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La bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631)

La bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631)

La bataille de Breitenfeld : le coup de tonnerre de Gustave Adolphe

1630. La série de victoires remportées par ses armées a consolidé la position de l’empereur Ferdinand II de Habsbourg. La Montagne blanche (1620), Wimpfen et Höchst (1622), Stadtlohn (1623), pont de Dessau et Lutter-am-Barenberg (1626), la conquête du Holstein, du Mecklembourg et de la Poméranie par Tilly et Wallenstein (1627), l’occupation du Jutland (1628) sont autant de succès qui assurent l’assise du parti catholique en Allemagne. A tel point que l’empereur Ferdinand II demande à une commission de préparer, en octobre 1628, un édit de restitution. Si cet édit n’a pas pas pour objet de modifier les libertés religieuses des princes et villes libres d’Allemagne, il veut exiger de ces princes la restitution à l’Église tous les biens ecclésiastiques qui lui avaient appartenus avant 1552. Cet édit est publié officiellement le 28 mars 1629. En parallèle, dès janvier, des pourparlers de paix avaient été engagés avec le roi du Danemark : ils vont aboutir au traité de paix de Lübeck, le 7 juin 1629, qui met fin à la phase danoise de la guerre de Trente Ans. Mais ce traité, qui préserve relativement les intérêts du Danemark grâce à la modération de Wallenstein, va mécontenter le roi de Suède. Celui-ci voit d’un mauvais œil les Impériaux prendre pied sur la Baltique. Dans le même temps, les princes catholiques, mécontents des excès provoqués par les armées impériales, réclament auprès de l’empereur le renvoi de Wallenstein, alors généralissime des armées. Ils vont obtenir gain de cause puisque le Collège électoral, réuni à Ratisbonne par l’Empereur (juillet-août 1630), décide le 13 août de révoquer Wallenstein.

Entre 1621 et 1629, l’attention et les forces armées du roi de Suède étaient mobilisées contre la Pologne, dont le roi Sigismond était cousin de Gustave-Adolphe mais de confession catholique. Le 26 septembre 1629, poussés par les représentants de la France et de l’Angleterre, Gustave-Adolphe et Sigismond signent le traité de paix d’Altmatk. Les conditions sont enfin réunies pour une intervention suédoise en Allemagne. Le 13 mai 1630, Gustave-Adolphe annonce à la diète suédoise sa volonté de se porter au secours des princes protestants allemands. Un peu moins de deux mois plus tard, il débarque près de Wolgast, dans l’ile d’Usedom à la tête d’une armée de quinze mille hommes.

L’armée suédoise : Un outil moderne

L’armée de Gustave-Adolphe, formée de paysans bien entraînés dans le respect de la discipline et des traditions religieuses se distingue par sa souplesse. Inspirée par les enseignements tactiques hollandais et français, équipée de mousquets légers et de canons légers régimentaires, les unités suédoises allient rapidité de manœuvre et puissance de feu. Sur le champ de bataille, le régiment d’infanterie est habituellement scindé en deux « escadrons » d’un peu plus de 500 hommes. Mais peu avant Breitenfeld, Gustave-Adolphe va innover, en entrainant son infanterie à former la fameuse brigade suédoise, formée de trois ou quatre escadrons. De son côté, le régiment de cavalerie suédois, composé de 500 chevaux, se déploie en deux escadrons pour combattre.

Ces hommes, endurcis par le dur climat de Scandinavie, vont être commandés par un leader exceptionnel. Tilly dira ainsi de Gustave-Adolphe qu’il est « un ennemi aussi intelligent que brave, endurci à la guerre, dans la fleur de l’âge. Ses préparatifs sont excellents, ses moyens, considérables. C’est un joueur contre lequel le fait de ne pas avoir perdu constitue déjà un grand gain ». Effectivement, du débarquement de 1630 jusqu’à la bataille de Breitenfeld, le roi de Suède va montrer de réelles qualités de stratège : grand meneur d’hommes, méthodique, rigoureux, ayant le sens de la décision, il va se révéler un adversaire à la hauteur de Tilly.

Les troupes que mobilisent le roi de Suède sont alors importantes : aux 15 000 hommes débarqués sur l’ile d’Usedom, qui ont été rejoints par 5 000 hommes des garnisons, s’ajouteront bientôt 47 000 hommes venant de Prusse, de Suède, de Finlande et de Riga. Face à Gustave-Adolphe, l’Empire aligne les 39 000 hommes non démobilisés de Wallenstein, maintenant commandés par Torquato de Conti et Savelli, et les 30 000 hommes de Tilly.

Tilly généralisme de l’armée impériale

Le 19 août 1630, Gustave-Adolphe offre la bataille à Torquato de Conti. Mais celui-ci la refuse, conscient des faiblesses de son armée dont les hommes désertent en masse. Gustave fait alors bloquer Landsberg, entreprend le « nettoyage » de la Poméranie, puis, le 25 août, parvient enfin à prendre la ville et le château de Wolgast. L’Empereur, inquiet des progrès du suédois, rappelle début septembre son armée d’Italie. Le roi de Suède en profite pour prendre Greiffenberg, le 11 septembre, et envoie un corps assiéger  Colberg (aujourd’hui, Kolobrzeg, en Pologne). Il en expédie un second en Basse-Saxe, afin d’épauler le duc de Saxe-Lauenbourg, Francis-Charles, qui avait levé un corps pour les ducs de Mecklembourg. Mi-octobre, le roi de Suède entreprend le siège de Rostock et inflige une défaite à Savelli. Ses succès en Poméranie et dans le Mecklembourg lui permettent de voir ses rangs grossir des anciens mercenaires de Mansfeld, Brunswick, de Christian IV de Danemark et même de Wallenstein. Le 22 novembre, Gustave-Adolphe envoie Falkenberg à Magdebourg pour soutenir les défenseurs. Car Tilly, tout juste nommé généralissime de l’armée impériale en remplacement de Torquato de Conti, avait envoyé Pappenheim entreprendre le blocus de la ville, alors placée sous la protection du roi de Suède.

C’est le 23 janvier 1631 qu’est signé le traité de Bärwalde entre la Suède et la France. Ce traité est important pour la Suède qui obtient ainsi de Richelieu un subside d’un million de livres pour entretenir une armée contre l’Empereur. Fin janvier, alors que Tilly avance sur Francfort-sur-l’Oder pour y joindre le corps de Schaumburg, Gustave Adolphe demande à Horn ses mouvements. Apprenant que le général impérial se dirige vers la Poméranie, il interrompt sa marche vers le sud pour revenir en Mecklembourg. Il prend alors Neubrandebourg et déloge la garnison de Treptow. Puis il assiège Demmin et prend Löitz. Pendant que Tilly hésite à intercepter les suédois, ne souhaitant pas s’éloigner de Magdebourg, Gustave-Adolphe prend Mallin, Friedland et Westrow.

Fin février, Tilly progresse entre Francfort-sur-l’Oder et le Mecklembourg. Gustave Adolphe place alors Baner à Demmin, Kniphausen à NeuBrandebourg, Ortenberg à Treptow, Horn à Friedland, lui-même restant dans les environs de Pasewalk, pour garder l’Oder et la Poméranie. Ayant appris l’abandon de Demmin, place clé du Mecklembourg, par le duc de Savelli, Tilly réagit. Il reprend Neubrandebourg le 19 mars, après cinq jours de siège. Puis il prend Friedland mais échoue devant Treptow. Gustave-Adolphe dresse alors son camp entre Treptow et Demmin. Selon Monroe, c’est là qu’il aurait entrainé son infanterie à former la brigade suédoise pour la première fois. Puis il traverse la Warthe et prend Zednick. Pendant ce temps, Tilly avance vers Demmin sans l’attaquer puis se retire vers Francfort-sur-l’Oder après avoir renforcé Landsberg. Il se décide alors à marcher sur Magdebourg. De son côté, Gustave-Adolphe est déterminé à prendre Francfort : Celle-ci tombe le 12 avril, après seulement vingt-quatre heures de siège.

La perte de Francfort-sur-l’Oder est un revers pour Tilly. Ses conséquences vont se révéler désastreuses pour le parti catholique. Car les princes protestants allemands commencent à reprendre confiance. Déjà, le duc Bernard de Saxe-Weimar se déclare pour le parti suédois. Fin janvier 1631, les Electeurs de Saxe et de Brandebourg avaient d’ailleurs convoqué à Leipzig une assemblée générale des états protestants. Cette assemblée va donner lieu, deux mois plus tard, à la signature d’une résolution dans laquelle les états évangéliques demandent la révocation de l’Edit de Restitution, le retrait des troupes impériales des places protestantes et ordonnent le recrutement d’une armée de 40 000 hommes dans l’hypothèse où l’Empereur refuserait d’accéder à leurs demandes.

Du drame de Magdebourg à la bataille de Breitenfeld

Après Francfort, c’est maintenant Landsberg qui tombe aux mains du roi de Suède. Le Mecklembourg et la Poméranie ainsi assurés, la voie vers la Silésie lui est désormais ouverte. Tilly, n’ayant pu secourir Landsberg, se concentre sur Magdebourg où il arrive fin avril. Depuis novembre, Pappenheim assiégeait la ville avec plus ou moins de succès. Apprenant le départ de Tilly, Gustave-Adolphe écrit à Falkenberg de patienter jusqu’à son arrivée. Car lui-même se trouve alors à Berlin, pour tenter de convaincre l’Electeur de Brandebourg de rejoindre son parti. Puis il rencontre l’Electeur de Saxe pour le convaincre lui aussi de former une coalition. En vain. Après plusieurs assauts, Falkenberg fait évacuer les faubourgs de Magdebourg. Le 20 mai, Tilly envoie un ultimatum à la ville. L’assaut ayant été donné, les impériaux pénètrent dans la ville. C’est le massacre. A la tuerie s’ajoute un terrible incendie. Le bilan est lourd : entre vingt et vingt-cinq mille morts selon les historiens.

Le sac de Magdebourg va marquer les esprits. Même les princes protestants les plus réticents, comme l’Electeur Georges-Guillaume de Brandebourg, vont bientôt rallier le parti suédois. Ayant pris connaissance de la nouvelle, Gustave-Adolphe quitte Postdam pour tenter d’intercepter la retraite de Tilly. Il prend Altbrandebourg et Ratenau, reconnaît le pays de Magdebourg et reprend Werben et Borg.

Début juin, après avoir échappé à une embuscade dressée par Pappenheim, Gustave-Adolphe sécurise les ponts de Dessau et de Wittemberg sur l’Elbe. Puis il obtient de Georges-Guillaume de Brandebourg la ville de Spandau, dont il a besoin comme centre de ses opérations, ainsi que l’ouverture de Custrin à ses troupes. Il retourne ensuite à Stettin par le fleuve et publie ses excuses concernant Magdebourg (22 juin).

L’Electeur de Saxe et le Landgrave de Hesse-Cassel levant des troupes, Tilly se tourne alors contre ce dernier. Il part occuper Erfurt et il envoie Fugger et Fürstenberg envahir le Hesse-Cassel. Fin juillet, quatre des meilleurs régiments impériaux de Pappenheim se font ruinés par les suédois dans le pays de Magdebourg, provoquant le retour du généralissime impérial. Le roi de Suède prend alors une forte position à Werben. Tilly marche contre lui mais, impuissant face à des suédois solidement retranchés, il préfère attendre à Womirstädt le corps de Fürstenberg. Fin juillet, Tilly avait reçu de l’Empereur l’autorisation d’agir contre l’Electeur de Saxe dont le comportement était suspect. Il part donc le 20 août pour la Saxe. Après avoir signé, le 22 août, un traité avec le Landgrave de Hesse-Cassel, Gustave-Adolphe reçoit des appels à l’aide de l’Electeur de Saxe, qui se trouve alors à Torgau. Celui-ci, après avoir passé en revue sa nouvelle armée de 20 000 hommes, doit déjà défendre les rives de l’Elbe. Il parvient à prévenir la traversée du fleuve par Fürstenberg mais pas le ravage de Misnia par Pappenheim.

Début septembre, Tilly remonte prend Merfberg, Naumburg et Zeitz puis se présente devant Leipzig, exhortant la ville à se rendre. Au même moment, Gustave Adolphe progresse vers Ratenau et Altbrandebourg. Enfin, il arrive le 10 septembre à Coswick où le feldmarschall saxon von Arnim (ou Arnheim) confère avec lui. Le 13 septembre, à Döbein, alors que Tilly investit Leipzig, Gustave-Adolphe réalise sa jonction avec l’Electeur de Saxe. Le 16 septembre, Tilly présente par letrte la bataille au roi de Suède. Acceptant le défi, le roi de Suède marche le lendemain sur Leipzig. Prévoyant, Tilly fait mettre le feu au village de Podelwitz par où les Suédois doivent passer, pour « leur en faire boire la fumée ». Puis il place le comte de Pappenheim à sa gauche et Fürstenberg à sa droite. Erwitte est en réserve avec 2 000 cavaliers. Tilly – ou plutôt Pappenheim qui lui aurait forcé la main – n’ayant cru bon d’attendre les renforts d’Aldringer, ce sont moins de 32 000 impériaux et bavarois qui vont affronter plus de 22 000 « suédois » – en réalité une majorité d’allemands – et 18 000 saxons.

De son côté, le roi de Suède met ses troupes en ordre, « prend la droite lui-même, donne la conduite de la bataille à Teuffel, la gauche à Horn ». Baner est chargé de soutenir l’aile droite, Hall, l’aile gauche et Hebron (ou Hepburn) le centre. L’armée saxonne de Jean-Georges occupe l’extrême gauche du dispositif. Arnim commande la cavalerie saxonne de l’aile droite, Bindauf la cavalerie de l’aile gauche et le duc de Saxe-Altenbourg l’infanterie au centre.

