 c. 460

La cavalerie française est formée par trois compagnies du régiment de Boissac, celles de Fontrailles, Bridoire et Massane et deux compagnies de Saint Simon, celles de Gudane et celle de Vauvette, dont le lieutenant est le Chevalier de Sage.

La cavalerie catalane est formée par la compagnie des marchands de Francesc Borrell qui compte une centaine de maîtres, celles des capitaines Josep d’Ardena et Josep Pinós avec chacune 60 maîtres. Ces trois compagnies sont formées par la ville de Barcelone. Suivent les compagnies de Manel d’Aux, qui revient du Roussillon et a des effectifs d’une trentaine de maîtres et celle du frère Enric Joan avec une cinquantaine.

Cette cavalerie utilise des cuirasses complettes sorties des arsenaux de la ville et des particuliers, qui ont vendu les protections à la Députation. Des casques et des protections pour les bras sont aussi disponibles. Les maîtres sont armés de deux pistolets ou deux “pedrenyals” (arme traditionelle a mi-chemin entre le pistolet et le fusill). Ils ont peut-être une apparence étrange, démodée qui rappelle celle des chevaliers de la renaissance, mais la protection se démontrera très effective. L’avantage pour les catalans est que le combat se fait à côté de Barcelone et les maîtres n’ont pas à supporter de longues marches avec les incomodités d’une armure.

Même si les tercios de Martorell se sont replié sur la Vallès, Barcelone compte sur  les hommes des villages de la vallée du Llobregat qui devant l’avance de Los Vélez désertent en masse la contrée. Les jours suivants l’avance de Los Vélez peu se voir par la progression des incendies qui ne respectent même pas les églises. Même Molins de Rei qui fait partie du domaine du Marquís est incendié.

Ainsi, dans la ville se rassemblent les levées des populations voisines de Barcelone. Trois compagnies de Mataró, reunissant 480 hommes, arrivent dans la ville. Si on leur additionne les nouveaux venus. On peu estimer à plus de 2.000 les hommes armés d’en dehors de Barcelone qui défendront la ville.

Traversant les lignes hispaniques et démontrant à nouveau leur mobilité, les compagnies de miquelets des capitaines Cabanyes et Caselles arrivent à Barcelone. Troupes expérimentées au combat, on les destine à l’endroit le plus risqué, la montagne de Montjouic. Elles comptent une centaine d’effectifs chacune. Avec eux sont aussi arrivé les compagnies du tercio de la Bandera de Santa Eulalia, celle de Pere Modolell (avant Molins), Martell, d’Antoni Paguera et de Jordi Paguera. Au total quelques 800 soldats.

Ces troupes ne se sont pas les seules à avoir pris le chemin de Barcelone, la compagnie du capitaine Lluís Valencià qui forme part très probablement du Tercio de “Piera” est avec eux. Celle ci et celle du capitaine Ambrosi Gallart se situent au couvent de Santa Madrona.

Barcelone va prendre ses dispositions pour se défendre. En premier lieu elle organise 5 tercios. Le premier est celui de Montjouic. Il estformé par 9 compagnies des confréries qui ocupent la montagne. À l’intérieur du fort se situent les compagnies des Julians (marchands de toiles). Celles des Sastres et Sabaters (chausseurs) professions bien nombreuses qui réunissent plus de 300 membres chacune, sont situées dans la montagne de Montjouic. Sont aussi présentes les compagnies des confréries des Passamaners, Velers, Taberners et Teixidors de lli et Pellers qui forment ensemble. Fomellement le tercio réunissait plus de compagnies, comme celle des Notaires publics ou Ferrers.

A la Tour de Damians, se situe la compagnie des Blanquers et à l’extrémité de la montagne regardant le Llobregat se situe la compagnie des Estevers. Les compagnies de Rafel Casamitjana et Vives sont aussi présentes. On ne leur a pas su attribuer l’origine et nombre de ses soldats. La compagnie des étudiants (de droit) du capitaine Lluís Valencià est aussi présente.

Les autres tercios, composés des milices des confréries sont ceux de Galceran Dusay avec le sergent majeur Jeroni de Miquel, celui de Rafel Cervera avec le sergent Baltasar de Cárcer, celui de Josep Navell et Joan Tello.

De l’autre côté, l’avance vers Barcelone est menacé par les miliciens de Margarit qui ont arrivé aux alentours de Martorell. Pour protéger son arrière-garde, le 22, Los Vélez laisse deux tercios à Martorell et la cavalerie des Ordenes. ils vont partir le jour suivant, mais l’infanterie n’arrivera pas à temps pour la bataille.

Effectifs de l’armée de Los Vélez Inafanterie *M = présent à Montjouic Cavalerie *M=présence confirmée à Montjouïc
Entrée en Catalogne

Capitaine général et Viceroi Marquis de Los Vélez

Mestre de camp général: Marquis de Torrecuso

Ingénieur général: Marco Antonio Gandolfo

Gouverneur de l’artillerie: Gerí de La Rena.

23 pièces d’artillerie

250 artilleurs

20 tercios avec 22.100 soldats

Régiment de la Guardia (Colonel Fernando de Ribera – Sgt. Maj. Manuel de Aguiar) *M +1.600 h.

¿Régiment du Conde-Duque? (Colonel Luís de Ribera) *M

Régiment du Marquis de Los Vélez (Colonel Gonzalo Fajardo – Sgt. Maj. Castañissas) *M +1.200 h.

Régiment du Duc de Medinaceli (Colonel Martin de Azlor) *M +1.000 h.

Régiment du Duc del Infantado (Colonel Iñigo de Mendoza)

Régiment du Comte d’Oropesa (Colonel Comte Bernabé de Salazar) *M

Régiment du Gran prior de Castilla ou de La Mancha (Colonel Diego Guardiola y Guzmán)

Régiment du Comte de Morata (Colonel Luís Jerónimo de Contreras)  *M

Régiment du Duc de Pastrana (Colonel Pedro de Cañaveral – Sgt. Maj. Villafañé) *M

Régiment du Comte de Montijo ou de Castilla (Colonel Pedro Fernández de Portocarrero, Comte de Montijo)

Tercio d’Alonso de Calatayud *M

Tercio de Diego de Toledo y Guzmán *M

Tercio de Pedro de Lesaca *M

Tercio de Fernando de Tejada

Tercio de Martín de los Arcos (Sgt. Maj. Diego de Cárdenas y Lusón) *M

Tercio irlandais du Comte de Tyrconnel ( Mestre de camp Eugenio O’Neil – Sgt.Maj. Constantine O’Neil) *M

Tercio valon du Duc d’Isinguien *M +1.500 h.

Tercio portuguais de Simón Mascarenhas *M

Tercio portuguais de los presidios de Portugal ou de Lisboa (mestre de camp Tomás Mecía de Acevedo)

 

3.400-3.600 maîtres

Compagnie de la garde du Viceroi Los Vélez, capitaine Alonso Gaitán c. 100 maîtres *M

Ordenes militares (Comissaire géneral Rodrigo de Herrera – Lieutenant général Alvaro de Quiñones) 20 compagnies avec 1.480 maîtres: compagnies de l’ordre d’Alcantara: Tomás de Beaumont, Pedro Chirino de Narváez, Manuel de Arriarán. Compagnies de l’ordre de Calatrava: Francisco Mayoralvo y Sande, Marquis de la Conquista (lieut. José de Alloza),  Pedro Lisón de Fonseca, Rodrigo Arista de Zúñiga Tenorio (arquebussiers), Sancho de Londoño, Juan de Egues y Beaumont. Compagnie de l’ordre de Montesa: Comte de Olocau. Compagnies de l’ordre de Santiago: Rodrigo Herrera de Céspedes, Luís Calderón de Chaves, Diego de Villalba y Toledo, Sebastián Centurión y Córdoba, Pedro Cañaveral y Córdoba, Iñigo de Angulo y Velasco, Manuel Suárez Treviño, Gabriel de la Puebla Escobedo, Juan Bautista de Otto (arquebussiers), Antonio Venegas de Córdoba (formellement compagnie du Comte Duc d’Olivares).

 

Guardas de Castilla (Lieutenant général Duc de San Jorge): c. 1.000 maîtres.

comp. du Duc de San Jorge *M, Cristóbal López.

Guardas de Castilla (Comissaire général Filippo Filangieri / connu comme Felipe Felincher): c. 600 maîtres de cavalerie légère.

Les Guardas de Castilla sous l’autorité de San Jorge ou Filangieri se composent des:

compagnies de Federico Spatafora *M, Mucio Spatafora *M, Fabricio Prignano, Francisco Arias, García Cabanillas *M, Mateo de la Mata,  Juan Muñoz del Peral, Miguel de Iturbide, Luís de Mendoza, Jerónimo Álvarez. (+ d’autres compagnies)

Compagnie d’arquebussiers valons de Bridard.

Laissé à Fraga Tercio du Comte de Montijo c. 1.100 h.  
Laissés à Tortose  Bartolomé de Medina c. 1.500 h.  
Laissés à Tarragone Tercio de Fernando de Tejada c. 1.000 h. 2 compagnies c. 150
Perdus au Col de Balaguer ¿Régiment du Conde-Duque?  c. 200 h.  
Laissés à Vilafranca del Penedès Entre 300 et 400 h.  
Perdus à Martorell Autour de 200 h. Autour de 100
Laissés à Martorell n’arrivent pas à temps à Montjouic Tercio de Lisboa et un autre tercio c. 1.700 h. La cavalerie arrive à temps
Arrivés devant Barcelone 14 tercios non complets. c. 13.000 c. 2.700-3.000

Le 23, le mestre de camp du tercio de Montjouic, Josep de Rocabertí, déserte avec son sergent majeur. Il arrive la nuit au camp espagnol et va informer le commandement espagnol des caractéristiques du fort de Montjouic, hauteur des murs, uniquement 1,2 mètres et profondeur des fossés, garrison, absence d’artillerie etc… Mais l’information deviendra caduque bientôt, à cause des dispositions d’Aubigny et de Du Plessis-Besançon, et donc en fin de compte perjudicielle.

En effet, sous la direction d’Aubigny, le fort de Montjouic va être amélioré. Même s’il reste une construction en pierre sèche et donc très vulnérable au feu de l’artillerie, Aubigny fait travailler tout le monde de forme frénétique. Les murs du fort sont rehaussés. En plus il est armé avec 8 pièces d’artillerie qui sont installées sur ses bastions, 2 sacres et 6 fouconneaux de 4 libres. De son côté, l’aide de camp Tapiolas, du Tercio de Montjouic reste dans le fort aux ordres de son nouveau gouveneur le seigneur d’Aubigny.

