Drapeaux saxons (1631-34)

Tous les drapeaux ci-dessous sont d’après J. Belaubre :

Ci-dessus : drapeaux de 3 compagnies du régiment de Schwalbach

Ci-dessus : drapeaux de 3 compagnies du régiment Starschadel (le premier est celui de la compagnie colonelle)

Ci-dessus : drapeaux de 3 compagnies du régiment Löser (le premier est celui de la compagnie colonelle)

Ci-dessus : drapeaux de 2 compagnies du régiment Vitzthum (le premier est celui de la compagnie colonelle)

Ci-dessus : drapeau d’un régiment non identifié.

Ci-dessus : 2 drapeaux d’un régiment non identifié (le premier est celui de la compagnie colonelle).

        Ci-dessu : 2 drapeaux provenant de 2 régiments non identifiés différents.

 

Stéphane Thion




Guidons de cavalerie saxonne

Quelques guidons de cavalerie de Saxe-Electorale d’après K.A. Wilke :

Guidon aux armes de l’Electeur :

Guidon de l’escadron de Gardes du Corps d’après J. Belaubre :

Guidon de la compagnie colonelle du régiment Maetsch :

Guidons de plusieurs compagnies du régiment Kalkstein (le premier guidon est celui de la compagnie colonelle) :

Guidon d’une compagnie d’un régiment saxon,  probablement du régiment Taube en 1631 (puis 1er régiment de Gardes du corps en 1632) dont les couleurs étaient noir et argent :

Guidon d’une compagnie d’un régiment saxon,  probablement du régiment Hochkirch (1631-32) dont les couleurs étaient noir et or:

Guidon de la compagnie colonelle du régiment Meissen d’après J. Belaubre :

Guidon d’un régiment de Dragons Taube d’après K.A. Wilke :

Guidon du régiment de Dragons von Arnim (Armémuseum de Stockholm) :

Stéphane Thion




La bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631)

La bataille de Breitenfeld : le coup de tonnerre de Gustave Adolphe

1630. La série de victoires remportées par ses armées a consolidé la position de l’empereur Ferdinand II de Habsbourg. La Montagne blanche (1620), Wimpfen et Höchst (1622), Stadtlohn (1623), pont de Dessau et Lutter-am-Barenberg (1626), la conquête du Holstein, du Mecklembourg et de la Poméranie par Tilly et Wallenstein (1627), l’occupation du Jutland (1628) sont autant de succès qui assurent l’assise du parti catholique en Allemagne. A tel point que l’empereur Ferdinand II demande à une commission de préparer, en octobre 1628, un édit de restitution. Si cet édit n’a pas pas pour objet de modifier les libertés religieuses des princes et villes libres d’Allemagne, il veut exiger de ces princes la restitution à l’Église tous les biens ecclésiastiques qui lui avaient appartenus avant 1552. Cet édit est publié officiellement le 28 mars 1629. En parallèle, dès janvier, des pourparlers de paix avaient été engagés avec le roi du Danemark : ils vont aboutir au traité de paix de Lübeck, le 7 juin 1629, qui met fin à la phase danoise de la guerre de Trente Ans. Mais ce traité, qui préserve relativement les intérêts du Danemark grâce à la modération de Wallenstein, va mécontenter le roi de Suède. Celui-ci voit d’un mauvais œil les Impériaux prendre pied sur la Baltique. Dans le même temps, les princes catholiques, mécontents des excès provoqués par les armées impériales, réclament auprès de l’empereur le renvoi de Wallenstein, alors généralissime des armées. Ils vont obtenir gain de cause puisque le Collège électoral, réuni à Ratisbonne par l’Empereur (juillet-août 1630), décide le 13 août de révoquer Wallenstein.

Entre 1621 et 1629, l’attention et les forces armées du roi de Suède étaient mobilisées contre la Pologne, dont le roi Sigismond était cousin de Gustave-Adolphe mais de confession catholique. Le 26 septembre 1629, poussés par les représentants de la France et de l’Angleterre, Gustave-Adolphe et Sigismond signent le traité de paix d’Altmatk. Les conditions sont enfin réunies pour une intervention suédoise en Allemagne. Le 13 mai 1630, Gustave-Adolphe annonce à la diète suédoise sa volonté de se porter au secours des princes protestants allemands. Un peu moins de deux mois plus tard, il débarque près de Wolgast, dans l’ile d’Usedom à la tête d’une armée de quinze mille hommes.

L’armée suédoise : Un outil moderne

L’armée de Gustave-Adolphe, formée de paysans bien entraînés dans le respect de la discipline et des traditions religieuses se distingue par sa souplesse. Inspirée par les enseignements tactiques hollandais et français, équipée de mousquets légers et de canons légers régimentaires, les unités suédoises allient rapidité de manœuvre et puissance de feu. Sur le champ de bataille, le régiment d’infanterie est habituellement scindé en deux « escadrons » d’un peu plus de 500 hommes. Mais peu avant Breitenfeld, Gustave-Adolphe va innover, en entrainant son infanterie à former la fameuse brigade suédoise, formée de trois ou quatre escadrons. De son côté, le régiment de cavalerie suédois, composé de 500 chevaux, se déploie en deux escadrons pour combattre.

Ces hommes, endurcis par le dur climat de Scandinavie, vont être commandés par un leader exceptionnel. Tilly dira ainsi de Gustave-Adolphe qu’il est « un ennemi aussi intelligent que brave, endurci à la guerre, dans la fleur de l’âge. Ses préparatifs sont excellents, ses moyens, considérables. C’est un joueur contre lequel le fait de ne pas avoir perdu constitue déjà un grand gain ». Effectivement, du débarquement de 1630 jusqu’à la bataille de Breitenfeld, le roi de Suède va montrer de réelles qualités de stratège : grand meneur d’hommes, méthodique, rigoureux, ayant le sens de la décision, il va se révéler un adversaire à la hauteur de Tilly.

Les troupes que mobilisent le roi de Suède sont alors importantes : aux 15 000 hommes débarqués sur l’ile d’Usedom, qui ont été rejoints par 5 000 hommes des garnisons, s’ajouteront bientôt 47 000 hommes venant de Prusse, de Suède, de Finlande et de Riga. Face à Gustave-Adolphe, l’Empire aligne les 39 000 hommes non démobilisés de Wallenstein, maintenant commandés par Torquato de Conti et Savelli, et les 30 000 hommes de Tilly.