17 septembre 1631 : la bataille

Tilly avait le désavantage du nombre, mais sa position, adossée une colline, était excellente. Vers midi, le généralissime salue l’arrivée de l’armée alliée par une canonnade de ses 26 pièces d’artillerie. Les Suédois répondent alors, par un feu terrible et incessant. Que ce soit de sa propre initiative ou non, nous ne le saurons jamais. Mais vers 14 heures, Pappenheim, « qui menait la fleur de la cavalerie de Tilly », attaque l’aile du roi de Suède. Reçus par le feu des mousquetaires puis, une fois en désordre, chargés par les cavaliers suédois, les impériaux sont repoussés. Pourtant, Pappenheim ne se laisse pas abattre : laissant quelques régiments pour couvrir sa manœuvre, il entreprend de contourner l’aile droite suédoise. Gustave-Adolphe lui répond en incurvant sa ligne. Et cette seconde tentative est repoussée tout aussi vertement que la première. Vers 16 heures, les régiments de Pappenheim, épuisés par sept attaques consécutives, ne pourront résister à la contre-offensive de la droite suédoise.

Dans le même temps, Tilly avait donné l’ordre à Fürstenberg d’attaquer l’aile gauche ennemie. Celui-ci enfonce quelques escadrons saxons. La cavalerie de Bindauf rompue, l’infanterie saxonne lâche pied à son tour. Seuls, les régiments de cavalerie Arnim et Taub feront bonne figure, servant jusqu’à la fin, en soutien de l’aile gauche suédoise.

Les Saxons en déroute, Tilly a maintenant l’opportunité de prendre l’aile gauche suédoise de flanc. Malheureusement pour lui, Fürstenberg ne parvient pas à maitriser ses cavaliers qui poursuivent les fuyards et pillent les chariots. Il lui reste cependant la réserve d’Erwitte, soit cinq régiments de cavalerie, et toute son infanterie. Il fait avancer sa bataille, « en laquelle étaient ses vieux régiments accoutumés de vaincre », soutenue par les cavaliers d’Erwitte. Ayant donné l’ordre à la moitié de ses tercios de fixer le centre suédois, Tilly tente alors de déborder la gauche avec l’autre moitié de son infanterie.

Face à lui, Horn va parfaitement gérer la situation : il fait pivoter sa cavalerie à angle droit pour faire face à la menace et demande le soutien de la seconde ligne d’Hepburn. Les régiments Neu Pappenheim et Goess font maintenant face à la brigade verte écossaise d’Hepburn et à la brigade blanche allemande de Vitzthum. Après avoir fait tirer à mitraille leurs canons régimentaires, les écossais retiennent leur feu avant de délivrer une salve terrible sur la profonde formation catholique. Les vétérans de Tilly stoppent leur progression, hésitants. C’est alors qu’une seconde salve suivie d’une charge des écossais à raison des nerfs de Neu Pappenheim. C’est la déroute. Sur la droite des écossais, les brigades blanche et bleue vont obtenir un résultat comparable. Enfin, les cavaliers de Horn, bien commandés et soutenus par des unités de mousquetaires, ne feront qu’une bouchée des régiments d’Erwitte.

Tilly n’a plus ni aile droite, ni aile gauche. Et il ne lui reste qu’un seul régiment de cavalerie, Cronberg. Pire, vers 17 heures, le généralissime lui-même est blessé d’un tir de mousquet au bras et d’un coup de sabre à la tête. Heureusement pour lui, les cavaliers de Cronberg vont intervenir, parvenant à extraire leur général en chef du champ de bataille.

Il est 18 heures. Les régiments Balderon-Dietrichstein, Goess, Blankhart et Chiesa sont encore les seules unités impériales en état de combattre. Ils gagnent la bordure du bois de Linkelwald pour tenter une dernière résistance. Mais la mitraille et les salves de mousqueterie parviennent à en venir à bout.

A 19 heures, la bataille est terminée. Tilly, s’enfuit vers Halle avec ses rescapés, couvert par 1 400 cavaliers que Pappenheim est parvenu à rassembler. Les pertes sont énormes du côté catholique (7 600 tués et 9 000 prisonniers), comparées à celles des protestants (2 100 « suédois » et 3 000 saxons).

 

Ordre de bataille impérial : Tilly

(21 400 fantassins en 14 bataillons, 9 900 cavaliers en 22 escadrons et 26 canons)

Aile droite : Fürstenberg (1200 fantassins en 1 bataillon et 4100 cavaliers en 10 escadrons)

Régiment d’infanterie Wrangler (10 compagnies, 1200 hommes, 1 bataillon)

Régiment de cavalerie Cronberg (8 compagnies, 850 hommes, ligue catholique)

Régiment de cavalerie Schonberg (9 compagnies, 900 hommes, ligue catholique)

Régiment de cavalerie Baumgarten (5 compagnies, 500 hommes, ligue catholique)

Régiment de cuirassiers Alt-Saxe (10 compagnies, 300 hommes)

Régiment d’arquebusiers montés Wengersky (600 hommes)

Croates d’Isolano (950 hommes)

Soit un escadron classique avec mousquet vétéran, 7 unités de cuirassiers, dont 5 vétérans (régiments Cronberg, Schonberg et Baumbarten en 5 escadrons), et 5 unités de cavalerie légère (light horse), pistolet, vétéran.

Fürstenberg est général en chef et Isolano commande les croates.

Centre : Schonberg (18 700 fantassins en 12 bataillons et 26 canons)

Régiment d’infanterie Chiesa (12 compagnies, 1000 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Gallas (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiments d’infanterie Furstenberg et New-Saxon (10 compagnies, 1100 hommes, 1 bataillon)

Régiments d’infanterie Baldiron et Dietrichstein (11 compagnies, 1100 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Alt-Tilly (10 compagnies, 2200 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiment d’infanterie Geleen (10 compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, Bavarois)

Régiment d’infanterie Savelli (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Goess (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Blankhart (10 compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiments Comargo et Reinach (? compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiment d’infanterie Papenheim (10 compagnies, 2400 hommes, 1 bataillon, Bavarois)

Régiment d’infanterie Wahl (10 compagnies, 2200 hommes, 1 bataillon)

Artillerie : 14 canons moyens et 12 canons légers

Aile gauche : Pappenheim (1500 fantassins en 1 bataillon et 3800 cavaliers en 7 escadrons)

Régiment de cuirassiers Strozzi (5-10 compagnies, 500 hommes, Wallon)

Régiment de cuirassiers Neu-Saxon (6-10 compagnies, 600 hommes)

Régiment de cuirassiers Bernstein (8 compagnies, 400 hommes)

Régiment de cuirassiers Rangoni (5-10 compagnies, 500 hommes)

Régiment de cuirassiers Neu-Piccolomini (10 compagnies, 800 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Merode (5-10 compagnies, 500 hommes, Wallons)

Régiment d’arquebusiers à cheval Alt-Piccolomini (10 compagnies, 800 hommes)

Régiment d’infanterie Holstein (10 compagnies, 1500 hommes, 1 bataillon)

Réserve : Erwitte (2000 cavaliers en 5 escadrons)

Régiment de cavalerie Erwitte (9 compagnies, 600 hommes, la 9e compagnie est formée des gardes du corps de Tilly)

Régiment de cuirassiers Montecuccoli (9-10 compagnies, 300 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Coronini (5 compagnies, 400 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Caffarelli (5-10 compagnies, 300 hommes, Wallons)

Régiment d’arquebusiers à cheval Colloredo (6-10 compagnies, 400 hommes)

 

Ordre de bataille suédois et saxon : Gustave Adolphe

Suédois (14 742 fantassins en 7 brigades, 8 064 cavaliers en 28 escadrons et 54 canons)

Aile droite, 1er échelon : Gustave Adolphe et Baner (2 450 cavaliers en 8 escadrons et 860 mousquetaires en 3 x 4 détachements)

Régiment de cavalerie Stalhansk (4 compagnies, 350 hommes, Finnois)

Régiment de cavalerie Wunsch (4 compagnies, 350 hommes, Finnois)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Tott (12 compagnies, 800 hommes, 3 escadrons)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Soop (8 compagnies, 400 hommes, suédois du Gotland occidental)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Brahe (8 compagnies, 400 hommes, suédois du Smaland)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Sperreuter (8 compagnies, 150 hommes, suédois du Gotland oriental)

Réserve du 1er échelon : Régiment de cavalerie Rhinegrave (12 compagnies, 700 hommes en 3 escadrons)

Aile droite, 2eme échelon : Baner (950 cavaliers en 4 escadrons)

Régiment de cuirassiers Aderkas (5 compagnies, 300 hommes, Livoniens)

Régiment de cavalerie (cuirassiers ?) Domhoff (4 compagnies, 200 hommes, Courlandais)

Régiment de cavalerie Damitz (4 compagnies, 150 hommes)

Régiment de cavalerie Sperreuter (5 compagnies, 300 hommes)

Centre, 1er échelon : Teuffel (6 654 fantassins en 4 brigades et 36 canons)

Brigade jaune avec 6 canons régimentaires, Teuffel (17 compagnies, 1 698 hommes)

Brigade suédoise avec 6 canons régimentaires, Oxenstierna (23 compagnies, 1 400 hommes)

Brigade rouge avec 6 canons régimentaires, Hand (28 compagnies, 1 730 hommes)

Brigade bleue avec 6 canons régimentaires, Winckel (24 compagnies, 1 828 hommes)

Artillerie : 3 batteries de 4 canons (Torstensson)

Centre, 1er échelon réserve (1 010 fantassins en 4 détachements et 500 cavaliers en 2 escadrons)

Détachement Ramsay (6 compagnies, 350 hommes, mousquetaires écossais)

Régiment de cavalerie Ortenbourg (5 compagnies, 250 hommes, en 1 escadron)

Détachement Monro (6 compagnies, 400 hommes, mousquetaires allemands)

Régiment de cavalerie Ortenbourg (5 compagnies, 250 hommes, en 1 escadron)

Détachement Hamilton (6 compagnies, 260 hommes, mousquetaires écossais)

Centre, 2eme échelon : Hepburn (5 276 fantassins en 3 brigades et 18 canons)

Brigade noire avec 6 canons régimentaires, Thurn (17 compagnies, 1 884 hommes)

Brigade verte avec 6 à 8 canons régimentaires, Hepburn (23 compagnies, 2 194 hommes, écossais)

Brigade blanche avec 6 canons régimentaires, Vitzthum (28 compagnies, 1 198 hommes)

Centre, 2eme échelon réserve (700 cavaliers en 2 escadrons)

Régiment de cavalerie Kochtitzky (5 compagnies, 300 hommes)

Régiment de cavalerie Schaffmann (4 compagnies, 400 hommes)

Aile gauche, 1er échelon : Horn (1 250 cavaliers en 5 escadrons et 940 mousquetaires en 3 détachements)

Régiment de cavalerie Caldenbach (5 compagnies, 350 hommes, inclus la compagnie de Gardes de Horn)

Détachement de mousquetaires Waldstein (360 hommes)

Régiment de cavalerie Caldenbach (4 compagnies, 350 hommes)

Détachement de mousquetaires Oxenstierna (280 hommes, Suédois)

Régiment de cavalerie Baudissin (12 compagnies, 600 hommes en 3 escadrons de 200 cavaliers)

Détachement de mousquetaires Hand (300 hommes en 2 détachements de 150 mousquetaires, Suédois)

Aile gauche, 2eme échelon : Effern-Hall (1 050 cavaliers en 3 escadrons)

Régiment de cavalerie Effern-Hall (12 compagnies, 800 hommes en 2 escadrons de 400 cavaliers)

Régiment de cavalerie Domhoff (4 compagnies, 200 hommes, Courlandais)

Réserve du 2eme échelon : régiment de dragons Taupadel (4 compagnies, 464 hommes)

 

Aile gauche alliée (Saxons) : Jean-George de Saxe

Arnim (aile droite – 2350 cavaliers en 6 escadrons) :

Régiment de cavalerie Taube, Gardes du corps de l’Electeur (6 compagnies, 600 hommes, 2 escadrons)

Régiment de Gardes Arnim (2 compagnies, 200 hommes, 1 escadron)

Régiments de cavalerie de milice Loser et Pflugh (12 escadrons, 1550 hommes, 3 escadrons)

Saxe-Altenbourg (centre – 12 100 fantassins en 10 bataillons d’infanterie et 12 canons) :

Régiment d’infanterie Schwalbach (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Starschedel (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Loser (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Arnim (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Klitzing (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Schonberg (3 compagnies, 600 hommes, Brandebourgeois)

Mousquetaires garde (1 compagnie, 243 hommes, avec l’artillerie)

Compagnies franches de Schlieben (3 compagnies, 351 hommes, avec l’artillerie)

Artillerie (6 pièces de 6 livres et 6 pièces de 12 livres)

Bindauf (aile gauche – 2 875 cavaliers en 6 escadrons)

Régiment de cavalerie Saxe-Altenbourg (8 compagnies, 1200 hommes, 3 escadrons)

Régiment de cavalerie Bindauf (8 compagnies, 1200 hommes, 2 escadrons)

Régiment de cavalerie Steinau (3 compagnies, 475 hommes, 1 escadron)

 

Effectif total : 40 131 hommes dont 26 842 fantassins, 13 289 cavaliers et 66 canons.

 

Simuler la bataille avec LM Tercios :

Breitenfeld est une grande bataille avec des effectifs importants : n’hésitez donc pas à diviser le nombre de bataillons et d’escadrons par 2 ou 3 en fonction de vos figurines.