Les francocatalans s’organisent aussi en un comandement nominalement tricéfale. La direction est compartie entre le député Tamarit, le conseiller en chef, le Docteur Joan Pere Fontanella et Du Plessis-Besançon, mais c’est ce dernier qui va prendre les choses en main. En vue du traitement des espagnols ils sont prets à résister jusqu’à la dernière extrémité. Négocier avec les espgnols qui ne respectent pas les pactes est impensable.

Arrivés le 25 à Sants, Los Vélez planifie les operations du jour suivant. La décision est de conquérir Montjouic pour avoir une communication aisée avec les galères du Duc de Fernandina. Les fournitures de toutes les munitions de bouche et de guerre peut se faire uniquement par mer. En effet, le pays est en pleine révolte et les fournitures par voie terrestre sont impensable avec Margarit sur l’arrière-garde. En plus, si les catalans perdent Montjouic ils comptent que la ville sera démoralisée. Il y a des chances qu’elle capitule ou que des partidaires prohispaniques ouvrent une porte.

Carte de la montagne de Montjouic et plaine de Valldonzella près de Barcelone

(À partir d’une carte du siège de Barcelone en 1652)

Le 26 au matin, Torrecuso exécute les instructions du conseil de guerre. Lui dirige les sept tercios qui doivent ocuper la montagne et converger sur le fort de Montjouic. Ils eront acompagnés de 4 compagnies de cavalerie de celles du Duc de San Jorge et qui ne serviront à rien dans un terrain si montagneux. Juan de Garay reste à la tête des sept autres doivent faire face à n’importe quelle menace venue de Barcelone. Pour aider ces dernières troupes, la cavalerie doit nettoyer d’ennemis la plaine de Valldonzella. Ainsi Montjouic restera isolée et ne pourra recevoir des aides de la ville.

A 8 heures du matin, commence la progression des hispaniques. Sur le flanc de la montagne qui regarde le Llobregat et Castelldefels monte un escadron volant aux ordres du Comte de Tyrconnel. Il est suivi par le tercio de Simón Mascarenhas. Sur leur côté gauche et donc plus à l’intérieur progresse le tercio de Martín de Azlor (celui du Duc de Medinaceli). Contrairement au mythe du manque d’échelles, les attaquants en transportent avec eux, peut-être en nombre insufisant. Mais ils savent bien qu’àprès avoir traversé la montagne ils devront prendre le fort.

A travers d’un petit vallon, monte un escadron de Fernando de La Ribera. Les témoins oculaires catalans indiquent qu’il est suivi d’un deuxième escadron, probablement formé aussi de soldats du régiment de la Guardia ou du tercio de Los Vélez, qui ataquera aussi le fort de Montjouic. La dépression cache leur progression. Finalement un autre escadron progresse vers les couvents de Santa Madrona et Sant Ferriol. Au total entre 6.600 et 7.000 soldats attaquent Montjouic.

Il est aussi prévu de faire monter plusieurs pièces d’artillerie pour battre le fort. Mais celui ci est considéré si faible que Torrecuso ne se presse pas pour l’instant à Geri de La Rena qui doit s’en charger. Pour l’instant celui-ci prépare ses canons en une batterie pour empécher que des secours de Barcelone arrivent à Montjouic, une tâche lente qui prend beaucoup de temps.

La colonne des irlandais progresse par la montagne mais trouve les compagnies catalanes retranchées. Les catalans laissent les adversaires s’avancer, font des décharges puis décampent vers la suivante tranchée. En cet encontre le mestre de camp irlandais est blessé sérieusement.  Les irlandais plus préocupés par son chef que d’avancer s’arrêtent. Devant cette situation le mestre de camp Mascarenhas prend les choses en main et les hispaniques se déploient en un front plus grand formé par les tercios de Tyrconnel et Mascarenhas, dont ce dernier est en avance. De cette façon ils arrivent à couper une partie de la compagnie des Estevers qui doit se frayer un chemin en une féroce lutte corps a corps dans laquelle les officiers catalans comptent avec des écus. Finalement ils arrivent à passer mais la compagnie pert entre 10 et 12 hommes. Le gros de la compagnie se replie vers le fort de Montjouic. le comte de Tyrconnel descendra la montagne sur son prope pied mais il va mourir le lendemain. Son tercio sera comande par le sergent majeur Constantine O’Neil.

Par contre, l’escandron des mosquetaires aux ordres de Fernando de Ribera, s’approcha à proximité deu fort sans autant d’opposition, faisant son chemain par le lit d’un torrent. En arriver au petit plâteau ou est situé le fort, sa présence fut découverte par les catalans qui chargèrent les espagnosl avant qu’ils puissent se déployer et les refusèrent jusqu’au torrent pour le moment.

Entretemps, Simon Mascarenhas profita pour attaquer les catalans ensemble avec le tercio de Martín de los Arcos qui  montait la montagne à sa gauche, comandé par Diego de Cardenas, car son mestre de camp était malade. Mais la première attaque fut refusée et Diego de Cardenas tué. En une nouvelle attaque, il réussit a suppérer l’obstaque et la tenaille fut prise. Les catalans fuirent par le chemin couvert en direction de Barcelone et probablement s’uniront  avec les défenseurs des couvents de Santa Madrona et Sant Ferriol vu le manque de nouvelles d’un replit de Monjouic qui aurait rentré à Barcelone. Cependant une bonne partie se protège derrière le fort et aidera à défendre celui-ci.

Une fois en vue du fort, Mascarenhas anima ses soldats à l’attaquer et ensemble avec unenseigne qui arborait une bannière ils arrivèrent au pied de ses murs. Tout son tercio le suivait. Aubigny laissa que le gros des soldats hispaniques s’aprochassent avant de faire une décharche mortelle avec ses canons chargés avec des balles de mousquet. De cette façon bien peu des soldats hispaniques arrivèrent au pied du fort, car beaucoup firent demi tour voyant la chaude réception qu’on leur faisait. Malgré tout, Mascarenhas continuerait à avancer et pendant qu’il levait une échelle un tir à la tête le laissa sérieusement blessé. Sur ce point, malheuresement pour les historiens, Mascarenhas interromp son histoire. Pour son bonheur, son casque li sauva la vie. Le mestre de camp fut retiré par ses soldats, mais l’assaut devait provoquer beaucoup de victimes hispaniques qui attaquaient au decouvert une position artillée.

En vue de cette description, on peu déjà conclure que el mythe selon lequel on ne comptit pas avec des échelles est une version intéressée pour justifier la déroute et charger de responsabilité à Torrecuso. En fait les témoignages hispaniques et catalans, c’est à dire  Mascarenhas, Sivilla et un journal anonyme, coincident en que le fort de Montjouic fut assauté. Mascarenhas admet, qu’il disposait au moins d’une échelles mais on peu supposer qu’elles seraient quelques plus, peut-être uniquement 5 des 20 demandées, car sans échelles ou avec une échelle quel sens avait d’attaquer le fort?

De même les hispaniques tentèrent d’entourer avec leur cavalerie la compagnie du capitaine Cabanyes située à l’extremité de la montagne de Montjouic, mais le feu de l’artillerie depuis les murailles de Barcelone leur empêcha de procéder.

Entretemps, sur la Plaine de Valldonzella, la lutte avait comencé aussi très tôt. Le Duc de San Jorge dirigeait la cavalerie des Ordenes. Son objectif était la conquête de Sant Ferriol. Pour s’opposer, la compagnie de Manel d’Aux sortit de Barcelone pour provoquer les hispaniques. Ceux ci poursuiviren la compagnie d’Aux qui les atira envers une troupe d’infanterie catalane formée par 300 effectifs qui avait pris ses posicions darrière un mur et qui fit feu contre eux. Le Duc de San Jorge demanda alors le support d’un escadron de mousquetaires. Ces derniers tarderent en arriber et  la cavallerie continua acumuler des pertes. Cependant, dès leur arrivée, les mosquetaires catalans furent obligés de se replier à la demi lune devant la porte de Sant Antoni, ensemble avec les soldats de Serignan.

Pendant ce temps, la cavalerie francocatalane qui s’avait situé à la droite de la fortification devant la porte de Sant Antoni, s’avança imprudenment vers les hispànics. Quand elle découvrit l’infériorité en laquelle elle se trouvait, elle de replia vers ses positions initiales, sans être perturbée par San Jorge qui devait vaincre encore la resistance des mousquetaires catalans.

Finalement, San Jorge ira ocuper les positions abandonnées par les catalans, dans un camp d’oliviers,  mais il avait mal calculé, car celui ci était à portée de l’artillerie de Barcelone. Des tirs comenceront à pleuvoir sur ses maîtres. En plus la cavalerie francocatalane fit une sortie et comença à escaramoucher avec les hispaniques. San Jorge, en une décision plus qu’imprudente, decida poursuivre les francocatalans qui se replièrent vers les muralles. Ainsi, suivi par un bataillon de cuirasses aux ordres de Felipe Felincher, il reçu le feu de l’artillerie et aussi des mousquets catalans. Tout ensemble le desorganisa suffisamment pour que la contreataque des compagnies de Massane et Gudane l’entourrassent.

Alors, le Duc de San Jorge se decida à s’aproximer rapidement au portail de Sant Antoni et lors de leur aproximation, les soldats français de Monsieur de Palliers les reçurent avec une décharge. San Jorge reçu cinc balles qui lui furent fatales. La cavallerie hispanique se lança sur son corps pour essayer de le recupérer et labas tomba une bonne partie de l’officialité hispanique incluant deux capitans. La melée entre les cavaleries fut confuse, mais même si les hispaniques doublaient en nombre les francocatalans, la cavalerie catalane était très bien protégée et fut clairement supérieure à l’hispanique.. Dans la confusion, certains chevaux valons qui poursuivaient les francocatalansarrivèrent à entrer dans le portail de Sant Antoni, mais les catalans fermèrent l’herse et ils se virent encerclés de toutes parts. Les valons fuyèrent à toute bride jusqu’à devant le Couvent de las Jerònimes, ou aculés, ils furent mis à mort. Felipe Felincher, també fut blessé en cette action, mais il réussit à s’échapper avec une cavalerie hispanique completement desordonnée. Elle laissait quelques 150 morts sur le terrain et s’échappait avec de nombreux blessés. De leur côté, les francocatalans  eurent seulement 10 victimes mortelles, incluant le lieutenant de la compagnie de cavallerie des commerçants Francesc Borrell. Cependant, les blessés seront beaucoup plus nombreux, environ 90. En ce sens, le même Borrell perdit son cheval au combat.