Tilly généralisme de l’armée impériale

Le 19 août 1630, Gustave-Adolphe offre la bataille à Torquato de Conti. Mais celui-ci la refuse, conscient des faiblesses de son armée dont les hommes désertent en masse. Gustave fait alors bloquer Landsberg, entreprend le « nettoyage » de la Poméranie, puis, le 25 août, parvient enfin à prendre la ville et le château de Wolgast. L’Empereur, inquiet des progrès du suédois, rappelle début septembre son armée d’Italie. Le roi de Suède en profite pour prendre Greiffenberg, le 11 septembre, et envoie un corps assiéger  Colberg (aujourd’hui, Kolobrzeg, en Pologne). Il en expédie un second en Basse-Saxe, afin d’épauler le duc de Saxe-Lauenbourg, Francis-Charles, qui avait levé un corps pour les ducs de Mecklembourg. Mi-octobre, le roi de Suède entreprend le siège de Rostock et inflige une défaite à Savelli. Ses succès en Poméranie et dans le Mecklembourg lui permettent de voir ses rangs grossir des anciens mercenaires de Mansfeld, Brunswick, de Christian IV de Danemark et même de Wallenstein. Le 22 novembre, Gustave-Adolphe envoie Falkenberg à Magdebourg pour soutenir les défenseurs. Car Tilly, tout juste nommé généralissime de l’armée impériale en remplacement de Torquato de Conti, avait envoyé Pappenheim entreprendre le blocus de la ville, alors placée sous la protection du roi de Suède.

C’est le 23 janvier 1631 qu’est signé le traité de Bärwalde entre la Suède et la France. Ce traité est important pour la Suède qui obtient ainsi de Richelieu un subside d’un million de livres pour entretenir une armée contre l’Empereur. Fin janvier, alors que Tilly avance sur Francfort-sur-l’Oder pour y joindre le corps de Schaumburg, Gustave Adolphe demande à Horn ses mouvements. Apprenant que le général impérial se dirige vers la Poméranie, il interrompt sa marche vers le sud pour revenir en Mecklembourg. Il prend alors Neubrandebourg et déloge la garnison de Treptow. Puis il assiège Demmin et prend Löitz. Pendant que Tilly hésite à intercepter les suédois, ne souhaitant pas s’éloigner de Magdebourg, Gustave-Adolphe prend Mallin, Friedland et Westrow.

Fin février, Tilly progresse entre Francfort-sur-l’Oder et le Mecklembourg. Gustave Adolphe place alors Baner à Demmin, Kniphausen à NeuBrandebourg, Ortenberg à Treptow, Horn à Friedland, lui-même restant dans les environs de Pasewalk, pour garder l’Oder et la Poméranie. Ayant appris l’abandon de Demmin, place clé du Mecklembourg, par le duc de Savelli, Tilly réagit. Il reprend Neubrandebourg le 19 mars, après cinq jours de siège. Puis il prend Friedland mais échoue devant Treptow. Gustave-Adolphe dresse alors son camp entre Treptow et Demmin. Selon Monroe, c’est là qu’il aurait entrainé son infanterie à former la brigade suédoise pour la première fois. Puis il traverse la Warthe et prend Zednick. Pendant ce temps, Tilly avance vers Demmin sans l’attaquer puis se retire vers Francfort-sur-l’Oder après avoir renforcé Landsberg. Il se décide alors à marcher sur Magdebourg. De son côté, Gustave-Adolphe est déterminé à prendre Francfort : Celle-ci tombe le 12 avril, après seulement vingt-quatre heures de siège.

La perte de Francfort-sur-l’Oder est un revers pour Tilly. Ses conséquences vont se révéler désastreuses pour le parti catholique. Car les princes protestants allemands commencent à reprendre confiance. Déjà, le duc Bernard de Saxe-Weimar se déclare pour le parti suédois. Fin janvier 1631, les Electeurs de Saxe et de Brandebourg avaient d’ailleurs convoqué à Leipzig une assemblée générale des états protestants. Cette assemblée va donner lieu, deux mois plus tard, à la signature d’une résolution dans laquelle les états évangéliques demandent la révocation de l’Edit de Restitution, le retrait des troupes impériales des places protestantes et ordonnent le recrutement d’une armée de 40 000 hommes dans l’hypothèse où l’Empereur refuserait d’accéder à leurs demandes.

Du drame de Magdebourg à la bataille de Breitenfeld

Après Francfort, c’est maintenant Landsberg qui tombe aux mains du roi de Suède. Le Mecklembourg et la Poméranie ainsi assurés, la voie vers la Silésie lui est désormais ouverte. Tilly, n’ayant pu secourir Landsberg, se concentre sur Magdebourg où il arrive fin avril. Depuis novembre, Pappenheim assiégeait la ville avec plus ou moins de succès. Apprenant le départ de Tilly, Gustave-Adolphe écrit à Falkenberg de patienter jusqu’à son arrivée. Car lui-même se trouve alors à Berlin, pour tenter de convaincre l’Electeur de Brandebourg de rejoindre son parti. Puis il rencontre l’Electeur de Saxe pour le convaincre lui aussi de former une coalition. En vain. Après plusieurs assauts, Falkenberg fait évacuer les faubourgs de Magdebourg. Le 20 mai, Tilly envoie un ultimatum à la ville. L’assaut ayant été donné, les impériaux pénètrent dans la ville. C’est le massacre. A la tuerie s’ajoute un terrible incendie. Le bilan est lourd : entre vingt et vingt-cinq mille morts selon les historiens.

Le sac de Magdebourg va marquer les esprits. Même les princes protestants les plus réticents, comme l’Electeur Georges-Guillaume de Brandebourg, vont bientôt rallier le parti suédois. Ayant pris connaissance de la nouvelle, Gustave-Adolphe quitte Postdam pour tenter d’intercepter la retraite de Tilly. Il prend Altbrandebourg et Ratenau, reconnaît le pays de Magdebourg et reprend Werben et Borg.

Début juin, après avoir échappé à une embuscade dressée par Pappenheim, Gustave-Adolphe sécurise les ponts de Dessau et de Wittemberg sur l’Elbe. Puis il obtient de Georges-Guillaume de Brandebourg la ville de Spandau, dont il a besoin comme centre de ses opérations, ainsi que l’ouverture de Custrin à ses troupes. Il retourne ensuite à Stettin par le fleuve et publie ses excuses concernant Magdebourg (22 juin).