Armée suédoise : Les brigades d’infanterie sont escadrons modernes renforcés (modern squadron reinforced, tir de 5) sauf la brigade jaune et la brigade blanche qui sont escadrons modernes sans option reinforced (tir 4) afin de simuler les différences d’effectifs. Chaque brigade d’infanterie possède la règle regimental gun. Les détachements de mousquetaires sont Shot company option mousquetaires et commanded shot. Pour l’artillerie moyenne et lourde, référez vous à l’ordre de bataille.

Les escadrons de cavalerie sont cuirassiers pour les régiments allemands, cuirassiers option cavalerie moderne* pour la cavalerie suédoise, et cuirassiers option cavalerie moderne* et fearless pour les 2 escadrons de finnois. Les 2 escadrons de cuirassiers livoniens et courlandais sont cuirassiers option lourd (heavy), les dragons sont bien-sûr dragons.

(*) Ou cavalerie moderne option déterminés (determined) si vous avez l’extension Kingdom.

Armée saxonne : Les 10 bataillons d’infanterie sont escadrons classiques avec mousquet (classic squadron musket only) option hésitant ; les régiments de cavalerie saxons sont cuirassiers modern cavalry, à l’exception des Gardes de l’Electeur (régiment Taube) qui est cuirassiers, heavy. L’artillerie est représentée par 1 unité d’artillerie moyenne.

Armée impériale : Les bataillons d’infanterie de la ligue catholique et bavarois (i.e. les bataillons comptant 2000+ hommes) sont Tercio option modernisé (i.e; avec mousquet). Les autres bataillons sont des escadrons classiques modernisés avec mousquet. Pour la cavalerie, les escadrons de cuirassiers sont cuirassiers lourds (heavy), les escadrons de cavalerie sont cuirassiers (sans option), les arquebusiers à cheval sont arquebusiers montés, les croates sont light horse pistol. Pour l’artillerie, référez vous à l’ordre de bataille.

Si vous souhaitez une cohérence entre les effectifs réels des bataillons et la simulation, adaptés le niveau de stamina. Par exemple, 1 point de stamina pour 100 chevaux pour la cavalerie et 1 point de stamina pour 300 hommes pour l’infanterie (ce qui ferait des brigades suédoises à 6 points de stamina et des tercios catholiques à 7 ou 8 points !). Ou alors 1 point de stamina pour 150-200 chevaux et 600 fantassins (brigades suédoises à 3 points et tercios catholiques à 4 points de stamina, bataillons impériaux et saxons à seulement 2 points de stamina, une compagnie de mousquetaires commandés sur chaque aile suédoise à 2 points de stamina chacune).

Le plan ci-dessous vous indique les éléments de terrain et la disposition des unités. Le corps saxon est placé sur une colline, ainsi que les bataillons placés à droite de la ligne catholique.

Stéphane Thion

Ordre de bataille inspiré de « Battles of the Thirty Years War : From White Mountain to Nordlingen 1618-1635 » de William P. Guthrie.

La cavalerie à l’aube du XVIIe siècle

La cavalerie à l’aube du XVIIe siècle

Lance contre pistolet

Depuis le début des guerres de religion, les folles charges de cavalerie ont marqué les esprits. Dreux, Saint-Denis, Moncontour, La Roche l’Abeille, Coutras… autant de champs de bataille dont la terre raisonne encore du galop des chevaux. Mais en cette fin de siècle, la question de l’armement du cavalier lourd est sujet à débat.

A l’aube du XVIIe siècle, pour la majorité des théoriciens militaires (Basta, Walhausen, Melzo) il n’existe plus que trois catégories de cavaliers : les lanciers, les cuirassiers (qui englobe les reîtres allemands, les herreruelos espagnols et les chevaux légers huguenots) et les arquebusiers à cheval ou carabins. Walhausen y ajoute les dragons. Alors que l’arquebusier à cheval et le carabin sont des cavaliers qui démontent, le dragon apparaît tout d’abord comme une infanterie montée. Mendoza, qui écrit quelques années auparavant, puis Montgommery et Billon utilisent pour leur part une autre classification : plutôt que de distinguer les cavaliers par leur armement, ils le font par leur façon de combattre : gendarmes (hombres de armas), chevaux légers (cavalleria ligera) et arquebusiers à cheval ou carabins (arcabuzeros a cavallo), Mendoza évoquant encore les reîtres (herreruelos). La raison en est simple : avec l’avènement d’Henri IV, la lance a été abandonnée par la noblesse française. Gendarmes et chevaux-légers utilisent maintenant le même armement, les seconds plus légèrement armés et protégés, alors que les arquebusiers à cheval et carabins sont pour leur part armés d’une arquebuse. Mais en Espagne, le débat sur l’intérêt de la lance fait rage.

Bernardin de Mendoza, dans sa Théorie pratique de la guerre, écrite en 1596, affirme que les lances sont plus efficaces que les reîtres ou herreruelos. Les escadrons de lances n’ont pas besoin d’être plus nombreux que 100 ou 120 au plus, alors qu’il faut 400 ou 500 herreruelos dans un escadron. Les succès des chevaux légers huguenots des guerres de religion, armés de pistolets, et des cuirassiers de Nassau ne feront pas changer d’avis les principaux théoriciens militaires du début du XVIIe. Comme le dit George Basta, comte du Saint-Empire Romain germanique et gouverneur Général de Hongrie et Transylvanie sous Rodolphe II, l’introduction des cuirasses en la France, avec un total bannissement des lances a donné l’occasion de discourir quelle armure serait la  meilleure. Lui aussi était convaincu du pouvoir de la lance : la lance inventée pour percer & diviser un escadron, demande vélocité & force pour le choc. Mais il ajoute que, pour obtenir l’impact escompté, l’utilisation de la lance nécessite quatre conditions : un bon cheval, un terrain plat, un cavalier parfaitement entraîné à son maniement et enfin, qu’elle soit répartie en petits, & non pas en gros escadrons, qu’il nomme escadronceaux, les établissant à vingt & cinq ou trente chevaux. La même année, Jean-Jacques Walhausen consacre le premier chapitre de son ouvrage « De l’instruction et gouvernement de la cavalerie» au lancier. Son opinion rejoint celle de Basta, et il propose que les lanciers soient réunis en petites compagnies de 40 à 60 chevaux, et celle de l’Espagnol Ludovic Melzo, qui écrit en 1619 un ouvrage sur le service de la cavalerie. Enfin, tous ces auteurs se rejoignent lorsqu’ils affirment que le cuirassé est plus facile à recruter et à former que le lancier.

L’historien Davila illustre bien ces débats lorsqu’il relate les combats de cavalerie prenant place devant Amiens en 1597 : durant les différentes escarmouches qu’on livra continuellement dans la plaine, plusieurs remarquèrent que quand le combat se passait entre cuirassiers ou carabins de part et d’autre, l’avantage demeurait pour l’ordinaire aux Français, mais que lorsque les gendarmes flamands ou franc-comtois entraient en lice, la cavalerie française ne pouvait soutenir le choc de leurs lances. Pour obvier à cet inconvénient qui causait beaucoup de perte et de chagrin à la noblesse, le Roi s’avança à la tête de ses escadrons, ordonnant de ne point se serrer en escarmouchant, mais de laisser beaucoup de vide entre eux. On en fit l’essai plusieurs fois, et l’on vit que le choc des lances ne rencontrant rien de solide, demeurait presqu’entièrement inutile. Cette manœuvre produisit un grand avantage, tant parce qu’on escarmouchait par pelotons dans une vaste plaine, où il était aisé de s’étendre, que parce que les lances des Espagnols étaient en très-petit nombre, en comparaison de la cavalerie française.

La cavalerie hollandaise va suivre l’exemple français en abandonnant la lance au cours des années quatre-vingt-dix. En 1591, à Knodsenbourg, le prince Maurice de Nassau dispose de quatre cornettes de lanciers et deux cornettes de carabins alors qu’en 1597, la cavalerie hollandaise n’est plus composée que de cuirassiers : à la bataille de Tielsche-Heyd, près de Turnhout, en 1597, la cavalerie portant des grandes pistoles avait l’avant-garde, et était divisée en six troupes (Les lauriers de Nassau, par Jean Orlers et Henry de Haestens, 1612). À Nieuport, en 1600, la cavalerie est uniquement formée de cornettes de cuirassiers, accompagnées de quelques-unes de carabins alors que les Espagnols possèdent plusieurs cornettes de lanciers. L’armée du Cardinal Albert qui se porte au secours de la ville d’Amiens, en 1597, compte ainsi 1 500 lanciers, soit la moitié de la cavalerie espagnole. Les Espagnols seront les derniers à aligner des escadrons de lances, ne les abandonnant que vers 1633.

 

Officier et lancier espagnols vers 1620-1630 (Aquarelle de K.A. Wilke)

Gendarmes, chevaux légers et carabins

Il existe encore, en France, comme en Espagne ou en Savoie, des compagnies de gendarmes. Mais il ne s’agit plus des anciennes compagnies d’ordonnance, qui disparaissent dans les années 1590. Au début du XVIIe siècle, selon Du Praissac, les compagnies de gendarmes ou d’hommes d’armes, sont divisées en compagnies de cent hommes d’armes, au moins celles du Roy, des Princes, du Connétable & des Maréchaux de France, les autres ne sont pas si fortes. Louis de Montgommery nous décrit des compagnies de gendarmerie plus fortes sous Henri IV (vers 1603) : nous laisserons les compagnies de gendarmes complètes de 200 maîtres pour les princes, officiers de la couronne et gouverneurs de provinces ; et les autres de 100 pour les seigneurs, et ceux auxquels il plaira au roi d’entretenir, effectif confirmé par l’ordonnance du 29 avril 1611. Et il décrit en détail leur équipement : leurs armes seront complètes, et useront de grèves et genouillères, dedans ou dessus la botte ; la cuirasse à l’épreuve de l’arquebuse devant et derrière ; ils porteront au lieu de la lance une escopette de celles que l’on fait maintenant, lesquelles tirent à 500 pas, car elles ne sont guère plus longues ni plus empêchantes que les pistolets de l’autre côté de l’arçon, ils y mettront un pistolet chargé d’un carreau d’acier, d’une flèche acérée.  (…) Pour l’ordre de combattre, chaque brigade (une compagnie se décompose en quatre brigades) se mettra cinq à cinq, qui fera pour la compagnie de 200 hommes d’armes 20 de front et 10 rangs, au troisième rang le guidon, et l’enseigne au cinquième. (…) Pour entrer au combat, ils doivent allé au pas, jusqu’à 100 pas de l’ennemi, puis au trot jusqu’à 25 ou 30, cela se juge à l’oeil, gardant toujours soigneusement leurs rangs, l’escopette sur la cuisse et le pistolet avec le chien couché dans le fourreau : lors les trompettes sonneront la charge, et les enfants perdus feront leur salut (feront feu), et eux tenant à demi bride, tireront leurs escopettes, les appuieras sur le poing de la bride au moins des premiers rangs, et lors chargeront à toute bride le pistolet à la main lequel ils ne tireront point qu’appuyé dans le ventre de l’adversaire, au dessous du bord de la cuirasse dans la première ou seconde lame de la tassette (s’il est possible).

Concernant les chevaux légers, Montgommery les décrit comme des gendarmes plus légèrement armés : quant aux chevaux légers, les troupes seront toutes de 100 maîtres, feront 3 quadrilles, et en useront comme nous avons dit des gendarmes ; ils s’armeront d’armes complètes, ayant une cuirasse à preuve et le reste léger ; ils auront un pistolet à l’arçon sous la main de la bride, et à l’autre leur salade ou habillement de tête. Leur apparence ne se modifie guère entre les années 1590 et 1620 comme nous le montre cette description des chevaux légers du Roi en 1614 : suivaient les chevaux légers de la compagnie (du Roy), armés & cuirassés le casque en tête, les guidons en main, avec les écharpes & livrées de sa Majesté.

Mais si Montgommery prescrit que la cavalerie combatte sur 10 rangs, le sieur Du Praissac, qui écrit dix ans plus tard et est plus imprégné des théories de Maurice de Nassau,  préconise que des compagnies de 108 chevaux se déploient sur 6 rangs.

Montgommery donne la paternité des carabins aux Espagnols et les décrit ainsi : les carabins sont institués pour entamer le combat, pour suivre la victoire, pour les retraites, et pour les escarmouches : ils sont nommés carabins par les Espagnols qui en ont été les auteurs. Melzo affirme pour sa part que les arquebusiers à cheval furent inventés par les Français, lors des dernières guerres du Piémont qui les appelèrent dragons, nom qu’ils gardent encore. (…) Les Arquebusiers à cheval sont de grand profit si on les emploie avec raison : parce qu’ils sont bien utiles pour les gardes des quartiers, pour les escortes (surtout lorsqu’on escorte des voitures) pour battre l’estrade et pour aller prendre langue. Il décrit plus loin les carabins et la manière de combattre qu’ils doivent adopter : leurs armes doivent être, une cuirasse échancrée à l’épaule droite, afin de mieux coucher en joue, un gantelet à coude pour la main de la bride, un cabasset en tête, et pour armes offensives une longue escopette de 3 pieds et demi pour le moins ; les plus longues se porteront mieux en écharpe. Il doit porter aussi un pistolet comme les autres. Les carabins doivent être prompts à recharger, et pour cet effet porter des cartouches à la reître, et quantité de poudre et de plomb sur eux, chacun un bon cheval et vif, mais non pas des petits bidets. Pour leur manière de combattre étant dans l’ordre que j’ai dit ci-devant, seront 15 de front et 7 à 8 rangs ; les 2 quadrilles de carabins à main gauche, trois à trois, celle du maréchal des logis s’avancera la première conduise par son caporal, lequel aura une longue arquebuse au poing. Jérémie de Billon nous dit, vers 1610, que la compagnie de carabins serait de soixante hommes (…). Ils auraient la cuirasse à l’épreuve et un pot ou salade sans autres armes défensives. Et pour armes offensives, une grosse arquebuse à rouet de trois pieds ou un peu plus, ayant fort gros calibre, et l’épée au côté, et un pistolet court, c’est comme le roi les a lui-même institué.