Une fois le combat se termina, DuPlessis Besançon situa la cavalerie francocatalana à gauche de la demi-lune devant le portail de Sant Antoni, ou il estimait qu’elle serait plus protégée. Après il entra à Barcelone et il réunit deux contingents de mousqutaires. Environ 500 hommes du quartier de la Ribera vont partir pour Montjouic sur des barques et lui personnellement conduira un autre contingent de 3.000 hommes vers la montagne.

Quand Torrecuso arriva à la primière ligne, l’infanterie attaqua à nouveau le fort, sans un nombre acceptable d’échelles et comme on devait s’y attendre son effet fut uniquement celui de  debilitar encara més les forces hispàniques que de nou es replegaren. Ainsi la souffrance des troupes hispaniques était si important que Torrecuso ordonna que celles qui étaient situées à la gauche du fort se réfugient en un champ d’oliviers et probablement ils se cachèrent aussi derrière la pente de la montagne pour ne plus offrir une cible à la garrison du fort. S’ils ne reculaient plus c’est parce qu’ils attendaient qu’une fois pour toutes l’artillerie arriverait. Ils avaient envoyé des hommes la chercher à l’arrière garde et devait être formée de quelques quarts de canon et demi-canons. Avec eux  le fort en pierre sèche qu’ils avaient devant serait démolit en un instant. D’autre part, l’échange des tirs laissait les hisoaniques avec de moins en moins de munitions. En définitive, à la vue du fort restaient peu de soldats hispaniques qui escaramoussaient avec les francocatalans.

Mais les troupes qui ocupaient le fort n’étaient pas non plus confiantes. Beaucoup començaient à défaillir car ils s’attendaient à un assaut final des hispaniques. En plus, leur feu avait fait quelques avait fait quelques morts et blessés entre les défenseurs. Alors, le sergent Francesc Ferrer monta en haut de la tour et malgré le feu hispanique, il pu voir que le secours venu de la Ribera était bien proche et que celui qui sortait de la ville, formé par les mousquetaires catalans de Du Plessis, n’était pas beaucoup plus loin. Il commença à crier pour animer aux défenseurs. De leur côté, ceux de la Ribera  lançairent leur crit de guerre: «A carn!, a carn!, que meurent ces traîtres, ici viennent 500 hommes de la Marine, pour défendre la Patrie, courage!». “A carn”, c’est à dire “à la chair”, le crit de guerre traditionnel catalan depuis le moyen âge et qui indiquait à l’ennemi que l’on allait se lancer sur eux au combat corps à corps.

Ceci provoca que l’aide de camp majeur, Tapioles sortit du fort et chargea les hispaniques. A lui se réunit une bonne partie de la garrison du fort et les hommes venus de la Ribera, comandés par un religieux capucin qui croix en main animait son troupeau d’envoyer se réunir l’ennemi hérétique au plus vite avec le créateur. Les troupes hispaniques qui escaramouchaient avec les soldats du fort furent renfoulés sur les gros des troupes qui s’était caché sur le vessant de la muntagne pour ne pas recevoir le feu de Montjouic. Si ce n’était pas suffisant, alors arriveraient les troupes de Du Plessis-Besançon, avec leur masses de 3.000 mousquetaires, qui arrivant à la pente, firent une décharge sur la première ligne hispanique. Leurs soldats, qui ne pouvaient ni soupçonner ce qui leur tombait dessus, se desintégra et même si la deuxième ligne intenta résister, devant l’attaque inespérée, fut aussi prise de panique. En fait, une bonne partie des troupes hispaniques étaient des nouveaux recrues, c’était la première fois en toute la campagne que l’ennemi les attaquait et en plus ils étaient presque à bout de munitions. En définitive pris de la panique ils vont fuir vers la plaine, abandonnant piques, mousquets et arquebusses pour courir au plus vita. Suivis de bien près par les catalans, certains tombaient ou essoufflés étaient ratrappés. Ils imploraient “Quartier!” mais les catalans répondaient “On vous donnera celui de Cambrils!” et étaient tués.

La fuite pu être contrôllée seulement au pied de la montagne par Garay et d’autres officiers qui déployèrent deux tercios pour contenir les fugitifs . Grace aux menaces, insultes et coups d’épée, ils réussirent finalement à calmer la panique. Une partie des troupes  s’ordonna et protegea la retraite des quarts de canons qui avaient déjà commencé a grimper la montagne. De toutes formes après le combat, les troupes hispaniques restèrent desordonnées et démoralisées. Les pertes de son infanterie étaient d’entre 1.500 et 2.000 soldats. Par contre sur Montjouic, les catalans avaient soufert 43 morts et une centaine de blessés. Les pertes françaises, des compagnies protégées derrière les murs du fort seraient négligeables.

À Barcelone on crut au miracle. Les encontres entre troupes réglées catalanes et espagnoles se comptaient par défaites. Le bon dieu à écouté les prières que l’on a fait la veille. Toutes les églises de la ville ont demeurées ouvertes pendant toute la nuit et elles ont été remplies par la population. La ville va garder 9 des étendards capturés et envoyer les 5 autres à son Comte, Louis Ier.

Si les espagnols ont trainé pour faire le trajet Tarragone-Barcelone, leur retraite se fait à une vitesse d’éclair. Dans le désordre de la retraite les tercios portuguais vont se débander. Les désertions se feront en masse, avec soldats et officiers décampant ensemble les rangs des hispaniques. Une fois la retraite finie le tercio de Mascarenhas sera réformé et leurs soldats répartis entre les autres troupes. Cela va ralentir la désertion mais ne l’évitera pas. Mascarenhas se verra attribuer le commandement du tercio de Martín de los Arcos, en substitution de celui ci.

Le 4 février, Los Vélez est à Tarragone. Philippe IV surprenu par le résultat de la campagne ne va pas tarder à le destituer  et nommer un nouveau commandant. Los Vélez sera le bouc émissaire de la défaite, mais les décisions du haut comandement espagnol les deux années suivantes vont se démontrer aussi désastreuses et Philippe IV perdrà jusqu’à 4 armées presque au complet. Le conflit est à ses débuts et les soldats de Barcelone auront de nouvelles ocasions de se distinguer.

(à continuer par)

CHÂPITRE DEUXIÈME – Les soldats de Barcelone jusqu’à la consolidation du Bataillon de Catalogne (février 1641 – 7 d’octobre 1642)

CHÂPITRE TROISIÈME – Les soldats de Barcelone jusqu’à la chute de Tortose (octobre 1642 – décembre 1650)

CHÂPITRE QUATRIÈME – L’apocalypse sur Barcelone, peste, famine et siège (janvier 1651 – octobre 1652)

CONCLUSIONS – L’effort de guerre de Barcelone et récapitulatif

Sources:

Archives consultées:

Archives du  Ministère des Affaires Extérieures (AMAE)

Mémoires et documents num. 1631 et 1633.

Correspondance Politique Espagne num. 21 et 25.

Supplément Espagne num. 3 et 4.

Archives de l’Abbaye de Montserrat (AAM)

Philippe IV d’Habsburg. “Cartas de su Magestad al Sr. Don Juan Ramírez, Marques de la Ynojosa, gouernando el ejercito de Cataluña los años del 1641 y 642 y 43”. Manuscrit num. 1242.

Archives de la Couronne d’Aragon (ACA)

Correspondència Virrei Comte Santa Coloma num.  12.007, 12.015, 12.053, 12.091 et 12.117.

Sèrie general (N), llibres num. 46, 195, 196 et 199.

Sèrie general: Registre de lletres trameses (N), llibre num. 856 et 859.

Arxiu Històric de la Ciutat de Barcelona (AHCB)

Deliberacions de guerra 1B III-2.

Registre de deliberacions 1B II-150.

Lletres closes 1B VI-86.

Lletres comunas originals 1B X-78.

Armades i port 1C VII-24 (Inventari del 1640 de les Drassanes).

Manuscrits C6 B150 La Famosa Comedia de la Entrada del Marques de los Vélez en Catª. rota de las tropas castellanas y assalto de Montjuich. 1641. Dietari de la Guerra dels Segadors de Francesc Puig. Dietari (1649).

Manuscrits C6 B148 Successos de Catalunya en los anys 1640 a 1641.

Manuscrits C6 A73 Successos de Catalunya de 1639 y 1640.

Biblioteca de Catalunya (BC)

Fons Històric de l’Hospital de Santa Creu.Llibre dels malalts que éntran y moren en lo present Hospital general de Santa Creu de Barcelona, començant […] janer de 1641 […]”. BC AH 68.

Fullets Bonsoms. “Verdadera relation de los sucesos de memorables de Illa asetiada dos veces por Don Juan de Garai, Governador de las armas en los Condados de Rosellón”. Manuscrit num. 2073.

Biblioteca Nacional de España (BNE)

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– Auteurs divers, “Documentos relativos a Carlos Andrés Caracciolo, Marqués de Torrecuso”. Manuscrit num. 1630.

– Tormé Liori, Alberto. “Misceláneos históricos y políticos sobre la guerra de Cataluña desde el año 1639”. Manuscrit num. 1927.

Bibliotèque Nationale de France (BNF)

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M. Peny. “Cartes diplomatiques”. BNF Manuscrit Français num. 10.760.

Université de Barcelone (UB).

Lumen domus o Annals del convent de Santa Caterina de Barcelona. Vol. 2. Manuscrit num. 1.006.

Musée Condé (MC)

Lettres de Condé M 21.

Papiers de Condé N 20, 23 et 25.

 

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La bataille de Leucate (28 septembre 1637)

La bataille de Leucate (28 septembre 1637)

Année 1637. Voilà maintenant deux ans que la France est entrée en guerre, contre l’Espagne et l’Empire Habsbourg. L’année 1635 avait bien débutée pour les armes françaises. Alors que le maréchal de la Force chasse le duc de Lorraine, les maréchaux Châtillon et Brézé battent l’armée espagnole du prince Thomas de Savoie  à Avins, le 22 mai. Mais la mauvaise entente de ces deux maréchaux et les hésitations du prince d’Orange ne permettent pas aux deux maréchaux de progresser plus loin que Maestricht. En Suisse, le duc de Rohan chasse les impériaux de Valteline en cinq mois, puis se retourne contre l’armée espagnole du Milanais qu’il bât le 10 novembre.