L’Electeur de Saxe et le Landgrave de Hesse-Cassel levant des troupes, Tilly se tourne alors contre ce dernier. Il part occuper Erfurt et il envoie Fugger et Fürstenberg envahir le Hesse-Cassel. Fin juillet, quatre des meilleurs régiments impériaux de Pappenheim se font ruinés par les suédois dans le pays de Magdebourg, provoquant le retour du généralissime impérial. Le roi de Suède prend alors une forte position à Werben. Tilly marche contre lui mais, impuissant face à des suédois solidement retranchés, il préfère attendre à Womirstädt le corps de Fürstenberg. Fin juillet, Tilly avait reçu de l’Empereur l’autorisation d’agir contre l’Electeur de Saxe dont le comportement était suspect. Il part donc le 20 août pour la Saxe. Après avoir signé, le 22 août, un traité avec le Landgrave de Hesse-Cassel, Gustave-Adolphe reçoit des appels à l’aide de l’Electeur de Saxe, qui se trouve alors à Torgau. Celui-ci, après avoir passé en revue sa nouvelle armée de 20 000 hommes, doit déjà défendre les rives de l’Elbe. Il parvient à prévenir la traversée du fleuve par Fürstenberg mais pas le ravage de Misnia par Pappenheim.

Début septembre, Tilly remonte prend Merfberg, Naumburg et Zeitz puis se présente devant Leipzig, exhortant la ville à se rendre. Au même moment, Gustave Adolphe progresse vers Ratenau et Altbrandebourg. Enfin, il arrive le 10 septembre à Coswick où le feldmarschall saxon von Arnim (ou Arnheim) confère avec lui. Le 13 septembre, à Döbein, alors que Tilly investit Leipzig, Gustave-Adolphe réalise sa jonction avec l’Electeur de Saxe. Le 16 septembre, Tilly présente par letrte la bataille au roi de Suède. Acceptant le défi, le roi de Suède marche le lendemain sur Leipzig. Prévoyant, Tilly fait mettre le feu au village de Podelwitz par où les Suédois doivent passer, pour « leur en faire boire la fumée ». Puis il place le comte de Pappenheim à sa gauche et Fürstenberg à sa droite. Erwitte est en réserve avec 2 000 cavaliers. Tilly – ou plutôt Pappenheim qui lui aurait forcé la main – n’ayant cru bon d’attendre les renforts d’Aldringer, ce sont moins de 32 000 impériaux et bavarois qui vont affronter plus de 22 000 « suédois » – en réalité une majorité d’allemands – et 18 000 saxons.

De son côté, le roi de Suède met ses troupes en ordre, « prend la droite lui-même, donne la conduite de la bataille à Teuffel, la gauche à Horn ». Baner est chargé de soutenir l’aile droite, Hall, l’aile gauche et Hebron (ou Hepburn) le centre. L’armée saxonne de Jean-Georges occupe l’extrême gauche du dispositif. Arnim commande la cavalerie saxonne de l’aile droite, Bindauf la cavalerie de l’aile gauche et le duc de Saxe-Altenbourg l’infanterie au centre.

17 septembre 1631 : la bataille

Tilly avait le désavantage du nombre, mais sa position, adossée une colline, était excellente. Vers midi, le généralissime salue l’arrivée de l’armée alliée par une canonnade de ses 26 pièces d’artillerie. Les Suédois répondent alors, par un feu terrible et incessant. Que ce soit de sa propre initiative ou non, nous ne le saurons jamais. Mais vers 14 heures, Pappenheim, « qui menait la fleur de la cavalerie de Tilly », attaque l’aile du roi de Suède. Reçus par le feu des mousquetaires puis, une fois en désordre, chargés par les cavaliers suédois, les impériaux sont repoussés. Pourtant, Pappenheim ne se laisse pas abattre : laissant quelques régiments pour couvrir sa manœuvre, il entreprend de contourner l’aile droite suédoise. Gustave-Adolphe lui répond en incurvant sa ligne. Et cette seconde tentative est repoussée tout aussi vertement que la première. Vers 16 heures, les régiments de Pappenheim, épuisés par sept attaques consécutives, ne pourront résister à la contre-offensive de la droite suédoise.

Dans le même temps, Tilly avait donné l’ordre à Fürstenberg d’attaquer l’aile gauche ennemie. Celui-ci enfonce quelques escadrons saxons. La cavalerie de Bindauf rompue, l’infanterie saxonne lâche pied à son tour. Seuls, les régiments de cavalerie Arnim et Taub feront bonne figure, servant jusqu’à la fin, en soutien de l’aile gauche suédoise.

Les Saxons en déroute, Tilly a maintenant l’opportunité de prendre l’aile gauche suédoise de flanc. Malheureusement pour lui, Fürstenberg ne parvient pas à maitriser ses cavaliers qui poursuivent les fuyards et pillent les chariots. Il lui reste cependant la réserve d’Erwitte, soit cinq régiments de cavalerie, et toute son infanterie. Il fait avancer sa bataille, « en laquelle étaient ses vieux régiments accoutumés de vaincre », soutenue par les cavaliers d’Erwitte. Ayant donné l’ordre à la moitié de ses tercios de fixer le centre suédois, Tilly tente alors de déborder la gauche avec l’autre moitié de son infanterie.

Face à lui, Horn va parfaitement gérer la situation : il fait pivoter sa cavalerie à angle droit pour faire face à la menace et demande le soutien de la seconde ligne d’Hepburn. Les régiments Neu Pappenheim et Goess font maintenant face à la brigade verte écossaise d’Hepburn et à la brigade blanche allemande de Vitzthum. Après avoir fait tirer à mitraille leurs canons régimentaires, les écossais retiennent leur feu avant de délivrer une salve terrible sur la profonde formation catholique. Les vétérans de Tilly stoppent leur progression, hésitants. C’est alors qu’une seconde salve suivie d’une charge des écossais à raison des nerfs de Neu Pappenheim. C’est la déroute. Sur la droite des écossais, les brigades blanche et bleue vont obtenir un résultat comparable. Enfin, les cavaliers de Horn, bien commandés et soutenus par des unités de mousquetaires, ne feront qu’une bouchée des régiments d’Erwitte.

Tilly n’a plus ni aile droite, ni aile gauche. Et il ne lui reste qu’un seul régiment de cavalerie, Cronberg. Pire, vers 17 heures, le généralissime lui-même est blessé d’un tir de mousquet au bras et d’un coup de sabre à la tête. Heureusement pour lui, les cavaliers de Cronberg vont intervenir, parvenant à extraire leur général en chef du champ de bataille.

Il est 18 heures. Les régiments Balderon-Dietrichstein, Goess, Blankhart et Chiesa sont encore les seules unités impériales en état de combattre. Ils gagnent la bordure du bois de Linkelwald pour tenter une dernière résistance. Mais la mitraille et les salves de mousqueterie parviennent à en venir à bout.