Ces carabins, armés, selon Davila, pour la plupart de plastrons & de casques, & montés sur de petits chevaux vifs & exercés à toutes les évolutions, sont redoutés de l’ennemi.

Gendarme/Cuirassier vers 1630 (Aquarelle de K.A. Wilke)

 

De la compagnie au régiment de cavalerie

Au début du XVIIe siècle, les impériaux lèvent déjà des régiments de cavalerie comptant de 5 à 10 compagnies de 100 chevaux. Beaucoup de ces régiments  joignent compagnies de cuirassiers et d’arquebusiers. Ainsi les trois régiments wallons, de 500 chevaux chacun, envoyés au Palatinat en 1620, comptent 3 compagnies de cuirassiers et 2 compagnies d’arquebusiers chacun. Cette même année, plusieurs régiments de la Ligue catholique comptent 600 cuirassiers et 400 arquebusiers. Une compagnie comprend le plus souvent un capitaine (Rittmeister), un lieutenant, un cornette, un fourrier, 3 caporaux, 3 trompettes, un maréchal-ferrant, parfois un secrétaire (mustershreiber), un armurier (plattner), un maréchal des logis, un quartier-maître et un prévôt. Walhausen propose que les compagnies de cuirasses soient de 100 hommes pour le moins, les compagnies d’arquebusiers, qu’il appelle aussi carabins ou bandeliers à cheval, de 50 à 60 chevaux et les compagnies de dragons de 200 hommes.

La cavalerie danoise du roi Christian IV, qui combat pour la cause protestante de 1625 à 1629, est aussi organisée en régiments. Chaque régiment compte 6 compagnies de 106 chevaux. Une compagnie se divise en quatre troupes, trois de 27 cuirassiers et une de 25 arquebusiers.

La seule unité permanente, en France, en Hollande et en Espagne, reste la compagnie franche d’une centaine de chevaux. Louis de Montgommery propose, à l’aube du XVIIe siècle, que chaque compagnie de chevaux légers ait une troupe de 50 carabins avec elle, en deux quadrilles de 25, sous la charge d’un lieutenant.  Mais, en 1621, les troupes de carabins seront séparées des compagnies de chevaux légers, et formeront un corps particulier sous un mestre de camp des carabins, Arnaud de Corbeville. Et il faudra attendre 1635 pour voir en France la première tentative de formation en régiments, que ce soit de carabins ou de chevaux légers. Hollandais et Espagnols font aussi combattre leurs compagnies d’arquebusiers à cheval de concert avec les cuirassiers. Ainsi, à Nieuport, le comte Louis-Günther de Nassau commande à 3 compagnies d’arquebusiers de s’avancer et faire leur décharge alors qu’il les suit de près avec 5 ou 6 compagnies de cuirassiers.

Quand à la manière de faire combattre, le cavalerie combat en escadrons de 200 à 700 chevaux sur une dizaine de rangs de profondeur. Certains généraux privilégient de gros escadrons, d’autres, comme le prescrit Montgommery, de petits escadrons, plus faciles à commander. C’est effectivement ce que fit Henri IV à Ivry, selon Palma de Cayet : le Roy, qui avait expérimenté en d’autres batailles et combats qu’il était plus avantageux de faire combattre la cavalerie en escadron qu’en haye. Le Roi juge donc, selon Davila, à propos de partager sa cavalerie en plusieurs escadrons, pour affaiblir le choc des lances, & afin que dès qu’elles auraient chargé, deux ou trois escadrons moins gros pussent les attaquer de toutes parts, & ne pas exposer toute sa cavalerie à essuyer de front la violence de leur première charge. Chacun de ces escadrons comptent 250 à 400 chevaux, à l’exception du sien qui en fait 600. Espagnols et Hollandais forment aussi des escadrons de 200 à 400 chevaux en regroupant 2 à 4 compagnies. Les Espagnols les appellent trozos, les Hollandais, troupes.

Au début de la guerre de Trente ans, les escadrons comptent en moyenne 400 chevaux, que ce soient ceux de Tilly ou ceux des protestants. Les catholiques forment leurs escadrons sur 10 rangs alors que les protestants adoptent des formations moins profondes, sur 6 rangs. Ces formations étaient bien adaptées à la tactique de la caracole, privilégiant le feu à la charge épée en main. Chaque rang de cavalier avance alors à 30 ou 50 pas de l’ennemi, fait feu puis se retire à l’arrière de l’escadron pour recharger. La caracole en «limaçon» est similaire, à la différence que le tir se fait par file : la file de gauche s’avance, tourne sur sa droite de façon à présenter son flanc gauche à l’ennemi, fait feu, fait le tour de l’escadron et vient se replacer à sa position d’origine pour recharger.

L’allègement de la cavalerie lui permet par ailleurs de démonter, comme c’était le cas durant la guerre de cent ans. Montgommery termine ainsi son ouvrage par les mots suivants : toutefois la cavalerie généreuse, pleine de noblesse, comme la nôtre, peut en partie intervenir à ces défauts, car elle est si volontaire & prompte au service de son Roy, & encline à l’honneur, que volontiers une partie, voire tous mettront pied à terre pour quelque grand effet, chose que nous avons vu souvent exercer durant nos dernières guerres civiles. Car quand nous mettrons dans chaque régiment français 200 gentilshommes & 100 carabins à pied, la pique à la main, & le pistolet en écharpe, il n’y a bataillon d’Espagnols ni même de Wallons, lesquels je crois être des meilleurs fantassins du monde qui n’en fut sauvé, témoin le convoi de Lan. Cet épisode est décrit en détail par Sully dans ses mémoires. Il s’agit de l’attaque, par le maréchal de Biron, d’un convoi espagnol défendu par 100 chevaux et 1 600 à 1 800 fantassins espagnols, wallons et allemands : le combat tirant en longueur, Biron ordonna donc pour dernière ressource, que les 100 gentilshommes missent pied à terre, qu’ils joignissent à leurs armes, qui étaient l’épée et le pistolet, la pique (il en avait fait apporter en quantité), et qu’ils remmenassent à la charge nos gens de pied français et suisses, qui n’avaient encore pu entamer les Espagnols. Les Espagnols cédèrent enfin et se sauvèrent dans les bois et sous les chariots, après avoir jeté leurs armes. Cette pratique n’est pas propre à la cavalerie française puisque Tilly, qui combat alors, en 1600, en Hongrie sous le comte de Mercoeur, fait aussi démonter ses cuirassiers au moins en une occasion, pour repousser une bande de 3 000 Tartares.

Stéphane Thion

La bataille de Rheinfelden (3 mars 1638)

La bataille de Rheinfelden (3 mars 1638)

 

Fin 1637, le duc Bernard de Saxe-Weimar, maintenant au service de la France, passe en Alsace, venant de Lorraine, et traverse le Rhin. Puis il traverse la montagne noire en direction de Zürich, dans l’espoir de faire des levées en Suisse. L’armée du Duc compte alors dix régi­ments de cavalerie et huit d’infanterie. Alors que son adversaire, le duc de Savelli, ayant pris ses quartiers d’hivers à Fribourg, pourvoit en hommes les villes menacées, le duc de Weimar remonte le Rhin et fait sa jonction avec le duc de Rohan qui était en Valteline. Souhaitant empêcher les Impériaux de secourir le duc Charles de Lorraine, Weimar part le 28 janvier 1638 pour Laufenburg, qu’il prend le 30 janvier. Après avoir négocier la reddition de la ville de Waldshut, le duc Bernard se porte sur Rheinfel­den, ville située plus en aval, pour en faire le siège alors que ses subordonnés Nassau et Rosen sont envoyés vers l’Est, du côté de Constance et de Lindau, pour surveiller l’ennemi.

Bernard fait bloquer les accès de Rheinfelden aux premiers jours de février puis met son artillerie en batterie. L’armée weimarienne prend alors ses quartiers d’hivers, tout en s’activant au siège. Les 22, 26 et 28 février, trois mines explosent mais la ville résiste toujours. C’est alors que les impériaux vont réagir. Le 28 février, Jean de Werth réunit ses Bavarois aux Impériaux du duc Savelli, et se présente vers 8 heures du matin avec neuf régiments de cavalerie, quatre régiments d’infanterie fai­sant près de 3 000 hommes et deux compagnies de Croates. Les troupes impériales étaient à l’aile droite sous le commandement de Savelli, et les bavaroises à gauche, sous Jean de Werth. Alors que l’aile droite du duc Bernard enfonce l’aile gauche des ennemis, les impériaux mettent la gauche weimarienne en fuite. Le duc de Rohan qui sert alors dans l’armée de Weimar, y est blessé et fait prisonnier.  Le camp weimarien est pris ainsi que plusieurs officiers, forçant le duc à lever le siège.

Cette première bataille se solde par un échec pour le duc de Wei­mar. Mais celui-ci ne se décourage pas : il lève le siège et repart pour Laufenburg et Säckingen où il prend un avant-poste impérial. Enfin, ayant reposé et restauré ses hommes, il revient sur la plaine de Rhein­felden proposer la bataille à Savelli et de Werth, le 3 mars 1638. Les deux généraux bavaro-impériaux ne peuvent réunir toutes leurs trou­pes. Il leur manque ainsi trois de leurs meilleurs régiments de cava­lerie, les cuirassiers de Lamboy & de Billehe et les demi-cuirassiers de Sperreuter. Mais Savelli organise sa défense derrière un fossé de drainage, sa droite appuyée sur le Rhin et sa gauche sur un bois, son armée disposée en trois échelons.

L’armée du duc de Weimar, progresse en bon ordre vers l’ennemi. Alors que Taupadel fixe l’aile gauche ennemie et que l’artillerie ouvre de larges sillons dans les bataillons ennemis, les deux bataillons d’infan­terie weimariens franchissent le fossé. Les trois bataillons impériaux et bavarois, déployés hâtivement et affaiblis par les tirs combinés de l’infanterie et de l’artillerie régimentaire weimarienne, lâchent alors pied en entraînant la cavalerie dans leur fuite. Malgré la bonne tenue de l’aile de Werth, qui essaye de couvrir la déroute, l’armée impériale est annihilée : les pertes sont de 500 tués et 3 000 prisonniers.

 

 

Les armées impériale et bavaroise à Rheinfelden (1638)

Général en chef : duc Frederico Savelli & feld marshall Jean de Werth (Command Rating 8)

Aile droite impériale : Savelli

1er échelon : 1 régiment d’arquebusiers à cheval bavarois (Neunech) en 2 escadrons.

2e échelon : 1 régiment de dragons bavarois diminué (Wolf) soit 1 escadron et 2 esca­drons des cuirassiers bavarois Gayling. Ces deux escadrons sont répartis face aux intervalles de l’infanterie, de part et d’autre d’Henderson.

3e échelon : 1 escadron de Croates impériaux en 2 compagnies (Rejcovics) et 1 escadron des cuirassiers bavarois Gayling, placé entre les 2 premiers escadrons de ce régiment.

Centre : Sperreuter

1er échelon : 3 régiments d’infanterie bavarois, formant 3 bataillons (1 régiment impérial, Hen­derson, et 2 régiments bavarois, Pappenheim et Gold).

2e échelon : 2 escadrons des arquebusiers bavarois de Horst, répartis face aux intervalles de l’infanterie de Gold.

Aile gauche bavaroise : Jean de Werth

1er échelon : 1 régiment d’arquebusiers à cheval bavarois (Werth) en 2 escadrons et 1 régiment d’infanterie bavarois (Wahl) formant 1 bataillon contre les bois à l’extrême gauche.

2e échelon : 2 escadrons d’arquebusiers à cheval impériaux (régiment Valois ou Salis), face aux intervalles du premier échelon, entre les escadrons de Werth et l’infanterie de Wahl.

Aucune artillerie, mais un rideau de tirailleurs, près de la moitié des mousquetaires de l’armée, a été placé derrière le fossé de drainage.

Note : Les Bavarois étaient organisés sur les mêmes lignes que les Im­périaux, en régiments d’une dizaine de compagnies, pour l’in­fanterie comme pour la cavalerie, faisant maintenant de l’ordre d’un millier d’hommes, beaucoup moins en pratique, surtout pour la cavalerie. Durant les années 1636-38, les régiments et bataillons d’infanterie impériaux comptent 600 à 900 hommes alors que les régiments de cavalerie comptent de 300+ chevaux. L’infanterie combat en bataillons disposés sur dix rangs et la cavalerie en escadrons disposés sur quatre ou cinq rangs et chargeant au trot.

Lors de la première bataille de Rheinfelden, le 28 février, l’ar­mée bavaro-impériale est estimée à près de 7 500 hommes dont 4 500 à 5 000 cavaliers en 20 escadrons et 2 500 fantassins en trois bataillons et ne dispose d’aucune pièce d’artillerie. Le 3 mars, il manquera trois des régiments de cavalerie faisant 1 500 chevaux.

Pour LM Tercios, un bataillon d’infanterie impérial ou bavarois est représenté par un escadron classique modernisé (Classic squadron option modernised), les escadrons de cuirassiers par des escadrons de cuirassiers lourds (options heavy et caracole), les escadrons d’arquebusiers à cheval par des escadrons d’arquebusiers montés et les escadrons de Croates par des escadrons de cavalerie légère avec arquebuse (light horse, options veteran & arquebus).