L’année 1636 sera plus contrastée. En Bourgogne, le prince de Condé assiège Dôle mais doit battre en retraite face aux armées du duc de lorraine et de Galas qui franchissent le Rhin. Au mois d’août, les impériaux entrent en Bourgogne et mettent le siège devant Saint-Jean-de-Losne. Le duc Bernard de Saxe-Weimar et le cardinal de la Valette viennent secourir la ville qui résiste héroïquement, obligeant les impériaux à lever le siège le 4 novembre. En Italie, le maréchal Créqui est battu par les Espagnols de Leganez le 27 février à Vespolate, mais obtient sa revanche le 22 juin, à Tornavento. C’est des Flandres que vient la principale menace : le Cardinal-Infant, ayant rassemblé une vaste armée de 30 000 fantassins et 12 000 cavaliers, pénètre en Picardie le 2 juillet et prend La Capelle, Le Catelet et Bray-sur-Somme avant de se présenter devant Corbie. Louis XIII constitue alors une nouvelle armée avec tout ce qu’il a sous la main : il lève le Ban et l’Arrière-ban et renforce ainsi l’armée de Champagne, commandée par le comte de Soissons, et celle du maréchal Brézé rentrée de Hollande. Le Cardinal-Infant fait alors le choix de la prudence et ramène son armée en Flandres pendant que les Français mettent le siège devant Corbie, qu’ils prendront le 14 novembre.

La campagne 1637 débute sous de bons auspices, grâce à la prise des îles de Lérins par l’armée navale du cardinal de Sourdis, le 15 avril. Cette année-là, Louis XIII dispose de trois armées dans le Nord du pays. La première, commandée par le cardinal de la Valette, se trouve à Cambrai. la seconde commandée par le maréchal de La Meilleraye se trouve dans le Boulonnais, la troisième commandée par le maréchal de Châtillon se trouve sur les frontières de Champagne et de Luxembourg. Début juin, le cardinal de la Valette pénètre en Flandre et prend Cateau-Cambresis et Landrecies, en juillet. Alors que le maréchal de Châtillon piétine devant le Luxembourg, le duc de Weimar inflige une défaite au duc de Lorraine le 22 Juin sur la Saône. En Bourgogne, le duc de longueville prend Saint-Amour le 2 avril puis Lons-le-Saulnier le 25 juin. En Valteline, une révolte des Grisons oblige le duc de Rohan à quitter le pays, celui-ci rejoignant alors l’armée du duc de Weimar.

Mais l’Espagne a ouvert un nouveau front. Le 29 août, les Espagnols de Cerbellon (10 000 fantassins, 2 000 cavaliers et 24 canons) se présentent devant Leucate. Malheureusement pour eux, la petite garnison de Leucate commandée par de Barry (110 hommes plus 60 paysans) va résister plus d’un mois.

Le duc d’Halluin réunit une armée

Pendant que les Espagnols élèvent des retranchements sur la montagne de Leucate, le duc d’Halluin s’active. Il écrit à la noblesse du Languedoc, aux parlements de Toulouse et Montpellier, aux villes de la province de lui porter assistance. Ne disposant que de sa compagnie de gendarmes, des régiments de Languedoc et de Castelan, ce dernier en cours de recrue et prévu à l’origine pour l’armée d’Italie, il demande aux communes du pays d’assembler des milices. Le régiment de Vitry et la compagnie de chevaux légers de Boissac, sont envoyés en renfort de Provence. Ce seront les deux seules unités non levées en Languedoc.

Mais Halluin est conscient que Leucate doit tenir pour lui donner le temps de réunir cette armée. Il envoie Saint-Aunès, fils du seigneur de Barry, à la tête de 200 hommes du régiment de Languedoc pour renforcer la place. Cette tentative ayant échoué, il envoie Fabré, capitaine d’une compagnie du régiment de Serignan, à la tête de 300 hommes de la milice de Narbonne pour renforcer Sigean.

« Attaquez vivement les Espagnols » avait dit Richelieu à Halluin, « et ne leur donnez point le temps de se fortifier en Languedoc, comme ils ont fait vers Saint-jean-de-Luz. Ils n’ont pas trois mille bons soldats. Tout le reste n’est que de la milice ramassée. Nous le savons certainement. Si on les presse vivement, on en aura raison. Je ne doute point que vous ne fassiez l’impossible en cette rencontre. Qui attaque vigoureusement les Espagnols en a raison, et qui entreprend de les réduire par la patience, n’y trouve pas son compte. »

Le 22 septembre, le duc d’Halluin effectue une revue de ses troupes. Elles sont composées de 9 000 hommes de pied et 800 cavaliers, qui seront renforcées, les jours suivants, de 1 200 hommes de pieds et 200 cavaliers. De son côté, le comte de Cerbellòn ne reste pas inactif. Début septembre, l’effectif de l’armée espagnole est estimé à 12 000 hommes de pied et 1 300 hommes de cheval.

Mais, estimant qu’il n’a pas assez d’hommes pour défendre la tranchée d’une lieue qu’il a fait creuser, il demande au duc de Cardona un renfort de 2 à 3 000 hommes de pied. En réponse, le Conseil des Cents catalan fait lever un nouveau tercio de 500 hommes, soldé pour trois mois et le Conseil d’Aragon lève un tercio de 1 000 hommes. Mais Cardona s’aperçoit vite que ces unités ne passeront pas la frontière, leur constitution ne leur permettant ni de quitter leur pays, ni de porter la pique et le mousquet. De dépit, il envoie 3 compagnies en renfort à Cerbellòn.

Le champ de bataille

Selon le Mercure Français, « Leucate est une montagne sur le bord de la mer, et à l’extrémité de la France, du côté qu’elle confronte avec la plaine de Roussillon. La figure est comme une péninsule, qui est du levant, & du midi environnée de la mer, & du couchant bordée de l’étang, que les Français appellent de Leucate, et les Espagnols de Salces, parce que l’une et l’autre de ces places se trouvent sur le bord de cet étang ; l’une dans la France, et l’autre dans le Roussillon. La tête de la montagne de Leucate qui regarde la France du côté du nord a près de 1 500 pas de front, dont il y a une grande partie qui est inaccessible pour être d’un rocher escarpé, et il n’y a que fort peu d’endroits ou la pente adoucie par la terre, qui s’est éboulée de la montagne, puisse donner accès à cavalerie ; les avenues de cette montagne sont dans une plaine, commandée de cette éminence, sans qu’il y ait une continuation pour l’aborder ; et encore ces avenues sont restreintes par les étangs de la Palme et de Leucate, lors qu’ils viennent à grossir par les pluies. »

La bataille

L’armée du duc d’Halluin compte 11 000 fantassins et 1 000 chevaux. Il ordonne alors cinq attaques :

La première attaque devra être menée sur le pont situé à droite (entre la montagne de Leucate et l’étang) par Saint-Aunès, avec son régiment (500 hommes), les milices de Narbonne (au moins 800 hommes) et de Béziers (800 hommes), et soutenue par la compagnie de volontaires commandée par Lairan/Leran (30 chevaux) et une compagnie mousquetaires à cheval de Toulouse aux ordres de Calvet (50 chevaux).

La seconde sera menée à gauche vers le port de la Franqui par le régiment de Languedoc (1200 à 1600 hommes en 2 bataillons), les milices de Jonquières, Cauvisson et de Mirepoix (500 h?) et sera soutenue par la cavalerie du marquis d’Ambre (150 volontaires), la compagnie des gendarmes de Cramail (50 chevaux) et la compagnie de chevau-légers d’Espondillan (50 chevaux).

La troisième attaque, à droite du régiment de Languedoc, sera menée par Saint-André avec son régiment (400 hommes), les milices de Nîmes (400 hommes) et de Castries (500 hommes) et sera soutenue par les compagnies de gendarmes du duc d’Halluin (100 chevaux au maximum) et les volontaires de Clermont-Sessac (50 à 60 chevaux) et de Magalasse (40 chevaux).

La quatrième attaque, à droite de Saint-André, sera menée par le régiment de Castelan (500 hommes), les milices de Montpellier (900 hommes) et de Carcassonne et sera soutenue par la cornette blanche d’Aubijoux (100 chevaux), et les compagnies de volontaires de Mirepoix, de Monssolens et de Mauléon (50 chevaux chacune pour un total de 150).

La cinquième attaque, à droite de Castelan, sera menée par les régiments de Vitry (1200 hommes), et les milices de Murviel et de Valat (plus de 300 hommes) et sera soutenue par les gardes d’Halluin (55 chevaux), une compagnie de mousquetaires à cheval de Toulouse aux ordres de Casel (50 chevaux), et les compagnies de chevau-légers de Boissac (52 chevaux), de Sainte-Croix, de Saussan et de Malves (autour de 40 chevaux par compagnie).

Une réserve formée des milices de Lodève, de Ganges et des Cévennes (au moins 1000 hommes) fut placée à la garde du camp, à droite de ces cinq corps.

Le duc d’Halluin aligne alors son armée en bataille, ses 4 canons placés au bord de l’étang de Leucate à gauche de la grange des Fenals, et fait distribuer échelles, fascines et fagots de paille aux unités de tête des attaques, afin d’abattre les retranchements ennemis, de combler les fossés, et de faire des ouvertures pour la cavalerie.

