Les armées franc-comtoise et française au siège de Dôle en mai 1636 par Stéphane Thion

L’armée franc-comtoise au siège de Dôle (Mai 1636)

« Quant à la force d’hommes, le régiment de la Verne avait 5 compagnies à Dôle avec le chef de l’état-major, 5 à Gray sous les ordres du lieutenant au gouvernement de la place, 4 à Salins sous le sergent-major, et 1 à Bletterans commandée par son capitaine. On y fit rejoindre cette dernière à Dôle, où se trouvèrent à ce moyen avec la colonelle de ce régiment 5 autres compagnies sous les capitaines de Grandmont Vellechereux, baron de Châtillon, Perrin, Georget et des Gaudières, tous officiers pratiques dressés en l’Académie des Pays-Bas. L’imminent péril fut déclaré et proclamé partout, avec la levée de la milice ordinaire qui portait 5000 fantassins effectifs et fort bien armés, en 25 compagnies réparties en 3 régiments des baillages d’Amont, d’Aval, et de Dôle. Le premier sous le sieur d’Andelot Chevigney, le second sous le seigneur de Poitiers, et le dernier sous le sieur de Cleron Voisey. On résolut de faire 4 autres régiments de surcroit de chacun 1000 hommes de pied en 10 compagnies, et furent choisis pour colonels le marquis de Varembon, le baron de Scey, le prince de Cantecroix et le baron de Vuiltz ; auxquels on adjoignit le baron d’Aubespin pour commander autres 500 qu’il s’offrit de lever et armer en diligence.

L’argent fut aussitôt fourni pour avance des levées, et encore au colonel de la Verne pour la recrue de son régiment, à l’effet de le rendre complet de 3000 hommes. On fit encore entrer à Dôle 5 compagnies des élus de la province commandées par les capitaines d’Esuans, de Mont Saint-Ligier, de Chassagne, et de Legnia, et par le sieur de Goux Alferez de la colonelle du régiment de Dôle.

Pour cavalerie par dessus les 2 compagnies du marquis de Conflans et du sieur de Mandre qui furent accrues chacune jusqu’à 100 chevaux légers, on avisa de tirer deniers des communautés qui devaient fournir des cuirassiers et arquebusiers à cheval avec leurs élus, et pareillement des vassaux étrangers ou naturels du pays qui voulurent se décharger de comparaitre à l’arrière-ban, afin d’en former de nouvelles compagnies dont le service ne fut point limité à 6 semaines, comme est celui de la milice et de l’arrière-ban par leur établissement, ainsi étendu à autant de temps que le besoin de la province le requerrait. De cet argent furent faites les avances pour lever autres 7 compagnies ; 3 de chacune 100 cuirasses sous le commandement des sieurs de Scey, de Thouraise et marquis de Varambon, celui-ci baillis de Dôle, et les 2 autres tenants la place des baillis d’Amont et d’Aval ; et 4 de 50 partie chevaux légers, partie arquebusiers à cheval sous les capitaines de Voisez, de Beaujeu, de Moutonne, et du Prel, sans en arrêter aucun dans la ville de Dôle à raison de la disette du fourrage.

Les villes de Gray et de Salins furent munies par la jonction de quelques compagnies d(élus à celles du régiment de la Verne ; on en fit pareillement entrer à Bletterans ; les petites villes et forteresses des vassaux furent confiées à la vigilance des bourgeois, des seigneurs et des villageois, qui les doivent garder, et y prendre leur retraite avec leurs provisions et armes en saison de guerre ouverte ou imminente. Tout le surplus de la gendarmerie fut destiné à tenir la campagne et courir où les occasions le demanderaient, et afin que les forces fussent aussi grandes que le pays les pourrait contribuer, fut publié et envoyé partout un édit qui portait ordonnance à tous dès l’âge de 15 à 60 ans qui avaient porté les armes auparavant, de les reprendre, et se munitionner et armer suffisamment pour rendre service, et à tous procureurs d’office d’en tenir note et dresser rôles qu’ils adresseraient en diligence aux procureurs fiscaux des ressorts plus voisins, et eux au procureur général en cas ils pussent entrer à Dôle, sinon au conseiller de Champuans dans la ville de Gray. (…)

On permettait à tous ceux qui voudraient lever à leurs frais, soit de gens de pied ou de cheval, tant de leur voisinage qu’autres, de le faire promptement et mener leurs troupes et brigades aux quartiers plus prochains des colonels d’infanterie et des capitaines de cavalerie déjà établis, sans diminution des autres levées qu’ils avaient commencées, avec ordonnance très-expresse aux colonels et capitaines de se rendre aux endroits qui leur seraient désignés par le marquis, et faire passer à la file auprès de lui ce qu’il auraient avancé de leurs régiments et compagnies. »

(Source : Le siège de la ville de Dôle, capitale de la Franche-comté de Bourgogne, et son heureuse délivrance, Dôle 1637)

Dans Dôle,

Infanterie (11 000 hommes) :