 

L’armée weimarienne à Rheinfelden (1638)

Général en chef : duc Bernard de Saxe-Weimar (Command Rating 9)

Aile droite : Taupadel

Cavalerie : 5 régiments de demi-cuirassiers en 10 esca­drons, sur deux échelons : 3 en première ligne (Potbus, Wurtemberg et Nassau) et 2 en seconde ligne (Tau­padel et Rhingrave), dans les intervalles.

Aile gauche : Bernard de Saxe-Weimar

Cavalerie : 5 régiments de demi-cuirassiers en 10 escadrons, sur deux échelons : 2 en première ligne (Bo­dendorf et Rosen) et 3 en seconde ligne (Kanoffsky, entre les 2 bataillons d’infanterie, Ohm, entre Bodendorf et l’in­fanterie, et Caldenbach, entre les deux régiments de cavale­rie de première ligne).

2 régiments d’infanterie (Forbus & Hattstein) en 2 bataillons au centre.

Artillerie : 8 pièces légères de bataillons (de 3 livres) et 4 pièces moyennes de 12 livres.

Note : À la mi-1637, l’armée du duc Bernard de Saxe-Weimar se com­pose de dix régiments de cavalerie faisant 5 000 chevaux et quatre régiments d’infanterie totalisant 4 000 hommes. En janvier 1638, il ne reste que 4 000 chevaux en dix régiments et 2 000 fantassins en deux régiments. Chaque régiment de cavalerie compte théoriquement huit compagnies totalisant 500 hommes alors que les régiments d’infanterie comprennent théoriquement douze com­pagnies de 100 hommes, pour un total de 1 200 hommes. Cet établissement sera rarement atteint. Les weimariens combattent comme les suédois, en « brigades » (ou bataillons) de 700 à 1 000 hommes disposés sur six rangs et en escadrons de 200 chevaux disposés sur trois rangs et chargeant au galop.

L’armée de Bernard de Saxe-Weimar à Rheinfelden est estimée à 6 000 hom­mes dont 4 000 chevaux en 20 escadrons, 2 000 fantassins en deux bataillons et 14 canons (8 pièces de bataillon de 3 livres, 4 pièces de 12 et 2 pièces de 24).

Pour LM Tercios, les 2 bataillons d’infanterie sont des escadrons modernes vétérans (modern squadron, option veteran) ; les escadrons de cavalerie sont des escadrons de  cavalerie moderne demi-cuirassiers (modern cavalry, options demi-cuirassiers). Si vous n’avez pas l’extension Kingdoms, ces escadrons sont Cuirassiers avec option Modern Cavalry (ce qui revient au même !). L’artillerie légère peut être transformée en regimental gun.

Alternative : donner à l’ensemble de la cavalerie weimarienne, l’option veteran. mais il vous faudra en faire de même avec la cavalerie bavaro-impériale pour équilibrer. Vous pouvez par ailleurs équilibrer les armées en donnant cette option à quelques  unités après calcul des budgets des deux armées.

Enfin, vous pouvez diviser le nombre d’unités par deux, pour les deux armées, si vous n’avez pas assez de figurines.

Bon jeu !

Les formations d’infanterie à l’aube du XVIIe siècle

Les formations d’infanterie à l’aube du XVIIe siècle

À l’aube du XVIIe siècle, l’infanterie va se transformer. Les formations profondes espagnoles, suisses et allemandes, carré d’hommes ou carré de terrains, vont progressivement s’affiner.

L’infanterie de toutes les nations est maintenant organisée en régiments. Imitant le tercio espagnol, composé de 12 compagnies de 250 hommes, le régiment d’infanterie impérial est organisé en régiments de 10 compagnies de 250 ou 300 hommes soit, théoriquement, 2 500 ou 3 000 hommes. Le régiment wallon et bourguignon est aussi à 3 000 hommes, en 15 compagnies de 200 hommes. Ce sont ainsi 6 000 Wallons, en deux régiments, celui de Bucquoy et celui de Miraumont, que le Roi d’Espagne envoie à l’Empereur pour renforcer son armée, en 1619. Les régiments protestants des premières années de la guerre de Trente ans étaient de taille comparable, comptant 2 à 3 000 hommes. J.J. Walhausen, qui écrit son Art militaire pour l’infanterie vers 1606-1615, évoque, en parlant de la Haute-Allemagne, des régiments de 3 000 hommes à dix compagnies de 300 hommes, chaque compagnie comptant 150 mousquetaires et 120 piquiers plus l’encadrement : un capitaine, un lieutenant, un porte-enseigne, trois sergents, un capitaine des armes, un caporal des appointés, trois caporaux, trois lanspessades, les appointés, trois ou quatre tambours, un chirurgien et un prévôt.  Les vieux régiments français, comme on le verra plus loin, comptent plutôt 2 000 hommes en 20 compagnies de 100 hommes.

Pour combattre, l’infanterie se forme en bataillons ou escadrons. L’infanterie espagnole du Cardinal Albert, qui se porte au secours d’Amiens en 1597, compte quatre bataillons faisant de l’ordre de 4 000 hommes chacun, plus différentes manches d’arquebusiers : l’avant-garde était un bataillon carré, deux autres bataillons carrés formaient le centre, (…) et un corps d’infanterie d’élite fermait la marche, alors que 500 arquebusiers sont distribués dans les intervalles des charrettes. En pratique, un tercio de 3 000 hommes, composé de 1 324 corselets (coseletes en espagnol), 1 526 arquebusiers et 150 mousquetaires, se forme en un seul escadron, les corselets en formant le corps, disposés en 36 files de 36 hommes. Arquebusiers et mousquetaires forment alors les garnisons,  une à chaque angle du carré de piquiers. Martin Eguiluz, qui écrit en 1595, propose encore d’énormes escadrons de plus de 10 000 hommes et Lelio Brancacio qui écrit 30 à 40 ans plus tard, préconise de gros escadrons carré d’hommes, composés d’un ou plusieurs tercios. Un escadron composé d’un tercio complet sera de 2 500 hommes (1 000 piquiers, 1 050 arquebusiers et 450 mousquetaires), plusieurs tercios pourront composer un gros escadrons de plus de 6.000 hommes. Mais dès 1600, les escadrons espagnols, manches comprises, comptent moins de 2 000 hommes : 1 500 à 1 800 hommes pour chacun des quatre tercios aligné à la bataille de Nieuport, chaque tercio formant un escadron, et 1 300 hommes pour les escadrons alignés à Fleurus, en août 1622. Un mois plus tard, Gonzalvo de Cordova présentera son infanterie à l’Infante en 5 escadrons de 1 000 hommes

Durant la guerre de Trente ans, le bataillon impérial ou de la Ligue catholique dépasse rarement les 2 000 hommes : à la Montagne Blanche, cinq bataillons comptent 1 250 à 1 700 hommes, quatre font 2 000 à 2 500 hommes alors que les Wallons, vétérans des Flandres, forment un bataillon de 3 000 hommes. Le comte de Tilly est un adepte de l’escadron espagnol avec garnisons de mousquetaires. À la bataille de la Montagne Blanche, il dispose son aile droite, commandée par Bucquoy, en cinq gros d’infanterie avec leurs mousquetaires, aux pelotons des quatre coins et aux deux manches et les piquiers au milieu. Les quatre en forme carrée de pareille distance et le cinquième au milieu (Mémoires de Du  Cornet). Alors que les bataillons impériaux et liguistes se forment sur 20 à 30 rangs, en bataillon doublé, de façon à obtenir un bataillon deux fois plus large que profond, les bohémiens et les protestants scindent leurs régiments en bataillon de 800 à 1 000 hommes sur 10 rangs.

Selon le sieur du Praissac, ordinairement on fait cinq sortes de bataillons, à savoir carrés d’hommes, carrés de terrain, doublés – quand le front est au fond selon quelque proportion donnée, et de grand front. L’espace que quelque soldat occupe, marchant en bataille, est de 3 pieds en front, et 7 en fonds. (…) Les bataillons carrés d’hommes ou de terrain, sont faibles de front, et ceux de grand front sont fort faibles de fonds. Les Espagnols se servent le plus souvent des bataillons doublés, et les Hollandais de longs, car ils ne font leurs files que de 10 hommes. Walhausen propose de faire, avec un régiment de 3 000 hommes, de 3 à 12 escadrons, les formant en 50 files de 5 hommes, soit 250 hommes, ou en 100 files de 10 hommes, soit 1 000 hommes. Il s’inspire ainsi de Maurice de Nassau, qui scinde, à Nieuport, ses 9 régiments en 16 bataillons de 600 à 650 hommes chacun. Dans ses Principes de l’Art Militaire, Henry Hexham décrit le bataillon hollandais en files égales de 10 hommes. Pour lui, la meilleure façon de former une division est de réunir 500 piquiers et mousquetaires et d’en faire 25 files de chaque. Au début de la guerre de Trente Ans, de nombreux princes protestants s’inspireront de l’école hollandaise. Ainsi, l’armée du Margrave de Bade, qui affronte Tilly à Wimpfen les 5 et 6 mai 1622, est bien encadrée et bien entraînée, ses régiments organisés en 10 compagnies de 200 hommes. Chaque régiment est déployé en un bataillon de 1 400 hommes, le reliquat formant les enfants perdus, de 140 files sur 10 rangs, moitié mousquetaires, moitié piquiers. Les armées de Mansfeld et de Christian de Bunswick semblent être organisées en régiments d’une dizaine de compagnies de 200 hommes, effectif théorique bien sûr, combattant en bataillons de 1 000 hommes sur 10 rangs. L’infanterie danoise du roi Christian, qui combat de 1625 à 1629, s’inspire aussi de ce modèle, formant ses régiments à 12 compagnies de 200 hommes, en deux bataillons de 1 200 hommes, avec une proportion de deux mousquets pour une pique.

L’infanterie française, influencée par les pratiques des protestants, privilégie les bataillons faisant moins d’un millier d’hommes sur 10 rangs. Dès la bataille d’Ivry, Henri IV fait former de petits bataillons de 500 arquebusiers pour encadrer ses escadrons de cavalerie. Dans son sillage, Jérémie de Billon préconise, vers 1610, des bataillons de 500 hommes, disposés en 50 files sur 10 rangs, soit 300 piquiers flanqués de dix files de 10 mousquetaires de chaque côté. En cas de besoin, deux bataillons peuvent se réunir en un gros bataillon de 1 000 hommes. Mais cet auteur innove un peu plus en proposant de les déployer en brigades de trois bataillons : il y en aura deux en face qui ne sembleront n’être qu’un corps et un autre derrière ces deux là ; ou alors, on mettra un bataillon seul en front et deux autres derrière, et quand on en viendra aux mains avec l’ennemi, ils partiront et iront charger de flanc. Le sieur du Praissac, qui écrit à la même époque (vers 1610-1612), propose aussi de scinder les régiments en petits bataillons de 690 hommes comptant chacun cinq compagnies, moitié piquiers et moitié mousquetaires. Le maréchal de Créquy s’inspire sans doute des recommandations de ces deux auteurs, lorsqu’en 1620, au combat de Pont-de-Cé, il forme chacun de ses trois régiments (dix compagnies des Gardes-Françaises, Picardie et Champagne) en cinq bataillons de deux compagnies : cas régiments ayant détaché 100 à 150 enfants perdus, chaque bataillon ne compte guère plus de 300 hommes. Fin 1628, le régiment d’Estissac, qui compte alors 1 400 hommes, défile devant le Roi en deux bataillons.

La proportion de mousquetaires ou arquebusiers et de piquiers va rapidement passer d’une majorité de piques vers 1600 à deux tiers d’armes à feu dans les années 1620. En 1600, une compagnie wallonne de 200 hommes compte déjà 50 piquiers, 50 mousquetaires et 100 arquebusiers. En France, la proportion de piques, qui était de l’ordre de 7 piques pour 3 mousquets dans les vieux régiments, va diminuer à partir de 1610.  À cette époque, Jérémie de Billon rapporte que quelques étrangers observaient qu’ayant de vieux soldats, les deux tiers étaient piquiers et l’autre tiers mousquetaires. Et si c’étaient nouveaux soldats, les deux tiers étaient mousquetaires et l’autre tiers était piquiers. Dans le même temps, Du Praissac affirme que la force de l’infanterie à la campagne est la pique, & aux forteresses est la mousqueterie : afin donc de subvenir à l’un & à l’autre, la compagnie sera composée moitié piques, moitié  mousquetaires.

Vers 1615, une compagnie suisse de 300 hommes comptait 40 mousquetaires, 15 arquebusiers et 245 piquiers (dont 50 corselets). En 1624, une compagnie suisse de 200 hommes ne compte plus que 125 piques (dont 60 corselets) pour 60 mousquets, 15 arquebuses et 3 officiers, soit un peu plus de 60% de piques. Les compagnies françaises passeront à 40 piques pour 60 mousquets vers 1630.

Selon Montgommery, tout soldat piquier doit se styler et exercer à manier dextrement une pique, laquelle doit être de dix-huit pieds. Il la portera couchée sur l’épaule, la main contre le brassal, le bout regardant le jarret de celui  qui marche devant lui, et le faire trois pieds plus haut que la tête de celui de derrière ; il faut en marchand prendre la cadence du tambour, avec le plus de grâce, et de gravité, qu’il sera possible, car la pique est une arme honorable, et qui mérite d’être portée avec geste brave et audacieux : l’espagnol l’appelle reine des armes.