A 19 heures, la bataille est terminée. Tilly, s’enfuit vers Halle avec ses rescapés, couvert par 1 400 cavaliers que Pappenheim est parvenu à rassembler. Les pertes sont énormes du côté catholique (7 600 tués et 9 000 prisonniers), comparées à celles des protestants (2 100 « suédois » et 3 000 saxons).

 

Ordre de bataille impérial : Tilly

(21 400 fantassins en 14 bataillons, 9 900 cavaliers en 22 escadrons et 26 canons)

Aile droite : Fürstenberg (1200 fantassins en 1 bataillon et 4100 cavaliers en 10 escadrons)

Régiment d’infanterie Wrangler (10 compagnies, 1200 hommes, 1 bataillon)

Régiment de cavalerie Cronberg (8 compagnies, 850 hommes, ligue catholique)

Régiment de cavalerie Schonberg (9 compagnies, 900 hommes, ligue catholique)

Régiment de cavalerie Baumgarten (5 compagnies, 500 hommes, ligue catholique)

Régiment de cuirassiers Alt-Saxe (10 compagnies, 300 hommes)

Régiment d’arquebusiers montés Wengersky (600 hommes)

Croates d’Isolano (950 hommes)

Soit un escadron classique avec mousquet vétéran, 7 unités de cuirassiers, dont 5 vétérans (régiments Cronberg, Schonberg et Baumbarten en 5 escadrons), et 5 unités de cavalerie légère (light horse), pistolet, vétéran.

Fürstenberg est général en chef et Isolano commande les croates.

Centre : Schonberg (18 700 fantassins en 12 bataillons et 26 canons)

Régiment d’infanterie Chiesa (12 compagnies, 1000 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Gallas (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiments d’infanterie Furstenberg et New-Saxon (10 compagnies, 1100 hommes, 1 bataillon)

Régiments d’infanterie Baldiron et Dietrichstein (11 compagnies, 1100 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Alt-Tilly (10 compagnies, 2200 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiment d’infanterie Geleen (10 compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, Bavarois)

Régiment d’infanterie Savelli (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Goess (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Blankhart (10 compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiments Comargo et Reinach (? compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiment d’infanterie Papenheim (10 compagnies, 2400 hommes, 1 bataillon, Bavarois)

Régiment d’infanterie Wahl (10 compagnies, 2200 hommes, 1 bataillon)

Artillerie : 14 canons moyens et 12 canons légers

Aile gauche : Pappenheim (1500 fantassins en 1 bataillon et 3800 cavaliers en 7 escadrons)

Régiment de cuirassiers Strozzi (5-10 compagnies, 500 hommes, Wallon)

Régiment de cuirassiers Neu-Saxon (6-10 compagnies, 600 hommes)

Régiment de cuirassiers Bernstein (8 compagnies, 400 hommes)

Régiment de cuirassiers Rangoni (5-10 compagnies, 500 hommes)

Régiment de cuirassiers Neu-Piccolomini (10 compagnies, 800 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Merode (5-10 compagnies, 500 hommes, Wallons)

Régiment d’arquebusiers à cheval Alt-Piccolomini (10 compagnies, 800 hommes)

Régiment d’infanterie Holstein (10 compagnies, 1500 hommes, 1 bataillon)

Réserve : Erwitte (2000 cavaliers en 5 escadrons)

Régiment de cavalerie Erwitte (9 compagnies, 600 hommes, la 9e compagnie est formée des gardes du corps de Tilly)

Régiment de cuirassiers Montecuccoli (9-10 compagnies, 300 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Coronini (5 compagnies, 400 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Caffarelli (5-10 compagnies, 300 hommes, Wallons)

Régiment d’arquebusiers à cheval Colloredo (6-10 compagnies, 400 hommes)

 

Ordre de bataille suédois et saxon : Gustave Adolphe

Suédois (14 742 fantassins en 7 brigades, 8 064 cavaliers en 28 escadrons et 54 canons)

Aile droite, 1er échelon : Gustave Adolphe et Baner (2 450 cavaliers en 8 escadrons et 860 mousquetaires en 3 x 4 détachements)

Régiment de cavalerie Stalhansk (4 compagnies, 350 hommes, Finnois)

Régiment de cavalerie Wunsch (4 compagnies, 350 hommes, Finnois)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Tott (12 compagnies, 800 hommes, 3 escadrons)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Soop (8 compagnies, 400 hommes, suédois du Gotland occidental)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Brahe (8 compagnies, 400 hommes, suédois du Smaland)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Sperreuter (8 compagnies, 150 hommes, suédois du Gotland oriental)

Réserve du 1er échelon : Régiment de cavalerie Rhinegrave (12 compagnies, 700 hommes en 3 escadrons)

Aile droite, 2eme échelon : Baner (950 cavaliers en 4 escadrons)

Régiment de cuirassiers Aderkas (5 compagnies, 300 hommes, Livoniens)

Régiment de cavalerie (cuirassiers ?) Domhoff (4 compagnies, 200 hommes, Courlandais)

Régiment de cavalerie Damitz (4 compagnies, 150 hommes)

Régiment de cavalerie Sperreuter (5 compagnies, 300 hommes)

Centre, 1er échelon : Teuffel (6 654 fantassins en 4 brigades et 36 canons)

Brigade jaune avec 6 canons régimentaires, Teuffel (17 compagnies, 1 698 hommes)

Brigade suédoise avec 6 canons régimentaires, Oxenstierna (23 compagnies, 1 400 hommes)

Brigade rouge avec 6 canons régimentaires, Hand (28 compagnies, 1 730 hommes)

Brigade bleue avec 6 canons régimentaires, Winckel (24 compagnies, 1 828 hommes)

Artillerie : 3 batteries de 4 canons (Torstensson)

Centre, 1er échelon réserve (1 010 fantassins en 4 détachements et 500 cavaliers en 2 escadrons)

Détachement Ramsay (6 compagnies, 350 hommes, mousquetaires écossais)

Régiment de cavalerie Ortenbourg (5 compagnies, 250 hommes, en 1 escadron)

Détachement Monro (6 compagnies, 400 hommes, mousquetaires allemands)

Régiment de cavalerie Ortenbourg (5 compagnies, 250 hommes, en 1 escadron)

Détachement Hamilton (6 compagnies, 260 hommes, mousquetaires écossais)

Centre, 2eme échelon : Hepburn (5 276 fantassins en 3 brigades et 18 canons)