Au coucher du soleil, les cinq attaques sont lancées au signal de quatre coups de canons. « L’armée marcha vers les retranchements des ennemis avec telle gaieté, que les enfants perdus qui avaient été détachés de leurs corps, chargés comme ils étaient d’échelles et de fascines, allaient chantant des vers qu’ils avaient composés en langage du pays, contre le duc de Cardone et le comte Cerbellon » rapporte le Mercure Français de l’époque. « Il fut bien difficile de garder l’ordre en montant, parce que la nature du rocher qui était en beaucoup de lieux, resserrait les troupes dans les avenues dont l’accès était plus aisé ; et il est impossible d’exprimer le péril où nos soldats étaient durant les approches, car le feu de 6 000 mousquets, qui défendaient la ligne attaquée, fut entretenu par les Espagnols avec un si grand ordre et diligence, qu’il faut leur donner la gloire de tirer des armes à feu tous les avantages possibles. La cavalerie française n’était pas exempte de ce danger, car ayant reçu commandement de serrer les derniers rangs de l’infanterie, tous les escadrons étaient dans la portée du mousquet. Et il y avait de quoi s’émerveiller du petit nombre d’hommes que nous perdîmes en ces approches, durant lesquelles toute l’armée fut bien près d’une heure exposée au canon et au mousquet de l’ennemi, qui tirait avec d’autant plus d’assurance, qu’il était à couvert dans ses forts, et avait pour visée de si grands corps de cavalerie et d’infanterie, que les coups en semblaient infaillibles. Un vent de nord qui s’éleva fort impétueux au commencement de l’attaque, incommoda fort les mousquetaires espagnols, il portait le feu et la fumée dans leurs yeux, ce vent en langage du pays est appelé Vent droit, & le secours que nos troupes en reçurent faisait croire que la justice du ciel l’envoya pour favoriser notre bonne cause » poursuit ce journal.

L’attaque de Saint-Aunès, à droite, est repoussée, son chef ayant été blessé à la tête. Mais les quatre autres eurent plus de succès : l’infanterie repoussent les bataillons espagnols de leurs retranchements et ouvre la voie à la cavalerie qui suit.

A gauche, le régiment de Languedoc, divisé en deux bataillons, repousse ses adversaires à coups de piques et d’épée et parvient à prendre les redoutes et le fort royal de la Franqui défendu par le tercio d’Oropesa alors que les enfants perdus se faufilent par différents passages. Languedoc aurait été la première unité à pénétrer les défenses ennemies. Le bataillon des régiments de Mirepoix, Jonquières et Cauvisson suit. Alors que le régiment de Languedoc emporte les retranchements de gauche, celui de Saint-André parvient à forcer ceux qui lui sont assignés. Le régiment de Castelan en fait de même, soutenu par les milices de Carcassonne, ainsi que le régiment de Vitry.

L’infanterie a ainsi réussi à ménager un passage à la cavalerie. A droite de Languedoc et de Saint-André, une contre-attaque de cavalerie espagnole repousse des régiments de milice  sur leur soutien de cavalerie. Devant l’impossibilité de rallier ces milices, Halluin envoie ses gardes et les compagnies de volontaires d’Aubijoux et de Mirepoix pour charger la cavalerie ennemie. Les gardes, après avoir ouvert le feu à 10 pas, chargent soutenus par les deux compagnies de volontaires. Mais ces derniers se perdent en poursuivant l’ennemi dans la nuit noire. Ne parvenant toujours pas à rallier les milices de Nîmes et de Castres, Halluin passe les retranchements à la tête de la compagnie de chevau-légers de Boissac soutenu par quelques compagnies de volontaires formant un petit escadron (le tout devant faire moins de 250 chevaux). Débouchant devant l’escadron de cavalerie liégeoise de la Terraza, le duc d’Halluin le charge et le renverse.

Cerbellòn fait alors donner sa réserve : le tercio du Comte-Duc, 2 500 hommes en deux escadrons, sort du fort où il était retranché et tire par rang sur l’infanterie française mise en désordre par sa première attaque. Halluin réagit vite : il fait charger le tercio espagnol par les chevau-légers de Boissac et de quelques compagnies de volontaires, et parvient à le repousser jusqu’au fort. Il demande ensuite à Argencourt de lui envoyer les régiments de Vitry et de Languedoc qu’il avait réussi à rallier afin de déloger les espagnols du fort. Malgré la nuit, les Espagnols abattent de nombreux officiers par leur feu nourri. Mais une nouvelle charge de la cavalerie de Boissac soutient l’infanterie et les espagnols faiblissent, malgré sept de leurs piquiers qui résistèrent à douze piquiers français au cri de « Vive l’Espagne ! ». Une dernière contre-attaque de cavalerie espagnole (compagnie Marino) est mise en échec par l’increvable Boissac, les gendarmes d’Halluin et plusieurs compagnies de volontaires. Boissac y tuera même le capitaine Marino. Enfin, le tercio du Comte-Duc, malgré une résistance « inouïe » (ils se sont ralliés 8 à 10 fois autour du fort) fini par être enfoncé par les escadrons de Boissac et Sainte-Croix. Il aura fallu cinq heures pour venir à bout de l’armée espagnole. Halluin et ses gardes, Boissac, Sainte-Croix et les compagnies de volontaires qui les soutenaient firent jusqu’à neuf charges contre l’infanterie et la cavalerie espagnole. Et au bout de ces neuf charges, la compagnie de Boissac se ralliera une fois de plus en un instant au commandement de son capitaine.

Cerbellòn parviendra néanmoins à se retirer, à la faveur de la nuit, avec la plupart de ses drapeaux. Les français sont maîtres du champ de bataille, en ordre de bataille, les unités ralliées et l’arme au pied. Ils découvrent au petit matin l’ennemi en fuite. Leurs pertes atteignent 4 000 hommes tués, noyés ou blessés. Les français ont perdu 1 200 hommes dans la bataille. La compagnie de chevau-légers de Boissac, qui comptait 52 maîtres, n’en compte plus que 27, la compagnie de Sainte-Croix n’en a plus que 10 et les gendarmes d’Halluin n’en ont plus que 12. Halluin marche alors sur le camp ennemi avec sa cavalerie, y trouvant de la vaisselle d’argent, la paie de l’armée, 10 drapeaux et 2 cornettes, le parc d’artillerie et les munitions. Le duc d’Halluin gagna ce jour-là son bâton de maréchal, devenant maréchal de Schomberg.

 

Armée espagnole (Cerbellòn) : 12 000 fantassins en 10 escadrons(batailllons), 1 300 à 1 600 cavaliers, 18 canons

Remarque : le liste des unités provient principalement du Theatrum Europaeum et contient probablement quelques erreurs.

Lieutenant-général : Cerbellòn .

Aile gauche (Mortara, 5 bataillons) : un petit escadron du tercio majorquin de Francisco de Espejo dans le fort en bas de la péninsule de Leucate. Puis, à sa droite, un escadron du tercio de Villena puis un escadron du tercio du comte-duc Olivares commandé par Mortara puis un escadron du tercio de Ciudad Real. Derrière, entre ces deux escadrons, un deuxième escadron du tercio comte-duc d’Olivares.

Centre (Juan de Arce ? 2 bataillons) : Un escadron du tercio d’Aguilar (à droite du tercio de Ciudad Real) puis un escadron du tercio de Zúñiga (don Diego de Zúñiga serait en fait le mestre de camp du tercio d’Oropes ; si c’est le cas, ce tercio pourrait être celui de Fuensaldaña ou de l’Amiral de Castilla).

Aile droite (Leonardo Moles ? 3 bataillons) : un escadron du tercio napolitain (à droite du tercio de Zúñiga) puis 2 escadrons du tercio d’Oropesa.

En soutien (duc de Ciudad Real) : 15 compagnies de cavalerie formant 4 gros escadrons de 300 à 400 chevaux. De gauche à droite, 3 escadrons espagnols puis, en soutien des tercios d’Oropesa et napolitain, l’escadron des liégeois. Les 15 compagnies de cavalerie aux ordres du duc de Ciudad Real sont les compagnies du comte-duc Olivares, du comte de Bustamante, du comte Peno en Rostro, du comte d’Aguilar, du comte de Colmenar, du duc de Ciudad Real, de Fadrique Enriquez, de Francisco Marino, de Pedro Antonio de Jullio, de Juan de Terraza (commandant la cavalerie liegeoise), de Pedro Antonio de Solis, de Berbardo Soler, de Luis Galtan, d’Andrès Afilo Marino (commandant la cavalerie espagnole)  et de Pedro Royo.

Artillerie : 18 canons disposés dans les redoutes et les deux forts, sur le front espagnol.

Les 10 escadrons d’infanterie font 1 200 hommes chacun et les 4 escadrons de cavalerie font en moyenne 325 à 350 chevaux.

Pour LM Tercios, les escadrons d’infanterie sont tercios modernised. Les quatre escadrons de cavalerie sont cuirassiers large formation. L’artillerie est constituée de 3 canons moyens. L’infanterie espagnole est retranchée (covered et protected) et l’artillerie aussi (fortified).

 

Armée française (duc d’Halluin) : 11 000 fantassins en 14 bataillons, 1 000 cavaliers en 4 escadrons, 4 canons.

Extrême gauche (Le chevalier de Suze, 3 bataillons et 1 escadron de cavalerie) : 2 bataillons du régiment de Languedoc soutenu par un bataillon formé des régiments de Jonquières, Cauvisson et Mirepoix et par 1 escadron de cavalerie.

Gauche (Saint-André, 2 bataillons et 1 escadron) : 1 bataillon du régiment de Saint-André soutenu par 1 bataillon formé des milices de Nîmes et de Castres et par 1 escadron de cavalerie.

Centre (Icart, 2 bataillons et 1 escadron) : 1 bataillon du régiment de Castelan soutenu par 1 bataillon formé des milices de Montpellier et de Carcassonne et par un escadron de cavalerie.

Droite (Clermont, 3 bataillons et 1 escadron) : 1 bataillon du régiment de Vitry soutenu par 2 bataillons des régiments de Murviel et Valat et par 1 escadron de cavalerie.

Extrême droite (Saint-Aunès, 2 bataillons et 1 escadron) : 1 bataillon du régiment Saint-Aunès soutenu par 1 bataillon formé des milices de Narbonne et de Béziers et 1 escadron de cavalerie, 4 canons.

Réserve (2 bataillons) : 2 bataillons formés par les milices de Lodève, de Ganges et des Cévennes.

Les 14 bataillons font un peu moins de 785 hommes en moyenne et les quatre escadrons, 250 chevaux en moyenne.

Ci-dessus : drapeau du régiment de Languedoc (ex-Montmorency, d’après Fouré))

Ci-dessus : drapeau du régiment de Saint-André (d’après Fouré)

Pour LM Tercios, les bataillons d’infanterie sont reformed battalion modernised (musket only). Les 2 bataillons de Languedoc et le bataillon de Saint-André sont veteran alors que les 5 bataillons de milices sont raw. Pour simplifier, tous les escadrons de cavalerie sont cuirassiers. L’escadron constitué les gardes d’Halluin et les chevau-légers de Boissac et de Sainte-Croix est vétéran et élite. Les 4 canons sont représentés par une pièce d’artillerie moyenne.