Les arquebusiers et mousquetaires servent comme manches d’un bataillon, sur les flancs et le front des piquiers, mais aussi comme enfants perdus, écran de tirailleur qui se déploie sur le front de l’armée. L’arquebuse se fait de plus en plus rare dans les années 1620. En France, elle disparaît complètement en 1627, pendant le blocus de la Rochelle.

Stéphane Thion

 

Infanterie de l’Union Protestante vers 1620 (Aquarelle de K.A. Wilke)

La bataille de Wittstock (4 octobre 1636)

La bataille de Wittstock (4 octobre 1636)

Wittstock (1636) : Les Suédois reprennent l’initiative

Les exploits des armées suédoises, durant la guerre de Trente Ans, ne se sont pas arrêtés à la mort de Gustave-Adolphe. Breitenfel (1631) et Lützen (1632) ne seront que les prémices d’une longue série. D’autres généraux brillants sauront reprendre le flambeau du défunt grand roi-général : Baner, Torstensson, Bernard de Saxe-Weimar puis Wrangler feront trembler les armées impériales et saxonnes seize années de plus.

Les premières années de la guerre de Trente Ans

La guerre de Trente Ans est à l’origine un conflit religieux opposant les partis catholiques et réformistes de l’empire des Habsbourg. Il trouve ses origines en Bohême, la république Tchèque d’aujourd’hui, dans les opérations de « contre-réforme » menées par les catholiques, à l’instigation de l’empereur Ferdinand II de Habsbourg, qui tentaient de reconquérir le terrain perdu face à l’église réformée. En 1609, Rodolphe II accorde la liberté religieuse à ses sujets de Bohême. Les protestants tchèques bénéficient en plus d’avantages politiques et de dispositions particulières pour que les édifices consacrés au culte soient utilisables par les différentes confessions. La Lettre de majesté de 1609, accordée à contrecœur par Rodolphe II, fut une épine dans le pied des catholiques mais aussi des Habsbourg, au premier rang desquels le tout nouvel empereur et roi de Bohême, Ferdinand II. Les catholiques mobilisent alors toutes leurs énergies pour reprendre le contrôle des paroisses protestantes. Chaque fois qu’il est possible, dans les conflits qui opposent les deux confessions, le pouvoir royal, en Bohême, ou impérial, sur les terres de l’empereur, intervient en faveur des catholiques. C’est le règlement brutal d’un tel différent en faveur des catholiques qui donnera lieu à la « défenestration de Prague », le 23 mai 1618. Dès lors, Ferdinand II n’aura de cesse de rétablir le pouvoir impérial ainsi que la prééminence de la religion catholique au sein de l’empire.

Les états de Bohême se révoltent alors et donnent la couronne de Bohême à l’Electeur Palatin Frédéric V. Mais les forces protestantes sont mal préparées : l’armée de la ligue catholique, commandée par Tilly, écrase celle de la confédération de Mathias de Thurn, Mansfeld et Christian d’Anhalt, le 7 novembre 1620 à la bataille de la Montagne Blanche, non loin de Prague. Christian de Brunswick subit plus tard une défaite totale face à Tilly le 6 août 1623 à Stadtlohn et les différents succès impériaux entre 1620 et 1624 commencent à inquiéter fortement les puissances européennes : Provinces Unies, Etats protestants d’Allemagne du Nord, Angleterre, Danemark, Suède mais aussi France. A cette époque, les Provinces Unies sont en guerre contre l’Espagne et ne peuvent intervenir, la Suède est en conflit avec la Pologne et la France fait face à des rebellions protestantes. Au mois de juin 1625, c’est donc Christian IV de Danemark qui se porte au secours de la cause protestante. Mais le 26 avril 1626, Wallenstein, entré au service de l’empereur, bât Mansfeld à la bataille du Pont de Dessau puis Tilly écrase l’armée de Christian IV le 26 août à Lutter-am-Barenberg. Les années 1627 et 1628 seront alors des années de conquête des territoires de Christian IV et de ses alliés en Allemagne du Nord, puis de réorganisation religieuse dans les territoires conquis. Le traité de paix du 7 juin 1629 met fin à l’intervention danoise. Ferdinand II a maintenant les mains libres pour publier son édit de restitution de 1629, qui remet en cause les sécularisations abusives réalisées depuis 1555. Si le temps des conflits armés parait révolu, celui des complots est à son zénith. Wallenstein suscite de nombreuses inimitiés au sein de l’empire, notamment celles du duc Maximilien de Bavière et de Tilly. Encouragé par son entourage et par les agents de Richelieu, l’empereur Ferdinand II renvoie Wallenstein le 34 août 1630. Redoutant la victoire de Ferdinand II, la diplomatie française contribue ainsi à ce que l’empereur se « coupe un bras », à la veille de l’intervention suédoise.

La Suède entre en lice

Car au même moment, les succès de Ferdinand II, la diplomatie et les subsides françaises motivent Gustave Adolphe, roi de Suède, à intervenir en Allemagne du nord. Tilly, craignant l’arrivée de l’armée suédoise, ordonne l’assaut de Magdebourg et la population de la ville est massacrée le 20 mai 1631. Mais la victoire de Gustave Adolphe sur Tilly à Breitenfeld, le 17 septembre 1631, pousse l’empereur à rappeler Wallenstein. Celui-ci laisse la Bavière du duc Maximilien se faire ravager par les troupes suédoises pendant que Tilly meurt d’une blessure fin avril 1632. Gustave Adolphe échoue face à Wallenstein, sous les murs d’Alte feste, une forteresse proche de Nuremberg, en juillet 1632. Le roi de Suède se reprend vite et bat Wallenstein à la bataille de Lützen, le 16 novembre 1632. Cette victoire sera pourtant dramatique puisque le « lion du nord » y trouve la mort.

Poussés par la France de Louis XIII et le chancelier suédois Oxenstierna, les généraux suédois Baner, Horn, Torstensson et l’allemand Bernard de Saxe Weimar continuent la guerre, malgré la lassitude des populations. Wallenstein bat les suédois à Steinau en septembre 1633 mais Bernard de Saxe-Weimar entre à Donauwörth puis à Ratisbonne le 14 novembre 1633. La prise de Ratisbonne, ville de la Diète d’Empire, aura une conséquence importante puisqu’elle pousse le duc Maximilien de Bavière à comploter une fois de plus contre Wallenstein : le généralissime est finalement assassiné dans la nuit du 25 au 26 février 1634. Ce forfait ne profitera pourtant pas aux suédois puisque, le 6 septembre, le maréchal Horn subit une lourde défaite à Nördlingen. Les suédois abandonnent alors la Bavière et Bernard de Saxe-Weimar retourne en Alsace. Finalement, un traité de paix est signé, le 30 mai 1635, entre l’Electeur de Saxe et l’Empereur, traité qui sera étendu à tous les princes allemands qui le souhaitent.

La bataille de Nördlingen, le 6 septembre 1634, aura été le tombeau de l’infanterie suédoise. Prudemment, le duc Bernard de Saxe Weimar choisit donc de suivre sa propre voie, et entre au service de la France. Mais, à la tête de l’armée suédoise, deux élèves de Gustave Adolphe sont prêts à reprendre le flambeau,: Johan Baner et Lennart Tortensson. C’est à Baner qu’échoit la respon­sabilité de rebâtir l’armée suédoise : énorme, buveur invétéré, paranoïaque, cynique et brutal il n’en reste pas moins un géné­ral excellent et bon meneur d’hommes.

La bataille de Wittstock, 4 octobre 1636

Nous sommes en 1635. Conséquence de la victoire de Nördlingen, l’armée saxonne de l’électeur Jo­hann Georg, jusqu’alors indécise, rejoint l’armée impériale du lieutenant général Melchior von Hatzfeld. Le 11 avril 1636, les deux armées font leur jonction, obtenant ainsi un surnombre de deux contre un par rapport aux Suédois.

Hatzfeld en profite pour prendre l’offensive vers le Nord, reprenant plusieurs vil­les aux Suédois, alors qu’un autre général impérial, Marrazino, prend l’offensive en Poméranie suédoise. Magdebourg, assiégée par Hatzfeld, se rend aux alliés le 13 juillet 1636. De son côté, Baner campe en Westphalie, dans l’attente de renforts.

Le 12 août 1636, rejoint par Leslie, Baner prend l’initiative. Les deux adversaires engagent alors une série de marches et de contremarches, Hatzfeld parvenant à empêcher les Suédois d’entrer en Saxe. Ne se laissant pas décourager, le général suédois marche sur Perleburg (septembre 1636) mais Hatzfeld ne le suit pas. Le Suédois décide alors de porter le coup sur Werben, qui avait été repris par les Impériaux. Cette initiative va réussir à Baner qui parvient à prendre Havelberg, la plus grande partie des provisions des alliés et le pont de Sandau. Alors que Werben résiste au siège suédois, Hatzfeld et Johann Georg décident de réunir leurs forces à Klitzing, marchant sur Ruppin en passant par Wittstock. Les alliés lèvent le camp le 29 septembre à l’aube.

Devant Werben, Baner est le jour même informé de ce départ. Il décide d’intercepter l’armée alliée avant qu’elle ne réalise sa jonction avec Klitzing. Il quitte Werben le 30 septembre au matin, traverse la rivière Dosse à Wusterhausen le 2 octobre et atteint Fretzdorf le 3 octobre. Hatzfeld, informé de la manœuvre de Baner, prend une formidable position sur les hauteurs s’éten­dant de Wittstock à la rivière Dosse. Baner va accepter le com­bat mais, fort de la douloureuse expérience de Nördlingen, il ne choisit pas d’attaquer les retranchements catholiques de front : il va tenter un double enveloppement.

Les différentes estimations de l’effectif de l’armée impériale et saxonne de Hatzfeld différent de 13 à 23 000 hommes, 18 à 19 000 hommes paraissant un bon compromis. Les différentes estimations donnent un chiffre comparable pour l’armée suédoise, 16 à 21 000 hommes, 18 000 hommes paraissant le plus vrai­semblable.

Alors que Torstensson (aile droite) et Leslie (centre) prennent pour objectif la colline de Scharfenberg, afin de déborder la gauche impériale, Stalhansk et King (aile gauche) vont tenter de déborder l’aile droite alliée. La réserve suédoise, commandée par Vitzthum, doit suivre, en soutien de Baner, Leslie et Karr. Stalhansk et King, ayant progressé lentement, n’arriveront qu’en fin de journée. Vitzthum, qui éprouve une haine terrible pour Baner, va pour sa part volontairement ralentir son avance.

Hatzfeld, ne comprend que tardivement la situation. Il mène alors personnellement trois de ses régiments de cuirassiers (Wildberg, Hatzfeld, Polniskow) pour parer à la menace. Le quatrième régiment (Schonickel), dont le moral a été très entamé lors d’un précédant combat, refusera de suivre le mouvement.

Apercevant les dispositions d’Hatzfeld, Torstensson emmène ses quatre escadrons d’élite occuper la position clef que forme la colline de Scharfenberg. Ses 950 cavaliers, fatigués par leur progression, vont pourtant se faire battre par les 1300 cuirassiers d’Hatzfeld. Baner apparaît alors à la tête de ses 1350 chevaux pour relever Torstensson mais les 8 escadrons d’Ulhefeld viennent dans le même temps renforcer Hatzfeld. Les Suédois sont peu à peu délogés du Scharfenberg. Bientôt, ce sont quatre brigades d’infanterie impériales qui débouchent en soutien de leurs cuirassiers. Après avoir délogé du bois les cinq cents mousquetaires commandés de Torstensson, les impériaux tentent de tourner la cavalerie suédoise. C’est à ce moment critique qu’apparaît Leslie : sa cavalerie charge aussitôt l’infanterie ennemie, mettant un terme à la tentative de débordement, alors que son infanterie se déploie. C’est alors que des cuirassiers impériaux – probablement les régiments Rittberg, Falkenstein et Puccheim, tombent sur le flanc de l’infanterie suédoise, taillant en pièce deux brigades. Mais la résistance héroïque de l’infanterie de Leslie permettra à Baner de tenir jusqu’au signal qui annonce l’entrée en scène de la seconde pince de la tenaille. L’arrivée de la cavalerie de Stalhansk face à Marrazino transforme ainsi cette dure journée en victoire suédoise. Vitzthum, qui faisait la sourde oreille aux appels de Baner, se résigne enfin à relever Leslie. Mais il payera cher cette désobéissance. La nuit tombe, donnant l’occasion à Hatzfzeld d’entamer une retraite ordonnée.

 

 

Les armées impériale et saxonne à Wittstock (1636)

Général en chef : lieutenant-général comte Melchior von Hatz­feld

Avant-Garde, dans le bois au dessous de Scharfenberg : 4 régiments de dragons à 250 hommes (régiments Bissinger, Gall a Burke, Leslie et Marrazino), soit 2 unités de dragons démontés.

Aile droite : Marrazino

Premier échelon (Marrazino) : 6 régiments de cavalerie (cuirassiers impériaux Marradas, régiments saxons Vitzthum, Schierstadt, Kalkstein, Trauditsch et Strein) en 9 escadrons : 3 escadrons de cuirassiers impé­riaux et 6 escadrons de demi-cuirassiers saxons.

Second échelon (Kalkstein) : 5 régiments de cavalerie (cuirassiers impériaux Wintz, régiments saxons Alt-Taube, Bose, Wolframsdorf et Rocahu) en 6 escadrons : 1 escadron de cuirassiers impé­riaux et 5 escadrons de demi-cuirassiers saxons.

Centre : duc Johann Georg Wettin, électeur de Saxe

Premier échelon (duc Johann Georg) : 7 « brigades » (ba­taillons) d’infanterie : 5 brigades impériales (Goltz, Manteuffel, Enan, Wallenstein et Colloredo) 1 brigade bavaroise de la Ligue (Thun) et 1 brigade saxonne (Bunau).