Brigade noire avec 6 canons régimentaires, Thurn (17 compagnies, 1 884 hommes)

Brigade verte avec 6 à 8 canons régimentaires, Hepburn (23 compagnies, 2 194 hommes, écossais)

Brigade blanche avec 6 canons régimentaires, Vitzthum (28 compagnies, 1 198 hommes)

Centre, 2eme échelon réserve (700 cavaliers en 2 escadrons)

Régiment de cavalerie Kochtitzky (5 compagnies, 300 hommes)

Régiment de cavalerie Schaffmann (4 compagnies, 400 hommes)

Aile gauche, 1er échelon : Horn (1 250 cavaliers en 5 escadrons et 940 mousquetaires en 3 détachements)

Régiment de cavalerie Caldenbach (5 compagnies, 350 hommes, inclus la compagnie de Gardes de Horn)

Détachement de mousquetaires Waldstein (360 hommes)

Régiment de cavalerie Caldenbach (4 compagnies, 350 hommes)

Détachement de mousquetaires Oxenstierna (280 hommes, Suédois)

Régiment de cavalerie Baudissin (12 compagnies, 600 hommes en 3 escadrons de 200 cavaliers)

Détachement de mousquetaires Hand (300 hommes en 2 détachements de 150 mousquetaires, Suédois)

Aile gauche, 2eme échelon : Effern-Hall (1 050 cavaliers en 3 escadrons)

Régiment de cavalerie Effern-Hall (12 compagnies, 800 hommes en 2 escadrons de 400 cavaliers)

Régiment de cavalerie Domhoff (4 compagnies, 200 hommes, Courlandais)

Réserve du 2eme échelon : régiment de dragons Taupadel (4 compagnies, 464 hommes)

 

Aile gauche alliée (Saxons) : Jean-George de Saxe

Arnim (aile droite – 2350 cavaliers en 6 escadrons) :

Régiment de cavalerie Taube, Gardes du corps de l’Electeur (6 compagnies, 600 hommes, 2 escadrons)

Régiment de Gardes Arnim (2 compagnies, 200 hommes, 1 escadron)

Régiments de cavalerie de milice Loser et Pflugh (12 escadrons, 1550 hommes, 3 escadrons)

Saxe-Altenbourg (centre – 12 100 fantassins en 10 bataillons d’infanterie et 12 canons) :

Régiment d’infanterie Schwalbach (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Starschedel (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Loser (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Arnim (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Klitzing (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Schonberg (3 compagnies, 600 hommes, Brandebourgeois)

Mousquetaires garde (1 compagnie, 243 hommes, avec l’artillerie)

Compagnies franches de Schlieben (3 compagnies, 351 hommes, avec l’artillerie)

Artillerie (6 pièces de 6 livres et 6 pièces de 12 livres)

Bindauf (aile gauche – 2 875 cavaliers en 6 escadrons)

Régiment de cavalerie Saxe-Altenbourg (8 compagnies, 1200 hommes, 3 escadrons)

Régiment de cavalerie Bindauf (8 compagnies, 1200 hommes, 2 escadrons)

Régiment de cavalerie Steinau (3 compagnies, 475 hommes, 1 escadron)

 

Effectif total : 40 131 hommes dont 26 842 fantassins, 13 289 cavaliers et 66 canons.

 

Simuler la bataille avec LM Tercios :

Breitenfeld est une grande bataille avec des effectifs importants : n’hésitez donc pas à diviser le nombre de bataillons et d’escadrons par 2 ou 3 en fonction de vos figurines.

Armée suédoise : Les brigades d’infanterie sont escadrons modernes renforcés (modern squadron reinforced, tir de 5) sauf la brigade jaune et la brigade blanche qui sont escadrons modernes sans option reinforced (tir 4) afin de simuler les différences d’effectifs. Chaque brigade d’infanterie possède la règle regimental gun. Les détachements de mousquetaires sont Shot company option mousquetaires et commanded shot. Pour l’artillerie moyenne et lourde, référez vous à l’ordre de bataille.

Les escadrons de cavalerie sont cuirassiers pour les régiments allemands, cuirassiers option cavalerie moderne* pour la cavalerie suédoise, et cuirassiers option cavalerie moderne* et fearless pour les 2 escadrons de finnois. Les 2 escadrons de cuirassiers livoniens et courlandais sont cuirassiers option lourd (heavy), les dragons sont bien-sûr dragons.

(*) Ou cavalerie moderne option déterminés (determined) si vous avez l’extension Kingdom.

Armée saxonne : Les 10 bataillons d’infanterie sont escadrons classiques avec mousquet (classic squadron musket only) option hésitant ; les régiments de cavalerie saxons sont cuirassiers modern cavalry, à l’exception des Gardes de l’Electeur (régiment Taube) qui est cuirassiers, heavy. L’artillerie est représentée par 1 unité d’artillerie moyenne.

Armée impériale : Les bataillons d’infanterie de la ligue catholique et bavarois (i.e. les bataillons comptant 2000+ hommes) sont Tercio option modernisé (i.e; avec mousquet). Les autres bataillons sont des escadrons classiques modernisés avec mousquet. Pour la cavalerie, les escadrons de cuirassiers sont cuirassiers lourds (heavy), les escadrons de cavalerie sont cuirassiers (sans option), les arquebusiers à cheval sont arquebusiers montés, les croates sont light horse pistol. Pour l’artillerie, référez vous à l’ordre de bataille.

Si vous souhaitez une cohérence entre les effectifs réels des bataillons et la simulation, adaptés le niveau de stamina. Par exemple, 1 point de stamina pour 100 chevaux pour la cavalerie et 1 point de stamina pour 300 hommes pour l’infanterie (ce qui ferait des brigades suédoises à 6 points de stamina et des tercios catholiques à 7 ou 8 points !). Ou alors 1 point de stamina pour 150-200 chevaux et 600 fantassins (brigades suédoises à 3 points et tercios catholiques à 4 points de stamina, bataillons impériaux et saxons à seulement 2 points de stamina, une compagnie de mousquetaires commandés sur chaque aile suédoise à 2 points de stamina chacune).

Le plan ci-dessous vous indique les éléments de terrain et la disposition des unités. Le corps saxon est placé sur une colline, ainsi que les bataillons placés à droite de la ligne catholique.

Stéphane Thion

Ordre de bataille inspiré de “Battles of the Thirty Years War : From White Mountain to Nordlingen 1618-1635” de William P. Guthrie.