Pour les dispositions du terrain et des unités, voir le plan ci-dessous.

Déploiement suggéré :

Règles spéciales : il fait nuit ! La visibilité est réduite à 2 pouces. Par ailleurs, toutes les unités d’infanterie en première ligne sont donc fortified. Pour en partie rééquilibrer, le duc d’Halluin est considéré comme commandant en chef de rang 4 alors que Cerbellon n’est que de rang 2. Les Français, en plus du duc d’Halluin, bénéficient de 5 généraux alors que les espagnols n’en bénéficient que de 3 en plus de Cerbellòn . N’hésitez pas à tester d’autres règles spéciales afin d’équilibrer la partie. il sera en effet difficile d’égaler l’exploit du duc d’Halluin…

Stéphane Thion

La bataille de Lens (20 août 1648)

La bataille de Lens (20 août 1648)

Après la prise d’Ypres, Condé campe à Béthune et fait sa jonction avec le corps d’Erlach (4 000 hommes). De son côté, l’archiduc Leopold, après avoir pris Courtrai, marche sur Lillers puis Lens. L’armée espagnole campe alors, bien retranchée derrière le ruisseau qui va à Arras.

Condé, « se réjouissant » de la présence des ennemis en plaine, traverse la Lys.

« Son altesse en marchant fit trois lignes de ses troupes qui faisaient tout au plus vingt mille hommes et tout au moins dix-huit  ; il mit à la première les gardes, Picardie et les régiments de l’armée d’Erlach et pour cavalerie tous les gendarmes tant du Roy que des princes et toutes les compagnies de gardes des généraux ; la seconde ligne était en pareille disposition et notre cavalerie légère commandée par Guiche ( ?), monsieur d’Erlach demeura pour troisième ligne et corps de réserve ; Mr de Cossé menait une bande d’artillerie. A la première ligne il les faisait marcher aussi vite que les troupes ; nous allâmes en cet équipage montrer notre armée à Mr l’archiduc qui était bien couvert de ses lignes devant lesquelles nous nous arrêtâmes à un jet de pierre près, et y demeurâmes tout le jour, les officiers d’infanterie de la première ligne jouant et sautant au « saut de l’allemand » toute la journée sans (être) autrement alarmé » écrit alors un gazetier, témoin anonyme de la bataille. Ce témoin ajoute par ailleurs que « Il est à remarquer que Mr le prince avait tant parlé des troupes d’Allemagne lesquelles ne tiraient jamais les premiers et obligeaient leurs ennemis à faire leur décharge puis à fuir devant eux que chaque officier s’était mis cela en tête, et bien que cela ne fut dit qu’à l’égard de la cavalerie, néanmoins l’infanterie s’y fit presque partout un point d’honneur de ne point tirer ».

Condé feint alors une retraite vers Béthune, pour tenter de déloger l’Archiduc. « Mr le Prince résolut quand le jour serait venu de se retirer en un village nommé Loo auquel touchait notre arrière garde afin de repaître et dit tout haut qu’en quelque temps que l’archiduc marchait, qu’il le combattrait assurément et ainsi il se mêla à l’affaire publiquement quoique pique qui contribua particulièrement au grand fait d’arme du jour suivant » témoigne le rédacteur de cette petite relation de la bataille avant de poursuivre un peu plus loin : « Voici ce coup de maître que fit notre héros (ndla : de Condé !), ce qu’il ne nous ai fait entendre par la comparaison du jeu d’escrime ou ne nous ai dit que durant que le moins docte bat du pied sans se débander le savant prend un temps et loge sa botte à plaisir ».

Beck tombe effectivement dans le panneau, et réussit à convaincre l’Archiduc de se lancer à la poursuite des Français. Le 20 août à 8 heures du matin, alors qu’elle franchit la crête d’un vallon, l’armée espagnole découvre les Français qui lui font face. Condé « ne fit que faire à gauche, en remarchant droit aux ennemis, lesquels étaient bien en bataille chacun en particulier mais n’étaient point en ordre de bataille mais en colonne pour s’y mettre ». Surpris, l’Archiduc range ses troupes en bataille. L’artillerie française ouvre le feu. Les Espagnols mettent en hâte leurs pièces en batterie. L’artillerie française, bien moins nombreuse (18 pièces contre 38) mais mieux préparée, fait des ravages dans les rangs ennemis.

L’aile droite française et la cavalerie de Lorraine s’avancent alors l’une contre l’autre. Les deux ailes se font face à 10 pas : les Lorrains ouvrent le feu. Les Français chargent et enfoncent la première ligne ennemie commandée par le prince de Salm. Ligneville engage alors sa seconde ligne, puis Condé en fait de même. Pendant ce temps, l’aile gauche connait le même dénouement : la cavalerie de Grammont attend la décharge ennemie, puis charge l’aile droite espagnole. Au même moment, l’infanterie des deux batailles, marchent l’une vers l’autre et s’arrêtent à portée de tir. Au centre de la ligne, les deux bataillons des Gardes Françaises et le bataillon des Gardes Suisses enfoncent trois bataillons ennemis. Mais Beck contre-attaque, avec infanterie et cavalerie, et écrase les trois bataillons des Gardes : « Là le régiment des gardes pour avoir fait sa salve le premier fut taillé en pièces, et le régiment de Picardie qui ne voulut point tirer défit sept régiments entre lesquels était celui qui avait tué le régiment des gardes ; les régiments qu’avait amené Erlach qui étaient Nettancourt, Vaubecourt et autres ne tirèrent non plus que Picardie » écrit notre témoin. Les escadrons de cavalerie français, en sous-nombre, viennent se reformer derrière Picardie entre deux charges.

Châtillon lance alors sa seconde ligne et ses gendarmes pour recueillir les bataillons décimés. Les Espagnols refluent. Voyant le centre espagnol repoussé, d’Erlach choisit de seconder Condé, prenant de flanc la seconde ligne des Lorrains. Tout le front espagnol lâche pied. Au centre, la seconde ligne de l’Archiduc ne peut changer le cours des choses : elle est entraînée dans la retraite. L’infanterie espagnole, dernier rempart, ne résistera pas longtemps : elle se joint à la retraite générale.

L’armée d’Espagne laisse 3 000 morts sur le terrain et 5 000 prisonniers. L’armée française compte 1 500 hommes hors de combat. Le corps des officiers des Gardes Françaises y payera un lourd tribu : les quinze capitaines présents sont tous morts ou blessés.

La victoire de Lens sera la plus achevée et donc probablement la plus belle des victoires de Condé durant la guerre de Trente ans. C’est la première bataille où le plan fut réellement précis, réglé par lui-même dans tous ses détails, et où il a réellement tiré parti de son artillerie.

Ordres de bataille :

Armée française (Condé) : 16 000 hommes en 12 bataillons d’infanterie (10 000 fantassins soit 833 hommes par bataillon) et 40 escadrons de cavalerie (6 000 chevaux, soit 150 chevaux par escadron), 18 canons légers.

Aile droite de cavalerie (Condé, Villequier et Noirmoutiers) :

Première ligne (Villequier et Noirmoutiers : 9 escadrons formés des régiments Gardes de Condé , Son Altesse Royale (duc d’Orléans, 2 escadrons), La Meilleraye (ou Grand-Maïtre), Saint-Simon, Bussy, Streif, Harcourt le Vieux et Beaujeu.

Seconde ligne (Arnaud) : 8 escadrons formés des régiments Chappes (2 escadrons), Coudray, Saarbrück Allemand, Vidame d’Amiens et La Vilette (ex-Gassion, 2 escadons).

Centre d’infanterie (Châtillon et Cossé-Brissac) :

Première ligne (Cossé-Brissac) : 2 batteries d’artillerie et 7 bataillons d’infanterie formés des régiments Picardie et Son Altesse Royale en un bataillon, Erlach-Allemand et Pernol en un bataillon, Gardes Suisses, Gardes françaises (en 2 bataillons), Gardes écossaises, Persan

Deuxième ligne (Châtillon) : 6 escadrons de Gendarmes (formés par les gendarmes de Condé, chevaux-légers de Condé, gendarmes de Choubert, gendarmes de la Reine, gendarmes du Roi, chevaux-légers du Roi, gendarmes d’Enghien, gendarmes S.A.R, gendarmes de Conti, chevau-légers de Conti, chevau-légers d’Enghien, gendarmes de Longueville, gendarmes de Marsillac).

Troisième ligne : 5 bataillons d’infanterie formés des régiments La Reine (y compris 300 hommes de la garnison de La Bassée), Erlach-français, Razilly, Mazarin-Italien, Conti et Condé.

Aile gauche de cavalerie (Gramont et La Ferté-Senneterre) :

Première ligne (La Ferté-Senneterre) : 9 escadrons formés des carabins d’Arnaud et gardes de la Ferté-Senneterre et de Gramont (un escadron), des régiments Cardinal Mazarin (2 escadrons), Gramont (2 escadrons), La Ferté-Senneterre (2 escadrons), et Biens (Allemand, ex-Zillart, 2 escadrons).

Seconde ligne (Plessis-Bellière) : 8 escadrons formés des régiments Roquelaure, Gesvres, Lillebonne,  Noirlieu (ex-Vatimont, 2 escadrons), Meille et Chemerault.

Réserve de cavalerie d’Erlach : 5 escadrons formés des régiments Erlach, Sirot, et Ruvigny.

 

Les régiments bataillons d’infanterie français sont des bataillons réformés modernisés (musket only). Les bataillons de Gardes françaises, Gardes suisses, Gardes écossaises et Picardie sont veterans. Les escadrons de cavalerie sont des escadrons de demi-cuirassés modern cavalry demi-cuirassiers (voir extension Kingdom) et les escadrons de gendarmes sont modern cavalry gendarmes  (voir extension Kingdom). Les 18 canons peuvent être simulés par 3 canons légers (light artillery).

 

Armée espagnole (Archiduc Leopold secondé par Fuensaldana) : 20 000 hommes en 16 bataillons/escadrons d’infanterie (12 000 fantassins soit 750h par bataillon) et 62 escadrons de cavalerie (8 000 chevaux soit 130 chevaux par escadron), 38 canons.

Aile droite de cavalerie (Prince de Ligne et Bucquoy) :

Première ligne : 12 escadrons formés des régiments Bucquoy (Allemands), Savary (Allemands), prince de Ligne (Wallons), del Brouck (Allemand) et compagnies de Ris (Wallons) et Meinssague (Wallons).