Artillerie : 17 pièces légères de bataillon (2 à 4 livres), 8 piè­ces moyennes (6 et 8 livres) et 5 pièces lourde (24 livres).

Second échelon (Wildberg) : 5 régiments de cavalerie (cuirassiers impériaux Ruck, régiments saxons Kalkreuter, Baudissin, Gersdorff et Hanau) en 7 escadrons : 1 escadron de cuirassiers impé­riaux et 6 escadrons de demi-cuirassiers saxons.

Troisième échelon : 6 « brigades » (bataillons) d’infanterie : 3 brigades impériales (Bourre, Hatzfeld, Strassoldo) et 3 brigades saxonnes (Schleinitz, Pforte et Bose).

Quatrième échelon : 5 régiments de cavalerie (régiments de cuirassiers impériaux Rittberg, Falkenstein et Pucheim, régiments brandebourgeois Alt-Burgsdorf et Duke Franz) en 5 esca­drons : 3 escadrons de cuirassiers impériaux, 2 escadrons de demi-cuirassiers brandebourgeois.

Aile gauche : Hatzfeld

Premier échelon (Hatzfeld) : 5 régiments de cavalerie im­périaux (régiments de cuirassiers Wildberg, Hatzfeld, Polniskow et Schonickel, régiment d’arquebusiers Del Maestro) en 8 escadrons : 6 escadrons de cui­rassiers et 2 escadrons d’arquebusiers.

Second échelon (Ulhefeld) : 6 régiments de cavalerie (régiments de cuirassiers Ulhefeld, Mansfeld, Montecuccoli, Harrach, Bissinger et Darmstadt) en 8 escadrons : 7 escadrons de cuirassiers impé­riaux et 1 escadron de cuirassiers du Hesse-Darmstadt.

Note : L’armée Impériale et Saxonne aligne 13 brigades d’infan­terie (autour de 9 000 hommes), 43 escadrons de cavalerie (9 à 9 500 cavaliers), 4 régiments de dragons (1000 hommes) et 30 canons.

Pour LM Tercios, les brigades/bataillons sont des escadrons classiques modernisés (Classic Squadron, option modernised). Les escadrons de cuirassiers impériaux sont cuirassiers et les escadrons saxons sont cuirassiers option modern cavalry. Les arquebusiers à cheval sont mounted arquebusiers et les dragons sont dragons. Pour l’artillerie, voir la ventilation entre light, medium & heavy dans la liste ci-dessus. L’artillerie légère sera transformée en regimental gun.

Au vu des effectifs, n’hésitez pas à diviser par 2 ou 3 le nombre de bataillons et d’escadrons !

 

L’armée suédoise à Wittstock (1636)

Général en chef : feld marshal Johan Baner

Aile droite – Torstensson

Premier échelon (Torstensson) : 2 régiments de demi-cui­rassiers suédois (Gadau et Klingsor) en 2 escadrons, 1 régiment finnois (Bjelke) en 2 escadrons, 1 unité de mousque­taires commandés, avec 2 pièces légère de ba­taillon (3 livres).

Second échelon (Baner) : 3 régiments de demi-cuirassiers livoniens et allemands (Courlande, Livonie et Wachtmeister) en 7 escadrons : 2 es­cadrons de demi-cuirassiers de Courlande, 2 escadrons de demi-cuirassiers livoniens et 3 escadrons de demi-cuirassiers allemands.

Troisième échelon : 3 régiments de demi-cuirassiers alle­mands (Franz Heinrich, Krakau et Schlang) en 6 escadrons.

Centre : Leslie & Karr

5 « brigades » (bataillons) d’infanterie : 1 bri­gade suédoise, 2 brigades écossaises (Leslie et Karr), 1 brigade de vétérans allemands (brigade bleue) et brigade alle­mande de Sabelitz, 20 pièces légères de bataillon (3 livres) et 20 pièces lourde (12-24 livres).

3 régiments de demi-cuirassiers allemands (Baner, Torstensson et Wurzburg) et 1 régiment de demi-cuirassiers suédois (Smaland) à un escadron suédois, pour un total de 5 escadrons.

Aile gauche : Stalhansk

Premier échelon (Stalhansk) : un régiment de cavaliers fin­nois à 2 escadrons (Wittenberg) et 4 régiments de demi-cuirassiers allemands (Stalhansk, Dewitz, Bruneck et Boy) en 9 es­cadrons.

Second échelon (King) : 6 régiments de demi-cuirassiers allemands (Glaubitz, Beckermann, Hoditz, King, Wopersnow et Stuart) en 9 escadrons.

Réserve : Vitzthum

4 « brigades » d’infanterie : 1 brigade suédoise (Thomasson) et 3 brigades allemandes (Wrangel, Rutven et Bauer), 10 pièces légères de bataillon (de 3 livres).

7 régiments de demi-cuirassiers allemands (Douglas, Goldstein, Jens, Duval, Pfuhl, Berghofer et Jarotzky) en 12 escadrons.

Note : L’armée suédoise aligne 9 brigades d’infanterie (7 500 hommes), 52 escadrons de cavalerie (10 500 cavaliers) et 60 ca­nons.

Pour LM Tercios, les brigades d’infanterie sont des bataillons réformés modernisés (Reformed batalions option modernised). La brigade suédoise et la brigade bleue allemande sont veterans. Les suédois n’utilisent en effet plus la « brigade suédoise » depuis la mort de Gustave Adolphe. Vous pouvez néanmoins utiliser des escadrons modernes pour les suédois mais en enlevant l’unité de mousquetaire. Les escadrons de demi-cuirassiers sont cuirassiers option modern cavalry (ou directement modern cavalry demi-cuirassiers si vous avez le supplément Kingdoms). Les escadrons de cavalerie finnois ont en plus l’option Fearless. Voir le calibre des pièces d’artillerie dans la liste ci-dessus. L’artillerie légère de bataillon sera transformée en regimental gun.

Au vu des effectifs, n’hésitez pas à diviser par 2 ou 3 le nombre de bataillons et d’escadrons !

Je n’ai pas vérifié l’équilibre en termes de budget. N’hésitez pas à donner quelques options supplémentaires à l’armée qui possède le budget le plus faible afin d’équilibrer les chances.

La bataille de Wolfenbuttel (29 juin 1641)

La bataille de Wolfenbuttel (29 juin 1641)

Wolfenbuttel (1641) :  Quand les Français de Guébriant volent au secours des Suédois !

Peu connue, la bataille de Wolfenbuttel voit une armée franco-suédoise affronter les Impériaux de l’Archiduc Leopold et Piccolomini.

Cette année là, c’est le comte de Guébriant, succédant au duc de Longueville, qui est à la tête de l’armée franco-weimarienne d’Allemagne. Leonard Torstensson a été appelé pour succéder au brillant Baner, mort le 20 mai, mais en l’attendant, c’est Königsmark qui est en charge de l’armée suédoise.

Début juin 1641, la ville de Wolfenbuttel est assiégée par les Brunswickois de Klitzing. Ceux-ci, craignant une attaque des Impériaux, appellent le comte de Guébriant à leur secours. L’Archiduc Leopold, secondé par Piccolomini, a de son côté réuni une forte armée composée d’Impériaux et de Bavarois. Le 28 juin au matin, l’armée franco-suédoise franchit l’Oder et se poste vis-à-vis de la digue construite par Klitzing pour inonder la ville. Quatre heures plus tard l’Archiduc et Piccolomini apparaissent. Ils installent leur armée sur une hauteur face à Wolfenbuttel. Prenant peur, les Brunswickois fuient vers les franco-weimariens, en semant la confusion dans leurs rangs. Les Brunswickois parviennent même à convaincre certains généraux Suédois d’abandonner le siège ! Mais Guébriant est là. Prenant les choses en main, il parvient à convaincre ses alliés de combattre. Pendant ce temps, les impériaux vont occuper cette journée à détruire les travaux de siège. L’attaque est planifiée pour le lendemain.

L’armée alliée, estimée à un peu plus de 24 000 hommes (5 400 brunswickois, 6 000 franco-weimariens et 13 000 suédois) se déploie sur une position solide : les troupes du Brunswick-Lünebourg occupent l’extrême gauche, appuyées sur la rivière Ocker et la digue, les Français et Weimariens de Guébriant sont au centre gauche, sur le plateau de Limberg, bien protégés par une large tranchée. Les Suédois de Königsmark occupent le centre droit et la droite, face au bois de Fimmelsen (ou Fümelsen). Une batterie de douze canons placée sur une colline centrale couvre la ligne de bataille.

Les forces impériales et bavaroises, estimées à près de 21 000 hommes vont se déployer face à l’aile droite alliée, formant un angle : à l’aile droite, Piccolomini avec la cavalerie impériale de Bruay devra réaliser une attaque de diversion sur l’aile gauche alliée ; les Impériaux de l’Archiduc Leopold, au centre, et les Bavarois de Wahl, à gauche, renforcés par les défenseurs de Wolfenbuttel, porteront l’attaque sur les Suédois. La gauche bavaroise déborde la droite suédoise : les brigades suédoises traversent donc un marais situé sur leur flanc et forment des abattis pour arrêter la cavalerie ennemie.

La bataille

Il est neuf heures du matin. Sans attendre les Impériaux, les Bavarois se jettent sur les Suédois qui tiennent ferme. Le vieux régiment bleu (alt-blau), un peu avancé, fini par plier, entraînant dans sa retraite toute la première ligne suédoise. Heureusement, c’est à ce moment que le régiment de cavalerie Baner charge les Bavarois de flanc, permettant au régiment d’élite de repartir à l’attaque. Trois attaques successives n’auront pas permis aux Bavarois de rompre les Suédois. Les régiments de Wahl se résolvent alors à se retirer dans les bois.

Il est maintenant midi. L’Archiduc Leopold et Piccolomini ayant erré plusieurs heures, par manque de reconnaissance du terrain, ne lancent leur attaque trois heures après celle des Bavarois, alors que ceux-ci ont été repoussés. Avec trois brigades d’infanterie impériale, l’Archiduc Leopold attaque le centre franco-weimarien qu’il parvient à repousser. Mais une batterie de 12 livres stoppe l’élan impérial. L’Archiduc lance alors deux régiments de cuirassiers à l’assaut de cette batterie et, dans le même temps, engage de nouvelles brigades sur le centre allié. Son attaque échoue une fois de plus, les franco-weimariens résistant fermement.

Un peu plus loin sur la gauche alliée, Piccolomini est parvenu à ébranler les Brunswickois. Tout le centre franco-weimarien menace maintenant de céder. Mais Taupadel, à la tête de quatre escadrons de cavalerie, parvient à prendre l’ennemi de flanc, faisant plier l’aile droite impériale.

Il est quinze heures. Sur l’aile droite alliée, les Bavarois, qui tiennent toujours la lisière du bois de Fimmelsen, reprennent l’offensive. Les régiments de cavalerie bavarois débouchent par une clairière et tentent une percée. Cette charge est dans un premier temps stoppée par la cavalerie suédoise commandée par le comte Hoditz. Mais celui-ci est gravement blessé dans l’action. Les Bavarois profitent alors de la confusion qui s’empare des Suédois. Guébriant, qui a senti le danger, envoie Taupadel à la tête de quatre escadrons weimariens renforcer l’aile droite suédoise. La charge de Taupadel à la tête de deux de ses régiments de cavalerie (Nassau et Taupadel) fait plier les cuirassiers bavarois. Königsmark en profite pour reformer sa cavalerie et repartir à l’attaque : Ses escadrons enfoncent quelques unités ennemies. L’infanterie de Wahl reflue alors dans les bois, au bord de la rupture. Au même moment, les Impériaux resserrent leurs rangs, essayant tant bien que mal de tenir le centre et l’aile droite.

L’heure de la retraite sonne

Vers dix-neuf heures, Piccolomini rameute ses escadrons vers le bois de Fimmelsen, afin de soutenir les Bavarois. Il parvient à rallier les régiments de Wahl. Ceux-ci, épuisés, ne pourront repartir à l’attaque. L’heure de la retraite a sonné. Ce jour là, la cavalerie impériale, placée au début de l’action à l’arrière-garde, aura brillé par son absence : « Elle reçut tant de coups de canon qu’elle se retira sans attaquer » écrira Guébriant. Les cavaliers de Piccolomini se déploient alors à quelque distance du bois de Fimmelsen pour protéger la retraite de la cavalerie bavaroise et de l’infanterie impériale.

Les Impériaux et Bavarois perdirent ce jour là un peu plus de 3100 hommes, ainsi que 45 drapeaux et cornettes. Le général Wahl trouvera la mort durant la bataille. Les alliés ne déplorent pour leur part que 200 tués et 500 blessés. La part prise à cette victoire par Guébriant aurait été fondamentale. « Il empêcha la retraite, il persuade le combat, il y commanda, et il y fit merveilles de sa personne » rapporte la Gazette de France.

Ordre de bataille allié (24 400 hommes)

Suédois (13 000 hommes dont 6 000 cavaliers) :

L’armée suédoise compte au total 12 brigades d’infanterie, 43 escadrons de cavalerie et 26 canons : au centre, quatre brigades d’infanterie sont commandées par Wrangel et trois brigades par Pfuhl, le reste des brigades occupant les fortifications entre franco-weimariens et suédois. La cavalerie est disposée sur les ailes suédoises et en seconde ligne : Wittenberg commande l’aile gauche de cavalerie (entre franco-weimariens et suédois) et Königsmark commande l’aile droite, dont le premier échelon compte quinze escadrons.