La bataille de Wittstock (4 octobre 1636)

Wittstock (1636) : Les Suédois reprennent l’initiative

Les exploits des armées suédoises, durant la guerre de Trente Ans, ne se sont pas arrêtés à la mort de Gustave-Adolphe. Breitenfel (1631) et Lützen (1632) ne seront que les prémices d’une longue série. D’autres généraux brillants sauront reprendre le flambeau du défunt grand roi-général : Baner, Torstensson, Bernard de Saxe-Weimar puis Wrangler feront trembler les armées impériales et saxonnes seize années de plus.

Les premières années de la guerre de Trente Ans

La guerre de Trente Ans est à l’origine un conflit religieux opposant les partis catholiques et réformistes de l’empire des Habsbourg. Il trouve ses origines en Bohême, la république Tchèque d’aujourd’hui, dans les opérations de « contre-réforme » menées par les catholiques, à l’instigation de l’empereur Ferdinand II de Habsbourg, qui tentaient de reconquérir le terrain perdu face à l’église réformée. En 1609, Rodolphe II accorde la liberté religieuse à ses sujets de Bohême. Les protestants tchèques bénéficient en plus d’avantages politiques et de dispositions particulières pour que les édifices consacrés au culte soient utilisables par les différentes confessions. La Lettre de majesté de 1609, accordée à contrecœur par Rodolphe II, fut une épine dans le pied des catholiques mais aussi des Habsbourg, au premier rang desquels le tout nouvel empereur et roi de Bohême, Ferdinand II. Les catholiques mobilisent alors toutes leurs énergies pour reprendre le contrôle des paroisses protestantes. Chaque fois qu’il est possible, dans les conflits qui opposent les deux confessions, le pouvoir royal, en Bohême, ou impérial, sur les terres de l’empereur, intervient en faveur des catholiques. C’est le règlement brutal d’un tel différent en faveur des catholiques qui donnera lieu à la « défenestration de Prague », le 23 mai 1618. Dès lors, Ferdinand II n’aura de cesse de rétablir le pouvoir impérial ainsi que la prééminence de la religion catholique au sein de l’empire.

Les états de Bohême se révoltent alors et donnent la couronne de Bohême à l’Electeur Palatin Frédéric V. Mais les forces protestantes sont mal préparées : l’armée de la ligue catholique, commandée par Tilly, écrase celle de la confédération de Mathias de Thurn, Mansfeld et Christian d’Anhalt, le 7 novembre 1620 à la bataille de la Montagne Blanche, non loin de Prague. Christian de Brunswick subit plus tard une défaite totale face à Tilly le 6 août 1623 à Stadtlohn et les différents succès impériaux entre 1620 et 1624 commencent à inquiéter fortement les puissances européennes : Provinces Unies, Etats protestants d’Allemagne du Nord, Angleterre, Danemark, Suède mais aussi France. A cette époque, les Provinces Unies sont en guerre contre l’Espagne et ne peuvent intervenir, la Suède est en conflit avec la Pologne et la France fait face à des rebellions protestantes. Au mois de juin 1625, c’est donc Christian IV de Danemark qui se porte au secours de la cause protestante. Mais le 26 avril 1626, Wallenstein, entré au service de l’empereur, bât Mansfeld à la bataille du Pont de Dessau puis Tilly écrase l’armée de Christian IV le 26 août à Lutter-am-Barenberg. Les années 1627 et 1628 seront alors des années de conquête des territoires de Christian IV et de ses alliés en Allemagne du Nord, puis de réorganisation religieuse dans les territoires conquis. Le traité de paix du 7 juin 1629 met fin à l’intervention danoise. Ferdinand II a maintenant les mains libres pour publier son édit de restitution de 1629, qui remet en cause les sécularisations abusives réalisées depuis 1555. Si le temps des conflits armés parait révolu, celui des complots est à son zénith. Wallenstein suscite de nombreuses inimitiés au sein de l’empire, notamment celles du duc Maximilien de Bavière et de Tilly. Encouragé par son entourage et par les agents de Richelieu, l’empereur Ferdinand II renvoie Wallenstein le 34 août 1630. Redoutant la victoire de Ferdinand II, la diplomatie française contribue ainsi à ce que l’empereur se « coupe un bras », à la veille de l’intervention suédoise.

La Suède entre en lice

Car au même moment, les succès de Ferdinand II, la diplomatie et les subsides françaises motivent Gustave Adolphe, roi de Suède, à intervenir en Allemagne du nord. Tilly, craignant l’arrivée de l’armée suédoise, ordonne l’assaut de Magdebourg et la population de la ville est massacrée le 20 mai 1631. Mais la victoire de Gustave Adolphe sur Tilly à Breitenfeld, le 17 septembre 1631, pousse l’empereur à rappeler Wallenstein. Celui-ci laisse la Bavière du duc Maximilien se faire ravager par les troupes suédoises pendant que Tilly meurt d’une blessure fin avril 1632. Gustave Adolphe échoue face à Wallenstein, sous les murs d’Alte feste, une forteresse proche de Nuremberg, en juillet 1632. Le roi de Suède se reprend vite et bat Wallenstein à la bataille de Lützen, le 16 novembre 1632. Cette victoire sera pourtant dramatique puisque le « lion du nord » y trouve la mort.

Poussés par la France de Louis XIII et le chancelier suédois Oxenstierna, les généraux suédois Baner, Horn, Torstensson et l’allemand Bernard de Saxe Weimar continuent la guerre, malgré la lassitude des populations. Wallenstein bat les suédois à Steinau en septembre 1633 mais Bernard de Saxe-Weimar entre à Donauwörth puis à Ratisbonne le 14 novembre 1633. La prise de Ratisbonne, ville de la Diète d’Empire, aura une conséquence importante puisqu’elle pousse le duc Maximilien de Bavière à comploter une fois de plus contre Wallenstein : le généralissime est finalement assassiné dans la nuit du 25 au 26 février 1634. Ce forfait ne profitera pourtant pas aux suédois puisque, le 6 septembre, le maréchal Horn subit une lourde défaite à Nördlingen. Les suédois abandonnent alors la Bavière et Bernard de Saxe-Weimar retourne en Alsace. Finalement, un traité de paix est signé, le 30 mai 1635, entre l’Electeur de Saxe et l’Empereur, traité qui sera étendu à tous les princes allemands qui le souhaitent.

La bataille de Nördlingen, le 6 septembre 1634, aura été le tombeau de l’infanterie suédoise. Prudemment, le duc Bernard de Saxe Weimar choisit donc de suivre sa propre voie, et entre au service de la France. Mais, à la tête de l’armée suédoise, deux élèves de Gustave Adolphe sont prêts à reprendre le flambeau,: Johan Baner et Lennart Tortensson. C’est à Baner qu’échoit la respon­sabilité de rebâtir l’armée suédoise : énorme, buveur invétéré, paranoïaque, cynique et brutal il n’en reste pas moins un géné­ral excellent et bon meneur d’hommes.