Seconde ligne : 12 escadrons formés des compagnies Sandoy (Wallons), Scandalberg (Wallons), Erland (Wallons), Gonni (Wallons), Hurc (Wallons), Scalar (Wallons).

Centre d’infanterie (Beck et Saint-Amour) :

Première ligne : 2 escadrons de croates, 3 batteries d’artillerie, 10 escadrons/bataillons d’infanterie et 4 escadrons de cuirassiers : tercio de Solis en un escadron ;  tercios de Boniface et Desa en un escadron ; 4 escadrons du régiment de cuirassés de Salm (lorrains) ; tercios de Monroy et Beck (allemands) en un escadron ; tercios de Lannoy, La Motterie et Grosbandon (wallons) en un escadron ; 3 petits escadrons de cuirassés Saint-Amour ; tercio de Vargas (espagnols) en un escadron ; tercios de Bentivoglio et Guasco (italiens) en un escadron ; 3 petits escadrons des cuirassés de Diego ; régiment de Touvenin et tercio de Silly (lorrains) en un escadron* ; régiment de Clinchcamp (lorrains) et tercio de Marais (irlandais) en un escadron* ; 4 petits escadrons de cuirassés de Miguel (wallons) ; tercios de Sinot et Plunkett (irlandais) en un escadron* ; régiments de Remion et l’Huilier (lorrains) en un escadron*.

*Les escadrons d’infanterie marqués d’une étoile n’ont pas de piquiers.

Deuxième ligne : 2 escadrons de cuirassés (gardes de Fuensaldana et de l’Archiduc, régiment de Fuensaldana).

Troisième ligne : 6 escadrons/bataillons d’infanterie : régiments Verduisant et Gondrecourt (lorrains) en un escadron ; régiments Wanghen et Arias (allemands) en un escadron ; régiments Hous et Chastelain (allemands et lorrains) en un escadron ; régiments Berlau et Anselm (allemands et anglais) en un escadron, tercio de Toledo (espagnols) en un escadron ; tercios de Bruay et Crevecoeur (wallons) en un escadron.

Aile gauche de cavalerie (Salm et ligniville) :

Première ligne : 10 escadrons formés des régiments de Luneville (wallons), prince Louis de Savoie (wallons), Garnier (wallons), Toledo (wallons) et Bastin (wallons).

Deuxième ligne 10 escadrons formés des régiments de Jaeger de Montauban (fusiliers à cheval lorrains), Ligniville (lorrains), châtelet (lorrains), Hacquefort (lorrains), Fauge (lorrains), Mondragon (lorrains) et Montmorency (lorrains).

 

Les bataillons/escadrons d’infanterie espagnols et wallons sont tercio modernised depleted (1) et classic squadron modernised musket only (pour les régiments allemands) (1). Les quatre régiments de mousquetaires (marqués d’une*) shot company musketeers. Les escadrons de cavalerie sont des escadrons de demi-cuirassés modern cavalry demi-cuirassiers (voir extension Kingdom) sauf les quelques escadrons de gardes qui sont cuirassiers. Les escadrons de croates sont  light horse. Les 38 canons peuvent être simulés par 3 canons moyens (medium artillery) et 4 canons légers (light artillery).

(1) Les bataillons/escadrons “espagnols”semblent en réalité plus petits que les français (750 hommes par bataillon contre 833 pour les français). Et il est peu probable qu’en 1648, les tercios soient encore équipés d’arquebuses. Un tercio/régiment espagnol ou allié de 1648 serait donc mieux simulé par un classic squadron modernised musket only voire un reformed battalion modernised – la principale différence entre ces deux derniers étant le facteur de défense contre l’artillerie (4 au lieu de 3) – que par un tercio. Malheureusement la règle LM Tercio ne le prévoit pas.

Pour une meilleure simulation, je vous suggère néanmoins de jouer les escadrons/bataillonsde tercios et régiments alliés comme  reformed battalion modernised, comme leurs adversaires français.

Les bataillons d’infanterie français sont moins nombreux (12 français vs 16 espagnols) et de taille équivalente (833 hommes en moyenne pour les français et espagnols, ces derniers ayant 4 bataillons sans piquiers pouvant être comptés à 500 hommes). De même, les escadrons de cavalerie français sont moins nombreux (40 français vs 62 espagnols) mais un peu plus gros (150 chevaux en moyenne pour les français et 130 chevaux pour les Espagnols). En réalité, les escadrons de cavalerie espagnols au centre sont plus petits et ceux des ailes plus importants et probablement équivalents aux français. Pour équilibrer et prendre en compte ces différences, il vous suffit d’aligner un seul escadron de Croates (et non deux), et de ne placer que 9 escadrons de cuirassiers au centre : huit en premières lignes placés deux à deux et intercalés avec les tercios et un en seconde ligne.

Ci-dessous : disposition des bataillons et escadrons pour rejouer la bataille de Lens.

Au vu des effectifs, n’hésitez pas à diviser par 2 ou 3 le nombre d’unités.

Et pour terminer, quelques drapeaux de régiments présents à la bataille :

Ci-dessus : Gardes Françaises (deux versions correspondant à 2 compagnies différentes)

Ci-dessus : Gardes Ecossaises

Picardie

 

Persan (supposé)

Condé (supposé)

Mazarin-italien (supposé)

Stéphane Thion

 

La bataille de Nieuport (2 juillet 1600)

La bataille de Nieuport (2 juillet 1600)

Bataille de Nieuport, 2 juillet 1600 lors de la Guerre de Quatre-vingt ans par Sébastien Vrancx (1573–1647)

En 1599, le conseil des États, cherchant à profiter de la faiblesse du gouverneur des Pays-Bas espagnols, l’Archiduc Albert, conséquence des mutineries qui ont éclaté dans l’armée des Flandres, demande à Maurice de Nassau d’intervenir sur la côte maritime. Le prince d’Orange débarque alors près du Sas van Ghent et marche sur Nieuport, avec une armée de 11 à 12 000 hommes. Mais   l’Archiduc Albert va réagir rapidement, menant une force équivalente, dont 1 400 mutins (800 fantassins et 600 cavaliers), et prenant des avant-postes autour d’Oostende. Maurice de Nassau, surpris, parvient à fortifier le pont de Leffigen.

Le 2 juillet à l’aube, l’avant-garde espagnole reprend le pont de Leffigen et débouche sur les dunes de Nieuport.  Maurice de Nassau accepte la bataille. Après-midi, les Espagnols attaquent l’avant-garde hollandaise, constituée des anglais de Veer, sans parvenir à les déloger. L’Archiduc Albert lance alors son corps de bataille dans l’action mais les anglais résistent toujours. La première ligne de Maurice finit par céder, après plusieurs assauts espagnols. Mais sur le flanc gauche espagnole, la cavalerie espagnole est battue. Alors que l’infanterie espagnole progresse, Maurice de Nassau lance sa réserve : 300 cuirassés vont charger avec succès, surprenant l’infanterie espagnole qui commence à reculer. L’infanterie française et hollandaise qui accompagne cette charge de cavalerie, fait alors refluer l’infanterie espagnole.

L’Archiduc perdra 3 600 tués, blessés et prisonniers dans la bataille, Maurice de Nassau perdant pour sa part près de 2 500 hommes, dont 1 000 au pont de Leffigen.


L’armée des Pays-Bas

Général en chef : Maurice de Nassau, prince d’Orange

Avant-garde (aile gauche) – comte Louis de Nassau

Cavalerie : 3 compagnies de cuirassiers en une troupe (Louis de Nassau, Maurice de Nassau & Henri Frédéric de Nassau), 3 compagnies de cuirassiers en une troupe (Marcelis Bacx, Paul Bacx & la Salle) et 2 compagnies de carabins/arquebusiers à cheval (Penny & Battenborch), pour un total de 8 cornettes ou compagnies.

Infanterie :  3 régiments d’infanterie (deux régiments anglais, Francis et Horatius Veer, de 13 & 11 compagnies, un régiment frison, Guillaume de Nassau de 17 compagnies) et 2 compagnies de gardes (prince Mauride de Nassau & comte Hohenlo), en 9 bataillons (4 Anglais, 4 Frisons & Gardes de Nassau).

Artillerie : 2 couleuvrines.

Bataille (centre) – comte George Evrard de Solms

Cavalerie :

Cavalerie : 4 compagnies de cuirassiers (George Everard de Solms, Frédéric de Solms, Jean Bacx, Cloet) en une troupe et 3 compagnies de cuirassiers en une seconde troupe (Godard de Bale, Vere, Cecilieu), le tout faisant 7 compagnies. Cloet & Cecilieu sont peut-être des compagnies de carabins.

Infanterie : un régiment wallon (comte Henri Frédéric de Nassau à 9 compagnies), un régiment suisse à 4 compagnies suisses, un régiment français (Dommerville, à 12 compagnies), le tout en 3 bataillons.

Artillerie : 1 fauconneau.

Arrière-garde – Olivier van der Tempel

Cavalerie : 3 compagnies de cuirassiers (Harangier, Hamelthon & Couteler). Les 3 compagnies sont regroupées en un escadron (cuirassiers).

Infanterie : 3 régiments d’infanterie (Ernest de Nassau à 13 compagnies, Gistelles à 8 compagnies & Huctenbrouck à 7 compagnies), le tout en 4 bataillons (2 hollandais & 2 allemands).

 

L’armée de Maurice compte 10 000 fantassins en 17 bataillons, 1 200 cavaliers en 19 cornettes et 6-8 pièces d’artillerie. Un bataillon d’infanterie comprend 50% de piques et 50% de tireurs. Les tireurs sont équipés pour 1/3 d’arquebuses et pour 2/3 de mousquets.

Les bataillons d’infanterie sont des batailllons réformés., les escadrons de cuirassiers sont cuirassiers (pistolet), les carabins/arquebusiers sont arquebusiers montés.

Echelle de réduction : Pour l’infanterie, prendre un bataillon réformé pour deux bataillons réels (8 bataillons dont 4 à l’avant-garde, 2 à la bataille et 2 à l’arrière-garde) et un escadron pour 6 compagnies/cornettes de cuirassiers/arquebusiers (3 escadrons de cavalerie soit 1 escadrons de cuirassiers à l’avant-garde, 1 escadrons de cuirassiers à la bataille et 1 escadron de cuirassiers à l’arrière garde). Pour l’artillerie, prendre deux artilleries moyenne.