Nous ne possédons pas l’ordre de bataille exact des alliés. Mais une montre datant du 30 juin 1641 nous permet de connaître les régiments qui étaient présents lors de la bataille, sans connaître leur position exacte sur le champ de bataille.

L’infanterie « suédoise » (en réalité allemande à l’exception du vieux régiment bleu) compte les régiments Baner (c’est à dire le régiment Alt-Blau à 12 compagnies), Torstensson (12 compagnies), Pfuhl (8), Wrangel (8), Wittenberg (12), Mortaigne (12), Österling (8), Döring (8), Paikull (8), Bibau (8), Schneeberg (8), Ruth (12), Piettenberg (12), Innes (8), Strijks (8), Haake (8), Goltz (8), soit 17 régiments totalisant 168 compagnies et formant 12 brigades de la taille d’un bataillon.

La cavalerie « suédoise » compte les régiments Baner (12 compagnies), Torstensson (8), Cratzenstein (8), Pfuhl (5), Wittenberg (8), Königsmark (12), Billinghausen (12), Gustafson (10), Henrik (12), Horns (8), Landgrave d’Hesse (12), Derfflinger (8), Hoditz (10), Douglas (8), Witzleben (12), Birkenfeld (8), Seckendorf (8), Duwall (8), Geres (8), Jeskew (6), Fritzlews (8), Schlangen (12), Kinsky (6), Höcking (8) et Grünes (dragons, 8), pour un total de 25 régiments totalisant 228 compagnies en 42 escadrons. Les régiments Baner, Königsmark, Billinghausen, Gustafson, Henrik, Landgrave d’Hesse, Hoditz, Witzleben et Schlangen formaient probablement chacun deux escadrons ; les régiments Pfuhl, Jeskew et Kinsky chacun un escadron ; les régiments Torstenson, Cratzenstein, Wittenberg, Horns, Dörfflinger, Douglas, Birkenfeld, Seckendorf, Duwall, Geres, Fritzlews, Höcking et Grünes entre un et deux escadrons chacun.

A ces 7 000 fantassins et 6 000 cavaliers s’ajoutent 26 canons.

Français et Weimariens (6 000 hommes dont 2 000 cavaliers) :

Les régiments de cavalerie français sont probablement les régiments Guébriant et Watronville, répartis en quatre escadrons. Les régiments d’infanterie français sont probablement Melun, Guébriant, Nettancourt et Montausier formant deux bataillons.

Les régiments de cavalerie weimariens sont probablement Rosen, Taupadel, Nassau, Kanoffsky, Ohm, Muller, Schon, Caldenbach, Witersheim, Rotenham, formant vingt escadrons.

Les régiments d’infanterie weimariens ne sont pas connus parmi les huit existants (Forbus, Hattstein, Schonbeck, Flersheim, Hodiowa, Kannoffsky, Moser et Schmidtberg). Les régiments de Flersheim et Schmidtberg sont probablement présents.

Les bataillons ou brigades d’infanterie franco-weimariens sont de l’ordre de 1 000 hommes chacun. Les escadrons sont de petite taille, avec moins de 100 chevaux par escadron.

Quelques drapeaux de régiments français (dont certains étaient présents à la bataille)

Brunswick-Lunebourg (5 400 hommes dont 1 300 cavaliers) :

En 1638, Georges-Guillaume, duc de Brunswick-Lünebourg réunit une armée de 9000 hommes, qui atteignit plus tard à 12 000 hommes. Il nomme von Klintzig lieutenant général pour commander les troupes à son service.

La cavalerie comprend le régiment de cavalerie de la garde commandé par von Schönberg, les régiments de cuirassiers Meier, von Warberg, Koch et Danneberg. L’infanterie comprend le régiment « rouge » von Schlütter et le régiment « bleu » (peut être le régiment Braun) à six compagnies chacun, le régiment de la garde von Bessel et le régiment « jaune » von Waldow à deux compagnies chacun, pour un effectif total de 5 400 hommes, dont 1 300 cavaliers, engagés réellement dans la bataille.

A Wolfenbüttel, la cavalerie formait six gros escadrons d’un peu plus de 200 chevaux chacun : le Leib-régiment formait donc probablement 2 escadrons, les quatre autres régiments formant chacun un escadron.

Les 16 compagnies d’infanterie présentes provenant des quatre régiments cités formaient deux bataillons de 1000 à 1200 hommes, en plus des compagnies réparties dans les différents forts de l’extrême gauche.

L’aile franco-weimarienne compte ainsi six bataillons ou brigades d’infanterie, trente escadrons de cavalerie et cinq canons.

Ordre de bataille impérial et bavarois (20 à 21 000 hommes)

Même si les effectifs de l’armée bavaro-impériale restent sujet à conjecture, son ordre de bataille est lui parfaitement connu, grâce à deux schémas réalisés sur place par l’état-major. Vous en trouverez une reproduction ci-joint.

La cavalerie est répartie aux deux ailes et en réserve, l’infanterie occupant le centre, le tout sur trois échelons.

La cavalerie impériale occupe l’aile droite du dispositif, avec les régiments Montecuccoli, Alt-Piccolomini, Neu-Piccolomini (c’est à dire « vieux » et « nouveau » Piccolomini), Misling, Pompeji, Spiegell, Braganza, Caba, Bucheim, Harasdorf, Brouay et Gonzaga, le tout formant 25 escadrons. Des compagnies de dragons à pied provenant des régiments Gallas et Gall de Burk sont répartis entre les escadrons de cavalerie de la seconde ligne.

L’aile gauche de cavalerie comprend les régiments impériaux Geleen, Gisenburg, Sperreuter, Jung et Rodovan, les régiments impériaux Kolb, Löwenstein, Truckmüller, Gayling, Mercy, Werth et Spork, le tout formant aussi 25 escadrons. Comme pour l’aile droite, des compagnies de dragons à pied provenant du régiment bavarois Wolf sont répartis entre les escadrons de cavalerie de la seconde ligne.

Le centre compte onze bataillons d’infanterie répartis sur deux lignes, formés à partir des régiments impériaux Savelli, Caretto, Suys, Fernemont, Matthei, Gonzaga, Hage, Borri, Waldstein et (probablement) Rannft, ainsi que des régiments bavarois Hagenbach, Mercy, Hunoldstein, Hasslang, Gold et Winterscheid. La troisième ligne est occupée par sept escadrons de cavalerie, les gardes du corps de Piccolomini en formant quatre, le régiment de cuirassiers impérial Wintz un, et les régiments d’arquebusiers montés impériaux Munster et Grodetzky, à priori trois.

Onze canons et trois régiments de croates (Foldvary, Reikowitz et Losy) complètent le tout, sans que l’on sache leur position dans l’ordre de bataille.

Au total, l’armée impériale et bavaroise réunit 57 escadrons (y compris les croates), 11 bataillons et 11 canons.

 

Quelques drapeaux impériaux appartenant à un même régiment (régiment inconnu)

Simuler Wolfenbüttel

Wolfenbüttel est une bataille déséquilibrée avec un peu plus de 24 000 alliés bien protégés affrontant moins de 21 000 impériaux et bavarois. Néanmoins, le déploiement allié, reposant essentiellement sur la ligne de fortifications, est plus rigide. En contrepartie, l’armée impériale et bavaroise a l’initiative, c’est à dire le choix du point où va porter son effort. Piccolomini et l’Archiduc Leopold commandent les impériaux et bavarois, Guébriant et Königsmark les alliés. Pour les besoins du jeu, le comte de Guébriant est considéré comme général en chef de l’armée alliée, Piccolomini comme général en chef de l’armée impériale et bavaroise.

Pour équilibrer la partie, il est donc conseillé de limiter les possibilités d’activation des unités brunswickoises, à l’extrême gauche du dispositif allié : les unités de mousquetaires placées dans les fortins et les deux bataillons d’infanterie brunswickois ne devront pas quitter leur emplacement. Il en sera de même pour le bataillon français (ou brigade) de gauche formé des régiments Guébriant et Melun. La veille de la bataille, Guébriant, pour s’assurer la protection du fort qui gardait la digue, l’avait fait défendre par une brigade brunswickoise et par ces deux régiments, avec ordre de pénétrer dans le fort si nécessaire. Toujours dans un soucis d’équilibre, la cavalerie brunswickoise ne pourra pas quitter l’aile gauche alliée. Elle dépend d’ailleurs du général Klitzing.

Leifferten, Wolfenbüttel, Thÿde et Fimmelsen sont représentés par des villages (fortifiés ou non) et la plaine inondée au sud de Wolfenbüttel par un lac infranchissable.

 

Jouer avec la règle Liber Militum : Tercios

La bataille de Wolfenbüttel voit s’affronter deux armées importantes, avec plus de 20 000 hommes de chaque côté. Vous aurez donc besoin de beaucoup de figurines pour jouer à LM Tercios. Mon conseil est de réduire le nombre d’escadrons et de bataillons par deux (un bataillon/escadron sur la table pour deux bataillons/escadrons réels).

Tous les bataillons d’infanterie français, weimariens et brunswickois sont des bataillons réformés avec la règle « brigade » et sont armés de piques et de mousquets. Les suédois n’utilisent plus la « brigade suédoise » depuis la mort de Gustave Adolphe. Vous pouvez néanmoins utiliser des escadrons modernes pour les suédois mais en prenant l’option d’enlever l’unité de mousquetaire et de compenser en passant l’un des escadrons en vétéran. Les bataillons suédois sont de petite taille (moins de 600 hommes en moyenne) et la stamina de 3 des brigades « modernes » simulera ce petit effectif. Pour simplifier, compter 4 brigades de 3 escadrons suédois et 2 brigades de bataillons français, weimariens ou brunswickois. Pour les suédois, concentrer les bataillons de vétérans au sein d’une même brigade pour représenter le vieux régiment bleu (Alt-Blau).

Les régiments de cavalerie suédois, français et weimariens sont des escadrons de cavalerie moderne, de type « demi-cuirassiers » (les demi-cuirassiers ont un courage de 4 au lieu de 3 : voir page 18 de l’extension Kingdoms). Les régiments de cavalerie brunswickois forment 6 escadrons de cuirassiers (donc 3 unités à 2 escadrons). Il y a au total 72 escadrons de cavalerie alliés soit 36 unités de 2 plaquettes. Il y avait un régiment de dragons dans la cavalerie suédoise, mais ce régiment a à priori combattu au sein de la ligne de bataille : à vous de décider si vous préférez remplacer une unité de 2 escadrons de cavalerie par suédoise par 2 compagnies de dragons.

Les régiments d’infanterie bavarois et impériaux sont des régiments réformés à 3 bataillons réformés (Wallenstein a en effet réformé l’infanterie impériale en 1632), armés de piques et mousquets. Compter 3 brigades à 3 bataillons et une brigade à 2 bataillons

Les régiments de cuirassiers impériaux sont formés en partie d’escadrons de cavalerie moderne, de type demi-cuirassiers (Les demi-cuirassiers ont un courage de 4 au lieu de 3 : voir page 18 de l’extension Kingdoms), et en partie d’escadrons de Cuirassiers. Les gardes du corps de Piccolomini (3 escadrons) sont des cuirassiers « élite » (même s’ils n’ont pas combattus dans la réalité !). Les régiments d’arquebusiers impériaux sont formés d’escadrons d’arquebusiers à cheval. Les régiments de Croates sont formés d’escadrons de cavalerie légère (Light Horse) avec pistolets. Les compagnies de dragons sont formées chacune d’une unité de dragons.

La cavalerie impériale et bavarois comprend au total 57 escadrons dont 3 escadrons de gardes de Piccolomini, 6 escadrons d’arquebusiers à cheval, 48 escadrons de cuirassiers et 2 escadrons de Croates. Huit compagnies de dragons s’ajoutent à ce total. Cela nous donne donc 27 « régiments » à 2 plaquettes, 1 « régiment » à 3 plaquettes (gardes) et 8 compagnies (i.e. plaquettes) de dragons.

Nous ne connaissons pas la répartition des pièces d’artillerie par calibre. Pour simplifier, nous considérerons que tous les bataillons d’infanterie alliés (18) possèdent une pièce d’artillerie légère attachée (fauconneau). Le reste de l’artillerie (13 canons pour les alliés et 11 pour les impériaux et bavarois) est considérée comme artillerie moyenne.

La ligne de bataille alliée, entre l’aile gauche suédoise et la plaine inondée est protégée par des remblais de pierre et de terre, considérés comme des murs (règle « Wall »).

Si vous jouez à la règle LM Tercios avec budget (version règle imprimée), n’hésitez pas à passer quelques unités impériales ou bavaroises en « vétérans » et quelques unités de cuirassiers en « lourd » (heavy) afin d’équilibrer les armées.

Pour jouer ce scénario avec des effectifs plus facilement gérables, diviser tous ces chiffres (bataillons/escadrons d’infanterie et régiments/escadrons de cavalerie) par deux. Compter ainsi 2 brigades d’infanterie suédoise à 3 bataillons modernes et une brigade d’infanterie franco-weimarienne à 3 bataillons réformés pour les alliés et 2 brigades classiques à 3 bataillons pour le camp impériale (une brigade impériale et une brigade bavaroise). Pour la cavalerie alliée, compter 36 plaquettes (18 unités de 2 escadrons) et pour les impériaux, compter 30 plaquettes (15 unités de 2 plaquettes) plus 4 unités de dragons. Diviser aussi le nombre de pièces d’artillerie pas deux.

Bibliographie

Il n’existe à ma connaissance pas d’ouvrage qui aborde la bataille de Wolfenbüttel. « The later Thirty Years War » de William P. Guthrie y consacre tout de même une petite page.

Stéphane Thion