La bataille de Wittstock, 4 octobre 1636

Nous sommes en 1635. Conséquence de la victoire de Nördlingen, l’armée saxonne de l’électeur Jo­hann Georg, jusqu’alors indécise, rejoint l’armée impériale du lieutenant général Melchior von Hatzfeld. Le 11 avril 1636, les deux armées font leur jonction, obtenant ainsi un surnombre de deux contre un par rapport aux Suédois.

Hatzfeld en profite pour prendre l’offensive vers le Nord, reprenant plusieurs vil­les aux Suédois, alors qu’un autre général impérial, Marrazino, prend l’offensive en Poméranie suédoise. Magdebourg, assiégée par Hatzfeld, se rend aux alliés le 13 juillet 1636. De son côté, Baner campe en Westphalie, dans l’attente de renforts.

Le 12 août 1636, rejoint par Leslie, Baner prend l’initiative. Les deux adversaires engagent alors une série de marches et de contremarches, Hatzfeld parvenant à empêcher les Suédois d’entrer en Saxe. Ne se laissant pas décourager, le général suédois marche sur Perleburg (septembre 1636) mais Hatzfeld ne le suit pas. Le Suédois décide alors de porter le coup sur Werben, qui avait été repris par les Impériaux. Cette initiative va réussir à Baner qui parvient à prendre Havelberg, la plus grande partie des provisions des alliés et le pont de Sandau. Alors que Werben résiste au siège suédois, Hatzfeld et Johann Georg décident de réunir leurs forces à Klitzing, marchant sur Ruppin en passant par Wittstock. Les alliés lèvent le camp le 29 septembre à l’aube.

Devant Werben, Baner est le jour même informé de ce départ. Il décide d’intercepter l’armée alliée avant qu’elle ne réalise sa jonction avec Klitzing. Il quitte Werben le 30 septembre au matin, traverse la rivière Dosse à Wusterhausen le 2 octobre et atteint Fretzdorf le 3 octobre. Hatzfeld, informé de la manœuvre de Baner, prend une formidable position sur les hauteurs s’éten­dant de Wittstock à la rivière Dosse. Baner va accepter le com­bat mais, fort de la douloureuse expérience de Nördlingen, il ne choisit pas d’attaquer les retranchements catholiques de front : il va tenter un double enveloppement.

Les différentes estimations de l’effectif de l’armée impériale et saxonne de Hatzfeld différent de 13 à 23 000 hommes, 18 à 19 000 hommes paraissant un bon compromis. Les différentes estimations donnent un chiffre comparable pour l’armée suédoise, 16 à 21 000 hommes, 18 000 hommes paraissant le plus vrai­semblable.

Alors que Torstensson (aile droite) et Leslie (centre) prennent pour objectif la colline de Scharfenberg, afin de déborder la gauche impériale, Stalhansk et King (aile gauche) vont tenter de déborder l’aile droite alliée. La réserve suédoise, commandée par Vitzthum, doit suivre, en soutien de Baner, Leslie et Karr. Stalhansk et King, ayant progressé lentement, n’arriveront qu’en fin de journée. Vitzthum, qui éprouve une haine terrible pour Baner, va pour sa part volontairement ralentir son avance.

Hatzfeld, ne comprend que tardivement la situation. Il mène alors personnellement trois de ses régiments de cuirassiers (Wildberg, Hatzfeld, Polniskow) pour parer à la menace. Le quatrième régiment (Schonickel), dont le moral a été très entamé lors d’un précédant combat, refusera de suivre le mouvement.

Apercevant les dispositions d’Hatzfeld, Torstensson emmène ses quatre escadrons d’élite occuper la position clef que forme la colline de Scharfenberg. Ses 950 cavaliers, fatigués par leur progression, vont pourtant se faire battre par les 1300 cuirassiers d’Hatzfeld. Baner apparaît alors à la tête de ses 1350 chevaux pour relever Torstensson mais les 8 escadrons d’Ulhefeld viennent dans le même temps renforcer Hatzfeld. Les Suédois sont peu à peu délogés du Scharfenberg. Bientôt, ce sont quatre brigades d’infanterie impériales qui débouchent en soutien de leurs cuirassiers. Après avoir délogé du bois les cinq cents mousquetaires commandés de Torstensson, les impériaux tentent de tourner la cavalerie suédoise. C’est à ce moment critique qu’apparaît Leslie : sa cavalerie charge aussitôt l’infanterie ennemie, mettant un terme à la tentative de débordement, alors que son infanterie se déploie. C’est alors que des cuirassiers impériaux – probablement les régiments Rittberg, Falkenstein et Puccheim, tombent sur le flanc de l’infanterie suédoise, taillant en pièce deux brigades. Mais la résistance héroïque de l’infanterie de Leslie permettra à Baner de tenir jusqu’au signal qui annonce l’entrée en scène de la seconde pince de la tenaille. L’arrivée de la cavalerie de Stalhansk face à Marrazino transforme ainsi cette dure journée en victoire suédoise. Vitzthum, qui faisait la sourde oreille aux appels de Baner, se résigne enfin à relever Leslie. Mais il payera cher cette désobéissance. La nuit tombe, donnant l’occasion à Hatzfzeld d’entamer une retraite ordonnée.

 

 

Les armées impériale et saxonne à Wittstock (1636)

Général en chef : lieutenant-général comte Melchior von Hatz­feld

Avant-Garde, dans le bois au dessous de Scharfenberg : 4 régiments de dragons à 250 hommes (régiments Bissinger, Gall a Burke, Leslie et Marrazino), soit 2 unités de dragons démontés.

Aile droite : Marrazino

Premier échelon (Marrazino) : 6 régiments de cavalerie (cuirassiers impériaux Marradas, régiments saxons Vitzthum, Schierstadt, Kalkstein, Trauditsch et Strein) en 9 escadrons : 3 escadrons de cuirassiers impé­riaux et 6 escadrons de demi-cuirassiers saxons.

Second échelon (Kalkstein) : 5 régiments de cavalerie (cuirassiers impériaux Wintz, régiments saxons Alt-Taube, Bose, Wolframsdorf et Rocahu) en 6 escadrons : 1 escadron de cuirassiers impé­riaux et 5 escadrons de demi-cuirassiers saxons.