 

L’armée Espagnole

Général en chef : Archiduc Albert d’Autriche

Avant-garde (aile droite) – François de Mendoza, Admirant d’Aragon

Infanterie (centre) : un escadron formé des mutins de divers tercios.

Cavalerie aile gauche : une compagnie de lanciers et une compagnie d’arquebusiers à cheval formant un escadron de lanciers.

Bataille (centre) – Archiduc Albert

Infanterie (centre) : un escadron composé des tercios de Monroy & de Villar et un escadron composé des tercios de Zapena & d’Aquino.

Cavalerie (centre) : les 3 compagnies de gardes de l’Archiduc soit 1 compagnie de cuirassiers, 1 compagnie de lanciers et 1 compagnie d’arquebusiers à cheval, formant un escadron de cuirassiers.

Artillerie : 2 couleuvrines.

Arrière-garde (aile gauche) – comte de Bucquoy

Infanterie (centre) : un escadron formé des tercios de Bostock (Irlandais), de Bucquoy et de la Bourlotte (Wallons).

Cavalerie de l’aile gauche : 4 compagnie d’arquebusiers à cheval, 4 compagnie de lanciers et 4 compagnies de cuirassiers sur 3 lignes. Soit un escadron d’arquebusiers, un de lanciers & un de cuirassiers.

 

L’armée espagnole compte 6 800 fantassins (dont 800 mutinés) en 4 escadrons de 1 600 à 1 800 hommes, 1 000 à 1 200 cavaliers (dont 600 mutinés) en 17 compagnies de 60-70 chevaux par compagnie et 4-6 pièces d’artillerie.

Les quatre escadrons espagnols sont tercios et field square (option de les passer tercios viejos field square pour équilibrer les budgets). Les cuirassiers sont cuirassiers, les lanciers sont cuirassiers avec lances, les arquebusiers montés sont arquebusiers montés.

Echelle de réduction : prendre un escadron d’infanterie (tercio) pour un réel et un escadron de cavalerie pour 6 compagnies (400 chevaux) soit 1 escadron de lanciers, 1 escadron de cuirassiers et 1 escadron d’arquebusiers montés (à répartir comme vous le souhaitez dans les différents corps). Pour l’artillerie, prendre 2 artilleries moyennes.

Pour les généraux :selon votre choix, à adapter afin d’équilibrer les budgets des deux armées.

Stéphane Thion

La bataille des Dunes (1658)

La bataille des Dunes (1658)

La bataille des Dunes, 14 juin 1658

(Article de S. Thion paru dans feu la revue « Histoires de France »).

Turenne à la bataille des Dunes, par Charles-Philippe Larivière (1837)

Le traité de Westphalie, signé le 24 octobre 1648, met fin à la guerre de Trente Ans mais pas au conflit opposant la France à l’Espagne. Il faudra encore onze années de guerre avant que le traité des Pyrénées y mette un terme.

En mars 1657 Cromwell, le « protecteur de l’Angleterre », avait promis de fournir 6 000 hommes au roi de France dans le but d’assiéger Dunkerque ou Gravelines. En échange, Mazarin promettait de lui livrer Dunkerque. Au mois de mai de cette même année, Turenne tente de surprendre Cambrai. Mais Condé, allié aux Espagnols, ne se laisse pas duper. Il force Turenne à lever le siège de la ville. Les Franco-Espagnols réunissent leurs forces pendant que les Anglais rejoignent l’armée royale à Saint-Quentin. Mazarin envoie le maréchal de la Ferté attaquer Arlon et Montmédy, aux confins du Luxembourg, pendant que le vicomte de Turenne et les Anglais couvrent l’opération sur la Sambre et la Meuse. Les Franco-Espagnols décident d’en profiter pour surprendre Calais, mais ils échouent. Montmédy capitule le 6 août 1657, ainsi que Saint-Venant trois semaines plus tard. Aussitôt, Turenne court au secours d’Ardres, forçant l’ennemi à lever le siège. La campagne se termine par la prise de Mardyck, fort important par sa proximité avec Dunkerque.

Début mai de l’année suivante, le roi amène 2 000 à 3 000 hommes commandés par Castelnau à Calais, puis à Mardyck. Turenne, à la tête de 7 000 à 8 000 hommes, progresse vers Dunkerque où il doit rejoindre les 6 000 Anglais de Lokard. Mais l’ennemi a inondé la plaine qui s’étend de Bergues à Furnes et il ne trouve aucun passage. La seule voie libre est barrée par une redoute. Turenne fait construire des ponts sur la Colme et combler des fossés pour passer. Il demande dans le même temps de l’aide à Castelnau pour prendre l’ennemi en tenaille. Débordés, les Espagnols se retirent dans Bergues et Dunkerque. Turenne place alors son armée dans les dunes près de l’estran.

Le vicomte de Turenne par Charles Le Brun

Le siège de Dunkerque débute le 15 mai 1658, la flotte anglaise en faisant le blocus côté mer. La place est commandée par un brave gouverneur, le marquis de Leyde, qui ordonne dès le quatrième jour une sortie. Celle-ci est repoussée après avoir semé le désordre, mais elle sera suivie de plusieurs autres les jours suivants. Don Juan d’Autriche et le prince de Condé apprennent la nouvelle avec surprise : Gravelines, Bergues et Furnes étant entre leurs mains, ils pensaient l’entreprise impossible. Réagissant rapidement, ils rassemblent l’armée pour se porter au secours de Dunkerque. Leur avant-garde atteint le 13 juin les tranchées de Turenne, suivie deux jours plus tard du reste de l’armée. Turenne met l’armée en bataille, laissant quelques troupes dans les tranchées. Il dispose ses troupes sur une hauteur, fait planter des pieux sur l’estran et bâtir en hâte quelques retranchements sur le haut des dunes.

L’armée espagnole s’arrête à une demi-lieue (1,6 km) des lignes françaises, sa droite appuyée à la mer, sa gauche au canal qui va de Furnes à Dunkerque, le centre dans les dunes qui s’avèrent « accessibles, mais inégales ». Dans la nuit, le prince de Condé fait construire un pont sur le canal qui tient son aile gauche. Turenne s’en aperçoit et, craignant que l’ennemi ne traverse pour marcher des deux côtés du canal, prend l’initiative du combat.

L’armée de Turenne compte 8 000 à 9 000 fantassins et 5 000 à 6 000 chevaux ; l’infanterie, 18 bataillons d’infanterie dont six anglais, est placée au centre sur deux lignes alors que la cavalerie, composée de 58 escadrons, est placée sur les ailes et en réserve. Cinq pièces d’artillerie sont positionnées sur chaque aile. Castelnau commande l’aile gauche de cavalerie, Créqui et d’Humières l’aile droite, Richelieu la réserve. Gadagne commande la première ligne d’infanterie et Bellefonds la seconde.

En face, l’armée franco-espagnole est retranchée sur une dune, couverte d’un « rempart de sable où il était difficile de monter ». Don Juan d’Autriche est à l’aile droite, avec le marquis de Caracène, le duc d’York, le duc de Gloucester et don Estevan de Gamare ; Condé est à l’aile gauche avec Coligny, Boutteville, Persan, Guitaut et le comte de Suze. Ses effectifs sont comparables aux Français : 6 000 fantassins en 15 bataillons et 8 000 chevaux en 62 escadrons. La cavalerie est disposée entre les dunes, sur deux lignes, derrière l’infanterie. L’artillerie espagnole n’a pas encore rejoint l’armée.

L’armée de Turenne marche au petit pas, les hommes s’attendant les uns les autres afin de garder l’alignement. Les pièces d’artillerie progressent devant les premiers escadrons, tirent un ou deux coups, puis sont attelées pour reprendre leur progression. Cinq tirs seront ainsi réalisés avant que les armées ne se joignent. En mer, des frégates anglaises s’approchent et ouvrent le feu sur le flanc espagnol. Sur l’aile gauche française, deux bataillons anglais gravissent la dune la plus avancée et croisent la pique avec les Espagnols, avec beaucoup de fierté et de courage. Les Espagnols « avaient la droite de tout », c’est-à-dire la place d’honneur. Un tercio, celui de Gaspard Boniface, est mis e fuite mais la cavalerie espagnole, placée en soutien de son infanterie, menace les Anglais. La cavalerie française accourt au grand trot : quelques escadrons ayant progressé le long de l’estran surgissent entre les deux lignes ennemies, semant la confusion. Plus à droite, l’infanterie française – gardes françaises et suisses, régiments de Picardie et de Turenne – soutenue par quatre escadrons de cavalerie, attaque l’infanterie wallonne, irlandaise et française qui lui est opposée. Celle-ci lâche aussitôt pied. La cavalerie française parvient de son côté à rompre les premiers escadrons du prince de Condé, mais celui-ci intervient en personne et rétablit la situation. La cavalerie de Turenne, ayant poussé trop avant, est « ramenée » par l’ennemi. Profitant de ce répit, toute la cavalerie de Condé avance en bon ordre. Mais les bataillons des gardes françaises et suisses, tournant légèrement à droite, et le régiment d’infanterie de Montgomery, situé à l’extrême droite, la reçoivent en lâchant une décharge meurtrière. Condé a un cheval blessé sous lui, Boutteville et Coligny sont faits prisonniers. La confusion se répand dans les rangs ennemis.

Ses deux ailes ébranlées, toute l’armée franco-espagnole tente de se replier en bon ordre. Mais l’exercice va s’avérer délicat : près de 1 000 tués et blessés restent sur le champ de bataille et 3 000 à 4 000 ennemis sont faits prisonniers. Les pertes de Turenne sont insignifiantes. L’armée étant mobilisée sur le siège de Dunkerque, il n’est cependant pas possible de poursuivre longtemps l’ennemi. Don Juan d’Autriche, le marquis de Caracène, le duc d’York et le duc de Gloucester parviennent à s’échapper.

Bataille des Dunes, lithographie en couleurs de Maurice Leloir (1904)

Dunkerque capitulera le 25 juin et sera remise entre les mains des Anglais le soir même. La place redeviendra française en 1662, lorsque Charles II la revendra à Louis XIV. Quatre jours plus tard, Turenne prend Bergues, puis Furnes. Le traité des Pyrénées mettra définitivement fin au conflit, un an et demi après, le 7 novembre 1659.

Stéphane Thion

 

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