  • Régiment de la Vergne, 6 compagnies de 200 hommes (compagnies colonelle, Grandmont Vellechereux, baron de Châtillon, Perrin, Georget et des Gaudières) ; les autres compagnies du régiment sont à Gray (5) et Salins (4) ;
  • Régiments de milice d’Amont, d’Aval et de Dôle, soit 5000 hommes en 25 compagnies, commandés par le sieur d’Andelot Chevigney, le seigneur de Poitiers, et le sieur de Cleron Voisey ;
  • Régiment de Varembon (marquis de Varembon ou Varambon) : 10 compagnies de 100 hommes ;
  • Régiment de Scey (baron de Scey) : 10 compagnies de 100 hommes ;
  • Régiment de Cantecroix (prince de Cantecroix) : 10 compagnies de 100 hommes ;
  • Régiment de Vuiltz (baron de Vuiltz) : 10 compagnies de 100 hommes ;
  • Régiment d’Aubespin (baron d’Aubespin) : 5 compagnies de 100 hommes ;
  • 5 compagnies des élus de la province (commandées par les capitaines d’Esuans, de Mont Saint-Ligier, de Chassagne, de Legnia, et par le sieur de Goux Alferez de la colonelle du régiment de Dôle).

Cavalerie (700 chevaux) :

  • Compagnie de chevaux légers du marquis de Conflans (100 chevaux) ;
  • Compagnie de chevaux légers de Mandre (100 chevaux) ;
  • Compagnie de cuirasses de Scey (100 chevaux) ;
  • Compagnie de cuirasses de Thouraize (100 chevaux) ;
  • Compagnie de cuirasses du marquis de Varambon (100 cuirasses) ;
  • Compagnie de chevaux légers et arquebusiers de Voisez (50 chevaux) ;
  • Compagnie de chevaux légers et arquebusiers de Beaujeu (50 chevaux) ;
  • Compagnie de chevaux légers et arquebusiers de Moutonne (50 chevaux) ;
  • Compagnie de chevaux légers et arquebusiers du Prel (50 chevaux).

L’armée française au siège de Dôle (Mai 1636)

« Ainsi tout se préparait à la guerre tant par mer que par terre, nos généraux sont commandés de s’en aller à leurs armées. Monsieur le comte de Soissons assembla son armée en Champagne. Le duc de Weimar qui avait passé partie de l’hivers à Paris, en parti le 25 mai, et s’en alla en son quartier de Vezelice en Lorraine, où était son armée. Le cardinal de la Valette partit la semaine précédente pour la sienne, qui était aux environs de Toul. Celle du prince de Condé était sur la frontière de la Franche-Comté où la guerre fut résolue à l’Espagnol. Et quoi que cette comté soit en la protection des suisses par traité fait du vivant du feu roi Henri IV le grand d’heureuse mémoire, et qu’elle ne doive être assaillie des français, néanmoins le roi eut plusieurs justes raisons de se ressentir des infractions faites par les comtois audit traité, comme d’avoir donné retraite à ses ennemis, fourni de vivres et munitions aux armées impériales et lorraines, en quoi ils avaient assez rompu la neutralité. (…)

Donc pour venger telles injustes procédures et actes d’hostilité, le roi choisit le prince de Condé pour commander l’armée destinées en Franche-Comté. Il se rend en Bourgogne, y lève des troupes, fait provision de  toutes sortes de munitions de guerre et de vivres ; avec lui fut envoyé le marquis de la Meilleraye grand maître de l’artillerie, et pour maréchaux de camp de l’armée étaient le marquis de Coaslin, le marquis de Villeroy, le colonel Ranzau et le sieur Lambert ; outre ceux-ci s’y rendirent le colonel Gassion, le baron de la Tour du Bosse, le marquis de Breauré, le comte de Chabanes, le sieur d’Aubigny, le sieur d’Espenan, les sieurs d’Auradour, de Courselles, de Gerzé, de Chalousset, de Crevan, de Maululet, de Bacalam, de l’Isle, de la Fresnaye, de Fontenay, de Muz, de Brissailles, de la Renouilliere, de Blanquefort, de la Plaine, de Maupertuis, d’Orsigny, de Pedamour, le chevalier de Tavannes, le baron de Couppet, le sieur de Guercy et autres.

L’armée était composée de onze régiments.

Infanterie :

Le régiment de Conti.

Le régiment d’Enghien.

Le régiment de Picardie.

Le régiment de Noailles.

Le régiment de Navarre.

Le régiment de Tonneins.

Le régiment de Nanteuil.

Cavalerie :

Le régiment de cavalerie hongroise du grand maître de l’artillerie (La Meilleraye).

Le régiment de cavalerie française du colonel Gassion.

Le régiment de cavalerie allemande du colonel Ranzau.

Un régiment de cavalerie suédoise.

Toute cette armée était partie en deux corps marchant en France-Comté. Le premier commandé par monsieur le prince de Condé. Le second par le grand maître de l’artillerie ; et en cette armée était monsieur de Machault conseiller d’état, comme intendant de la justice. »

(Source : Mercure François)

Les 7 régiments d’infanterie sont théoriquement à 20 compagnies de 100-120 hommes pour les régiments entretenus mais l’effectif standard est plutôt de 1000 à 1200 hommes par régiment, souvent moins.

Les régiments de cavalerie sont de 400-500 chevaux.