Centre : duc Johann Georg Wettin, électeur de Saxe

Premier échelon (duc Johann Georg) : 7 « brigades » (ba­taillons) d’infanterie : 5 brigades impériales (Goltz, Manteuffel, Enan, Wallenstein et Colloredo) 1 brigade bavaroise de la Ligue (Thun) et 1 brigade saxonne (Bunau).

Artillerie : 17 pièces légères de bataillon (2 à 4 livres), 8 piè­ces moyennes (6 et 8 livres) et 5 pièces lourde (24 livres).

Second échelon (Wildberg) : 5 régiments de cavalerie (cuirassiers impériaux Ruck, régiments saxons Kalkreuter, Baudissin, Gersdorff et Hanau) en 7 escadrons : 1 escadron de cuirassiers impé­riaux et 6 escadrons de demi-cuirassiers saxons.

Troisième échelon : 6 « brigades » (bataillons) d’infanterie : 3 brigades impériales (Bourre, Hatzfeld, Strassoldo) et 3 brigades saxonnes (Schleinitz, Pforte et Bose).

Quatrième échelon : 5 régiments de cavalerie (régiments de cuirassiers impériaux Rittberg, Falkenstein et Pucheim, régiments brandebourgeois Alt-Burgsdorf et Duke Franz) en 5 esca­drons : 3 escadrons de cuirassiers impériaux, 2 escadrons de demi-cuirassiers brandebourgeois.

Aile gauche : Hatzfeld

Premier échelon (Hatzfeld) : 5 régiments de cavalerie im­périaux (régiments de cuirassiers Wildberg, Hatzfeld, Polniskow et Schonickel, régiment d’arquebusiers Del Maestro) en 8 escadrons : 6 escadrons de cui­rassiers et 2 escadrons d’arquebusiers.

Second échelon (Ulhefeld) : 6 régiments de cavalerie (régiments de cuirassiers Ulhefeld, Mansfeld, Montecuccoli, Harrach, Bissinger et Darmstadt) en 8 escadrons : 7 escadrons de cuirassiers impé­riaux et 1 escadron de cuirassiers du Hesse-Darmstadt.

Note : L’armée Impériale et Saxonne aligne 13 brigades d’infan­terie (autour de 9 000 hommes), 43 escadrons de cavalerie (9 à 9 500 cavaliers), 4 régiments de dragons (1000 hommes) et 30 canons.

Pour LM Tercios, les brigades/bataillons sont des escadrons classiques modernisés (Classic Squadron, option modernised). Les escadrons de cuirassiers impériaux sont cuirassiers et les escadrons saxons sont cuirassiers option modern cavalry. Les arquebusiers à cheval sont mounted arquebusiers et les dragons sont dragons. Pour l’artillerie, voir la ventilation entre light, medium & heavy dans la liste ci-dessus. L’artillerie légère sera transformée en regimental gun.

Au vu des effectifs, n’hésitez pas à diviser par 2 ou 3 le nombre de bataillons et d’escadrons !

 

L’armée suédoise à Wittstock (1636)

Général en chef : feld marshal Johan Baner

Aile droite – Torstensson

Premier échelon (Torstensson) : 2 régiments de demi-cui­rassiers suédois (Gadau et Klingsor) en 2 escadrons, 1 régiment finnois (Bjelke) en 2 escadrons, 1 unité de mousque­taires commandés, avec 2 pièces légère de ba­taillon (3 livres).

Second échelon (Baner) : 3 régiments de demi-cuirassiers livoniens et allemands (Courlande, Livonie et Wachtmeister) en 7 escadrons : 2 es­cadrons de demi-cuirassiers de Courlande, 2 escadrons de demi-cuirassiers livoniens et 3 escadrons de demi-cuirassiers allemands.

Troisième échelon : 3 régiments de demi-cuirassiers alle­mands (Franz Heinrich, Krakau et Schlang) en 6 escadrons.

Centre : Leslie & Karr

5 « brigades » (bataillons) d’infanterie : 1 bri­gade suédoise, 2 brigades écossaises (Leslie et Karr), 1 brigade de vétérans allemands (brigade bleue) et brigade alle­mande de Sabelitz, 20 pièces légères de bataillon (3 livres) et 20 pièces lourde (12-24 livres).

3 régiments de demi-cuirassiers allemands (Baner, Torstensson et Wurzburg) et 1 régiment de demi-cuirassiers suédois (Smaland) à un escadron suédois, pour un total de 5 escadrons.

Aile gauche : Stalhansk

Premier échelon (Stalhansk) : un régiment de cavaliers fin­nois à 2 escadrons (Wittenberg) et 4 régiments de demi-cuirassiers allemands (Stalhansk, Dewitz, Bruneck et Boy) en 9 es­cadrons.

Second échelon (King) : 6 régiments de demi-cuirassiers allemands (Glaubitz, Beckermann, Hoditz, King, Wopersnow et Stuart) en 9 escadrons.

Réserve : Vitzthum

4 « brigades » d’infanterie : 1 brigade suédoise (Thomasson) et 3 brigades allemandes (Wrangel, Rutven et Bauer), 10 pièces légères de bataillon (de 3 livres).

7 régiments de demi-cuirassiers allemands (Douglas, Goldstein, Jens, Duval, Pfuhl, Berghofer et Jarotzky) en 12 escadrons.

Note : L’armée suédoise aligne 9 brigades d’infanterie (7 500 hommes), 52 escadrons de cavalerie (10 500 cavaliers) et 60 ca­nons.

Pour LM Tercios, les brigades d’infanterie sont des bataillons réformés modernisés (Reformed batalions option modernised). La brigade suédoise et la brigade bleue allemande sont veterans. Les suédois n’utilisent en effet plus la « brigade suédoise » depuis la mort de Gustave Adolphe. Vous pouvez néanmoins utiliser des escadrons modernes pour les suédois mais en enlevant l’unité de mousquetaire. Les escadrons de demi-cuirassiers sont cuirassiers option modern cavalry (ou directement modern cavalry demi-cuirassiers si vous avez le supplément Kingdoms). Les escadrons de cavalerie finnois ont en plus l’option Fearless. Voir le calibre des pièces d’artillerie dans la liste ci-dessus. L’artillerie légère de bataillon sera transformée en regimental gun.

Au vu des effectifs, n’hésitez pas à diviser par 2 ou 3 le nombre de bataillons et d’escadrons !

Je n’ai pas vérifié l’équilibre en termes de budget. N’hésitez pas à donner quelques options supplémentaires à l’armée qui possède le budget le plus faible afin d’équilibrer les chances.